Les conférences et ateliers thématiques du congrès Velocity ont pour but de diffuser les connaissances sur le monde du vélo, la mobilité urbaine et les politiques publiques en faveur du vélo : « il s’agit de promouvoir le vélo en tant que mode de transport efficace et bon pour la santé et de développer l’intermodalité à l’aide de tous les acteurs et partenaires ». Organisé pour la première fois en Amérique Latine, ce congrès a réuni plus 1000 participants qui travaillent au développement du vélo sur leur territoire. Cette dixième édition avait pour thème central Access to life (Accès à la vie), afin de souligner l’importance du vélo comme outil en faveur de l’inclusion et l’insertion sociale.
L’événement s’est déroulé dans un bâtiment requalifié du Pier Maua, dans le quartier portuaire à proximité du centre. Quelques centaines de vélos de Tem Bici, opérateur de vélos en libre-service, ont été mis à disposition des congressistes. Un staff important a accueilli les participants, qui ont pu parcourir les stands des exposants, avant de rejoindre l’espace de conférences et de récupérer leurs casques pour les traductions simultanées. Plus de 200 intervenants : techniciens, chercheurs et universitaires, élus, représentants de la société civile, principalement latino-américains et européens, ont pu présenter leurs projets, soit dans le cadre des séances plénières (sur les mégalopoles, la technologie, le tourisme, l’intermodalité, l’inclusion et l’insertion sociale, la gouvernance), soit lors des 73 sessions thématiques (sur la qualité de vie, l’égalité des genres et la pratique du vélo, la participation sociale, la sécurité routière, l’utilisation des données, le plaidoyer, les infrastructures cyclables, les vélos en libre service, les vélo à assistance électrique, le vélo comme outil de travail…). Consulter la liste des intervenants ici.
Intervention d’Olivier Schneider sur la campagne Parlons-Vélo
Olivier Schneider, président de la FUB, est intervenu lors de la session « l’importance du plaidoyer » (sur l’évolution de la société et de la culture vélo et sur l’importance de la collaboration avec de multiples acteurs), aux côtés de Luciana Nicola, Ryan Whitney, Peter Cox. Dès l’ouverture de la session, Loes Holtmaat, de l’ECF, a pris comme exemple la campagne réussie Parlons-Vélo de la FUB : https://www.parlons-velo.fr. Olivier a présenté les sept faits marquants de cette campagne : la participation au leadership programme de l’ECF, la création de « Parlons-Vélo » afin de réunir tous les acteurs ; le choix des mots pour la demande d’un Plan Vélo ; l’inspiration de la campagne londonienne (London Cycling Campaign) ; la préparation d’outils de plaidoyer prêts à l’emploi ; les relais stratégiques aux moments clés de la campagne ; l’obtention d’un soutien massif des français (113 000 réponses aux baromètre des villes cyclables) et enfin la campagne des cartes postales. Olivier a pu conclure en donnant cinq conseils stratégiques à celles et ceux qui souhaiteraient conduire une telle campagne dans leurs pays, avant d’échanger librement avec la salle et les autres intervenants.
Le nouveau président de l’ECF mobilisé
Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris chargé des transports et président de la Fédération européenne des cyclistes — ECF depuis son élection le 19 mai dernier à Milan, a été fortement sollicité lors de ce congrès (https://ecf.com/news-and-events/news/ecf-welcomes-new-president). La FUB se réjouit de l’élection d’un français, engagé en faveur du vélo, à la tête de la Fédération européenne des cyclistes. Christophe Najdovski est intervenu lors de la session sur la gouvernance, aux côtés d’autres représentants de gouvernements locaux et personnalités politiques, sur les enjeux liés à l’utilisation du vélo sur leurs territoires. Puis, il a remercié la ville de Rio de Janeiro, Riotour ainsi que l’équipe de l’ECF lors du discours de clôture.
Quelques faits marquants
- Intervention de La Frida : ce collectif créé à Salvador de Bahia au Brésil travaille au développement et au renforcement de la communauté des femmes noires cyclistes. Avec une approche transdisciplinaire, cette structure souhaite changer de paradigme (contre le patriarcat, le machisme et le racisme). Ces femmes organisent des actions pour l’insertion sociale, contre l’exclusion, entre autres par le biais de séances de vélo-école. Elles travaillent au changement des représentations et des comportements, pour construire une ville plus égalitaire. D’autres intervenant-es ont souligné l’importance de la participation des femmes dans l’élaboration des politiques publiques, notamment pour l’aménagement de nos espaces de vie communs (« gender inclusive planning »).
- Peu de vélo-école : contrairement au congrès Velocity de l’année 2017 en Hollande, peu de sessions ont abordé les questions de l’apprentissage du vélo et des vélo-écoles. L’apprentissage du vélo a été brièvement abordé lors de la session « Cycling from childhood » (A vélo dès l’enfance) avec la présentation du programme « Bicicleta na escola » (le vélo à l’école) par Ana Destri, auquel participent 20 écoles de la région de Florianopolis (Brésil), puis lors de la session « traffic education », principalement sous l’angle de l’éducation à la sécurité routière dans les écoles (présentation de différents programmes qui existent en Hollande par William Nederpelt, membre du Fietserbond).
- Action revendicative de militants pro-vélo lors de la Bike Parade : lors de la traditionnelle parade à vélo dans la ville de Rio, les congressistes eu ont l’occasion de pédaler ensemble et d’échanger leurs contacts. Lors de l’arrivée de la parade sur le terre-plein de Flamengo, une dizaine de cyclo-activistes brésilien-nes ont manifesté avec une banderole affichant notamment le message suivant : « Velocity, pour qui ? » (soulignant les tarifs élevés pour participer à la conférence). Certains militants et congressistes pro-vélo se sont rapprochés afin d’échanger sur leurs revendications.
La FUB, présente aux autres événements « vélo »
- En amont de Velocity, l’événement Bicicultura a rassemblé la plupart des associations brésiliennes qui travaillent au développement du vélo dans leurs villes : http://bicicultura.rio. Nous avons rencontré les participants de la Bicifeira (fête du vélo), puis nos homologues lors de l’Assemblée Générale de l’União de Ciclistas do Brasil — UCB (équivalent de la FUB au Brésil). Nous avons pu échanger sur nos missions et projets respectifs (organisation interne, stratégie, plaidoyer, formations, observatoire de la mobilité à vélo au Brésil…). Nous avons constaté qu’il existait de nombreux points de rapprochement entre nos deux organisations, malgré des contextes très différents et bien que l’UCB soit de 27 ans la cadette de la FUB.
- La FUB a participé au rassemblement national des Bike Anjos, qui travaillent au développement de l’apprentissage du vélo (réseau international, créé au Brésil). Cet événement a pris la forme d’une grande séance de vélo-école (Escola Bike Anjo), où les moniteurs et monitrices ont accueilli les apprenants de tout âge. Les cours étaient individuels ou en groupe selon l’âge et le niveau. Pour les adultes, il s’agissait majoritairement de femmes, qui venaient parfois de loin pour l’occasion (plus de 50 km). Pour les enfants, une séance de groupe a été organisée, avec prêt de vélos si besoin (en présence d’au moins un parent). Les échanges avec les membres de l’équipe nous ont permis d’avancer sur le lancement de Vélo-Coach, la version française du site Bike Anjo (plateforme de mise en relation de moniteurs vélo bénévoles et du public qui souhaite ré-apprendre à circuler à vélo). La plateforme est désormais disponible en version française : http://bikeanjo.org.
- Nous avons été conviés au lancement de la formation « comment inclure le vélo dans les plans de mobilité » (A bicicleta nos planos de mobilidade urbana), organisée par l’UCB et Bike Anjo, entre autres. Il s’agit d’une formation de deux jours, en priorité à destination des techniciens des collectivités, dans le but de les accompagner dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur plan de mobilité (et d’autres politiques publiques), en s’assurant qu’ils y intègrent le vélo.
- La FUB, en tant que membre de l’ECF, était également présente à la réunion de la World Cycling Alliance : https://ecf.com/networkproject-involved/world-cycling-alliance. Les membres de l’Alliance se sont retrouvés dans les locaux de Tem Bici (en charge du système de vélos en libre-service à Rio et partenaire du congrès Velocity). Cette réunion a été l’occasion pour les différents membres de faire connaissance, avant la prise de parole de Christophe Najdovski, président de l’ECF, la veille du lancement du congrès Velocity.
Comme chaque année, cette édition du congrès Velocity a été riche en échanges et en enseignements. Cet événement a permis à des personnes d’horizons variés, de tous les continents, de bénéficier de retours d’expériences et de s’en inspirer pour promouvoir l’usage du vélo comme solution de mobilité durable dans leurs pays. Que cela soit en Amérique latine ou en Europe, nous partageons souvent les mêmes défis, malgré les spécificités de chaque région. Il s’agit de mettre en avant la solution vélo et d’inciter à un changement culturel pour que les villes du XXIe siècle soient plus égalitaires et accessibles à tous et à tous.
En 2019, le congrès Velocity sera de retour en Europe, en la ville de Dublin : https://ecf.com/projects/velo-city/velo-city-2019-dublin.
Connaissant assez bien Rio, tout cela me donne l’impression que donnent beaucoup de ces manifestations internationales : en dehors des quartiers touristiques (ah la merveilleuse balade sur piste cyclable le long de Copacabana, d’Ipanema, le tour de la Lagoa…) et quelques quartiers chics, Rio c’est le tout voiture, et dans le meilleur des cas tout autobus (chers pour le carioca pauvre). Et si on faisait moins d’événements internationaux et qu’on mettait cet argent dans le développement des transports doux ne serait-ce que dans un quartier défavorisé (qui sont innombrables, et pas seulement les favelas des morros, évidemment pas cyclables ?
un cycliste marseillais né carioca