Décryptage

Le management de la mobilité en territoires peu denses

Qu’est-ce qui caractérise la mobilité en territoires peu dense ? Que peut-on espérer pour la mobilité non-automobile à la campagne ? Le 30 juin s’est tenue, dans le cadre des journées nationales du management de la mobilité organisées par l’Ademe, le Cerema et le CNFPT, une webconférence dédiée aux territoires peu denses. Ce n’est pas gagné d’avance mais tout reste à inventer.

Qu’est-ce qui caractérise la mobilité en milieu rural ?

À l’image de la rural­ité, sou­vent définie par la néga­tive (« non urbain ») et donc recoupant des réal­ités bien dif­férentes, la déf­i­ni­tion de la mobil­ité en milieu rur­al n’est pas chose aisée. Une cer­ti­tude émerge toute­fois : les car­ac­téris­tiques pro­pres aux ter­ri­toires urbains ren­dent la pos­ses­sion de voitures prob­lé­ma­tique (con­ges­tion, pol­lu­tion,…), et la moti­va­tion à se déplac­er autrement est assez naturelle.

À l’inverse, on peut car­ac­téris­er la mobil­ité en milieu rur­al comme étant « non prob­lé­ma­tique ». Dom­inés par la voiture, les déplace­ments sont facil­ités par une approche tech­ni­ciste, résolvant par une exper­tise de la voirie les prob­lé­ma­tiques de con­ges­tion (gira­toires, élar­gisse­ments de voiries) et d’efficacité (sécu­rité et rapid­ité des déplace­ments par les largeurs, pro­tec­tions, rayons de gira­tion…). Le pas­sage séman­tique des «trans­ports» à la «mobil­ité» traduit ce besoin de sor­tir d’une vision tech­nique pour aller vers une approche plus trans­ver­sale autour de l’aménagement, de l’environnement, de l’emploi, du social, de la san­té… Les nou­veaux chargés de mis­sion mobil­ité devront savoir faire beau­coup de choses : ani­mer, réguler, plan­i­fi­er, pre­scrire, influ­encer, inve­stir, con­cert­er…

Ce tableau n’est toute­fois pas aus­si som­bre qu’il n’en a l’air. Le con­texte poli­tique et insti­tu­tion­nel a mis au cœur des ter­ri­toires la prob­lé­ma­tique de la mobil­ité et la place de la voiture dans des ter­ri­toires où l’espace ne manque pour­tant pas, avec l’affirmation des Autorités Organ­isatri­ces de la Mobil­ité (AOM) urbaines et surtout le développe­ment des AOM rurales). Les out­ils exis­tent, même s’ils ne sont encore pas très util­isés, pour faire chang­er les choses.

Comment, dans ce contexte, favoriser une mobilité durable et active ?

Les change­ments de mobil­ité s’appuient sur 3 fac­teurs prin­ci­paux :

• La rup­ture biographique, tra­jec­toire indi­vidu­elle, qui mod­i­fie les besoins et les con­traintes : démé­nage­ment, entrée des enfants à l’école, change­ment de tra­vail, panne du véhicule,…

• Une rou­tine non sat­is­faisante autour de la voiture : trop chère, stres­sante,…

• L’évolution de l’environnement : grèves, travaux, sup­pres­sion de sta­tion­nement, développe­ment de nou­veaux ser­vices,…

Les résul­tats passent par un accom­pa­g­ne­ment indi­vidu­el pour trou­ver les solu­tions au bon moment et pour les bonnes per­son­nes, autour des tra­jec­toires de vie : nou­veaux arrivants dans une com­mune, entrée des enfants à l’école, réflex­ions d’une entre­prise sur son sta­tion­nement,… Le man­age­ment de la mobil­ité s’appuie notam­ment sur la mobil­ité sol­idaire et sociale et l’accompagnement des employeurs dans le développe­ment du télé­tra­vail.

Aucune solu­tion ne se suf­fit à elle-même, elles se com­plè­tent. L’expérimentation a alors toute sa place pour adapter les répons­es à des con­textes très var­iés (présence de dénivelés, de voies rapi­des, per­for­mance des réseaux de bus, éloigne­ment d’une gare TER, struc­tura­tion de l’habitat et des zones d’emplois, niveaux de vie,…). Les change­ments étant moins spec­tac­u­laires, il est essen­tiel de com­mu­ni­quer autour du retour d’expérience tout au long de la mise en œuvre.

L’appel à pro­jets lancé par le min­istère des Trans­ports appuie les expéri­men­ta­tions en milieu rur­al, en offrant la pos­si­bil­ité de déroger à une loi ou à un décret. Si l’on ajoute à cela les dif­férents finance­ments disponibles pour les ter­ri­toires ruraux pour le développe­ment du vélo (AMI TENMOD, pro­gramme CEE AVELO porté par l’Ademe,…), on peut espér­er voir émerg­er des solu­tions intéres­santes pour les ter­ri­toires peu dens­es, sou­vent exclus des cat­a­logues de bonnes pra­tiques et se sen­tant (par­fois à tort, il faut le recon­naître) peu con­cernés par les référen­tiels néer­landais et trop cen­trés sur les périmètres urbains.

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