Décryptage

Itinéraire d’un vélotaffeur : de la voiture au vélo

Le vélo c’est bien, mais ce n’est pas toujours facile de s’y mettre. On propose d’explorer les leviers de transition de la voiture au vélo par notre expérience et d’envisager des pistes pour développer l’usage du vélo, notamment en développant l’esthétique du sourire !

Une histoire à deux roues

Je ne sais pas vous mais mon his­toire famil­iale me prédes­ti­nait à aimer les voitures. Mon père est fan de voiture de sports (qu’il n’a osé s’acheter qu’une fois la retraite arrivée), les mag­a­zines sur les voitures traî­naient régulière­ment à la mai­son… Tout me con­dui­sait donc à être pas­sion­né de voitures… Mais bizarrement, le virage n’est pas passé.

Etu­di­ant déjà, je préférais le vélo pour me déplac­er. Vif et rapi­de, il me per­me­t­tait notam­ment de ren­tr­er de soirée et d’aller en quelques min­utes à la fac. Et puis, moche comme pas deux il ne s’était jamais fait vol­er.

Le vélo et moi fil­ions donc le par­fait amour, jusqu’au vol de deux de mes vélos. L’un que j’avais acheté un mois aupar­a­vant, puis mon VTT. Bref, c’était mal par­ti.

Tra­vail­lant désor­mais, je pre­nais donc le tram et la voiture les jours de pluie. Finale­ment, je regar­dais ces tristes vélos par la fenêtre, con­fort­able­ment instal­lé dans la chaleur douce de l’habitacle alors qu’il pleu­vait dehors…

J’étais devenu une sta­tis­tique : apparem­ment 23 % des per­son­nes ne se remet­tent pas au vélo après un vol (selon l’étude de la FUB). Je fai­sais par­tie de ce groupe échaudé.

Un sentiment d’enfermement

Je pense que cer­tains vont recon­naître ce sen­ti­ment. C’est cette impres­sion d’enfermement dans une bulle urbaine :

  • On part de chez soi un casque sur les oreilles en écoutant de la musique.
  • On arrive dans le tram et on lit des news ou réseaux soci­aux les yeux rivés sur un écran, tou­jours en écoutant de la musique.
  • On marche jusqu’au tra­vail.
  • On tra­vaille.
  • On ren­tre en tram en écoutant de la musique et en lisant des news ou réseaux soci­aux sur un écran.

S’ensuit le sen­ti­ment de vivre dans une bulle, un espace décon­nec­té du monde réel et de la nature.

Revenir au vélo

Et là, on a la chance d’avoir une amie qui nous dit qu’elle adore pren­dre son vélo. Qu’elle le prend tous les jours, quel que soit le temps pour faire 30 min­utes de vélo.

On n’y croit pas trop. On a peur d’arriver échevelé au boulot.

Et puis, on essaye. Et on retrou­ve le plaisir de voir la ville depuis le vélo. Car le vélo c’est un for­mi­da­ble engin qui réduit la ville et la rend plus proche. Finale­ment, à Greno­ble par exem­ple, tout est en général à 10 min­utes à vélo.

Heureux et libre à vélo, même quand il pleut © A. Menon / Unsplash

Heureux et libre

Et puis, on jubile des intem­péries. On s’équipe sim­ple­ment : un K-way de mon­tagne et un pan­talon de pluie, et quand il pleut dehors et qu’on sort pré­paré à sup­port­er la pluie, on vit une petite aven­ture avec le plaisir de sen­tir la pluie sur son vis­age. On se sent heureux et libre.

Les leviers de transmission d’une culture du vélotaf

Ça fait main­tenant 15 ans je crois que je vélotaffe. Et j’adore ça ! Mais com­ment alors dévelop­per la pra­tique au quo­ti­di­en ?

En par­ler autour de soi

Mon anec­dote mon­tre bien les choses. C’est parce que je con­nais­sais quelqu’un qui vélotaffe que je m’y suis mis aus­si. Je ne pense pas qu’il s’agisse de pres­sion sociale mais juste d’un élar­gisse­ment des pos­si­bles. Donc, plus de gens par­lent de vélotaf au quo­ti­di­en, plus les gens s’y met­tent.

De même, le vélo ce n’est pas dan­gereux. Moins que la voiture ou qu’être pié­ton (dans une cer­taine mesure). Si vous voulez expli­quer à vos col­lègues dans quelle mesure le vélo est dan­gereux, deman­dez-leur com­bi­en de morts il y a par an à vélo dans Paris. La réponse est 2 ou 3 par an (con­tre 15 à 20 pié­tons).

Se pro­téger du vol de vélo

Rien de pire que se faire vol­er son vélo. La majeure par­tie des vols vient d’antivols de mau­vaise qual­ité. Il faut donc s’équiper d’un bon antivol vélo !

Sta­tion­nement vélo à Malmö en Suède © S. Yin / Unsplash

Militer pour des amé­nage­ments favor­ables

Une ville pour les vélos, c’est bien. En général, j’ai l’impression que les villes sont de plus en plus cyclables. Mais toute occa­sion est à pren­dre. La mairie pro­pose sou­vent des réu­nions publiques, des bud­gets par­tic­i­pat­ifs ou autres rassem­ble­ments, c’est l’occasion de mon­tr­er que les ent­hou­si­astes du vélo sont là !

Des asso­ci­a­tions locales exis­tent égale­ment. Se rap­procher d’elles per­met de coor­don­ner davan­tage des actions dans la ville, de la vélopa­rade à la véloru­tion.

L’esthétique du sourire

Ça, c’est la par­tie la plus impor­tante ! Il y a tou­jours un sen­ti­ment de con­cur­rence entre les auto­mo­bilistes et les cyclistes.

L’esthétique du sourire, pour moi, c’est d’encourager les actions sym­pas de la part des auto­mo­bilistes par un geste de la main, un pouce levé, un remer­ciement, un sourire qui fera sou­vent plaisir à ce dernier. Et au lieu de voir les vélos comme des emmerdeurs, cette per­son­ne les ver­ra peut-être comme des gens sym­pas !

Et puis, on se sent beau­coup mieux sur son vélo quand on dit mer­ci aux gens sym­pas que quand on se focalise sur les abrutis qui col­lent ou qui se gar­ent sur les voies cyclables. Bref, à vous d’essayer !

En plus :

Pour les vélotaffeurs débu­tants, j’ai con­coc­té un guide du vélotaffeur qui est plutôt com­plet sur le sujet !

Un article à lire aussi dans Vélocité n°151 — mai-juin 2019, une publication de la FUB.

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