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Projection en France de « Why we cycle » (Pourquoi le vélo)
Si vous pensiez vraiment connaître tous les avantages du vélo, regardez le documentaire « Why we cycle ». Ce documentaire néerlandais montre les effets insoupçonnés du vélo sur tout un pays qui a choisi de devenir cyclable. « Why we cycle » vient de sortir en France sous le titre « Pourquoi le vélo », et il vous est désormais possible d’organiser vos projections pour lancer le débat sur les mobilités actives. Pour convaincre vos élu(e)s et employeurs, à part un voyage aux Pays-Bas, il n’y a pas mieux.
Une petite fête
« Les Pays-Bas ont 40 ans d’avance sur la France », a dit Christophe Najdovski, le maire-adjoint à la mobilité et à l’espace public de Paris, par ailleurs président de l’European Cyclists’Federation, lors la projection à l’hôtel de ville de Paris le 27 juin 2018. « Mais j’espère que nous ne mettrons pas 40 ans pour les rattraper ! ». En réponse, Nico Schiettekatte, le chef du pôle économique de l’Ambassade des Pays-Bas, a décrit le déplacement à vélo comme « une petite fête entre deux rendez-vous ». Ce qui attire dans le vélo, a-t-il dit en citant Hugues Serraf, c’est son pouvoir magique de transformer chaque déplacement en une mini-aventure dont vous êtes le héros, avec un début, une fin, de multiples méchants à combattre, un tas de rebondissements, de la vitesse et de l’adrénaline, bref, tout le contraire de ce que vous réserve un voyage en métro ou en bus.
Une richesse ignorée
Etrangement, ce plaisir est quasi-absent dans le débat sur la mobilité aux Pays-Bas. L’explication du réalisateur Gertjan Hulster : « nous sommes trop proches du tableau : nous faisons du vélo, point à la ligne ». En conséquence, les Néerlandais parlent plus des problèmes du vélo — comme les vélos garés absolument partout — mais oublient qu’ils ont un modèle de mobilité durable que le monde entier leur envie. Hulster a voulu mettre en lumière les avantages méconnus de cette réussite, pour qu’elle puisse être améliorée au lieu de se dégrader. Car la pression du lobby automobile reste forte, même aux Pays-Bas.
Communiquer par l’émotion
Comment résister au lobby automobile ? Les arguments habituels pour le vélo ne suffisent pas : bon pour la santé, plus rapide en ville, moins cher pour l’utilisateur et pour la ville, etc.. L’originalité de « Why we cycle » est qu’il montre les limites d’un discours technico-financier sur le vélo, qui ne convainc personne. Le premier à l’avoir compris est l’industrie automobile. Jamais une publicité automobile ne met en avant le nombre de chevaux sous le capot, ou le nombre de secondes qu’il lui faut pour accélérer à 130 km/h. Non, elle montre des amis et des enfants souriants dans une voiture sur une route totalement vide qui n’existe nulle part. Elle communique par l’émotion et l’instinct, a expliqué Hulster aux 200 spectateurs venus pour assister à la projection.
Comprendre le cycliste
La conclusion de Hulster : pour développer l’usage du vélo, il faut analyser l’émotion et l’instinct du cycliste. Exemple : avec la technologie GPS, une ville a étudié les itinéraires des cyclistes. Lorsque les résultats sont tombés, elle a cru à une erreur : les cyclistes ne prenaient pas les belles pistes cyclables larges spécialement aménagées pour eux ! L’explication : les cyclistes trouvaient ces pistes, qui longeaient un long tracé à forte fréquentation automobile, trop ennuyeuses. L’étude a montré que leurs choix étaient davantage guidés par l’instinct que par la froide logique des ingénieurs de la circulation. Il a fallu s’adapter.
Une société plus ouverte et solidaire
Cet angle de vue sociologique (le réalisateur est sociologue) permet aussi de comprendre d’autres avantages du vélo pour la société. L’urbaniste Marco te Broemmelstroet, co-auteur du documentaire, explique que sur un vélo, vous n’êtes pas enfermé comme dans une voiture, mais exposé au contact social. Ce contact est facilité par le fait qu’il y a moins de voitures stationnées dans la rue, qui fonctionnent comme des écrans anti-contact. Le résultat : un espace et une culture publique plus ouverts, très appréciés des Français qui se rendent aux Pays-Bas.
Le contact entre citoyens qui se déplacent au vélo va plus loin. Contrairement aux automobilistes, qui interagissent via feux tricolores interposés, les cyclistes « négocient » directement les uns avec les autres. Dans une scène impressionnante, on voit un carrefour où quatre flux de cyclistes se croisent sans feux et sans le moindre accident. C’est possible car les feux sont remplacés par une confiance mutuelle entre les cyclistes, qui savent donner le petit coup de pédale ou de frein quand il faut pour que tout se passe bien. Cette confiance crée une solidarité très agréable qui se ressent dans la société néerlandaise, dit une autre urbaniste dans le documentaire.
L’épanouissement de l’enfant
Cette confiance se construit tôt. Aux Pays-Bas, les enfants apprennent à se déplacer seul à vélo dès l’âge de 4 à 5 ans. Dans une séquence touchante, une maman raconte comment elle encourage sa fille à faire du vélo toute seule et qu’elle sera bientôt capable de traverser le pont. Elle donne de la confiance à son enfant grâce à un simple moyen de transport, alors qu’en France une grande partie des enfants sont transportés comme de petits légumes sur la banquette arrière de la voiture. Cette différence se ressent plus tard chez les adultes : un enfant qui apprend tôt à « prendre le guidon de sa vie » sera un adulte plus confiant et ouvert.
Projetez « Why we cycle » chez vous
Dans les pays où le documentaire a été projeté, les réactions ont été très positives : « on veut ça aussi, comment je peux montrer le documentaire dans ma ville ? ». Vous pouvez montrer le documentaire à vos élu(e)s, employeurs, associations et concitoyen(ne)s, en le commandant à un tarif avantageux sur le site de la FUB (voir encadré). Le documentaire dure 55 minutes, mais il existe aussi une version de 25 minutes, à utiliser par exemple pour ouvrir le débat dans votre entreprise lors de l’heure du déjeuner.
Le réalisateur a été tellement sollicité pour expliquer comment construire une telle culture vélo, qu’il s’est lancé dans une suite. Dans quelques temps, vous pourrez voir un nouveau documentaire qui racontera comment les Pays-Bas en sont arrivés là. L’histoire mouvementé d’un plan vélo national décidé en 1974, comme en France aujourd’hui.
Notes:
Le débat : goo.gl/skh8Zc
Le film : http://whywecycle.eu/
Commander le film
La FUB propose à ses associations membres la location du film « Why we cycle » à un tarif négocié avec le distributeur, à savoir 275 € TTC pour une projection.
Le film est en anglais sous titré français.
Pour louer le film : www.fub.fr/boutique/