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Législation : un soutien ou un obstacle au développement du vélo ?
"La législation vous aide-t-elle à développer la pratique du vélo et ses infrastructures, ou est-ce au contraire un obstacle?" Voici la question posée par Camille Thomé, directrice de Vélo & Territoires lors du dernier congrès international Vélo-City à Dublin. Sans surprises, les réponses varient grandement d'un pays à l'autre.
Roxana-Iuliana Cleja, vice-présidente du Bicycle Tourism Club Napoca, commence par illustrer comment la législation ou le manque de législation peut être un frein à la pratique du vélo. En Roumanie, la pratique du vélo est pour ainsi dire interdite jusqu’à l’âge de 14 ans, y compris sur piste cyclable et accompagné d’un adulte. En théorie, cela est fait pour protéger les enfants, mais en pratique cela leur barre l’accès à un choix de mobilité sain et peu coûteux, ce qui va même parfois jusqu’à affecter leur assiduité scolaire.
Frederik Depoortere, responsable vélo de la région Bruxelles-Capitale, démontre comment une législation de qualité, négociée entre plusieurs régions Belges, a conduit à une “révolution du double-sens cyclable” à Bruxelles. Le double-sens cyclable s’est avéré sûr et efficace, même sur des grands axes. Combiné avec d’autres mesures simples, tel qu’autoriser les cyclistes à tourner à droite quand le feu est rouge, cela a permis une forte augmentation de la pratique du vélo à Bruxelles. La dernière évolution en date concerne l’ajustement de la largeur légale maximale des vélos, afin de faciliter les livraisons de proximité en vélo-cargo avec une Euro-palette standard.
Olivier Schneider, président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), a ensuite poursuivi avec d’autres exemples de bonne pratique : obligation d’inclure une infrastructure cyclable lors de la création ou rénovation de voirie, emplacements obligatoires pour les vélos dans les trains ou encore enseignement du vélo à l’école. Il insiste sur le fait que la législation peut être à la fois une carotte, pour encourager les bonnes pratiques, ou un bâton, pour éviter les mauvaises.
Ceri Woolsgrove, agent à la sécurité routière et à la politique technique de l’ECF, résume comment les vélos à assistance électrique (VAE) sont traités différemment selon les diverses législations européennes. Il a félicité la commission européenne pour avoir sécurisé les véhicules motorisés pour les piétons et les cyclistes, mais a critiqué la tentative d’inclure les VAE dans la directive sur l’assurance automobile.
Suite à la présentation de ces cas d’études, plusieurs membres du public ont demandé s’il était possible que les bonnes pratiques, tel que le double-sens cyclable, se généralisent sous la forme de législation européenne. “Il ne se passera rien en Roumanie tant que l’Union Européenne ne le décide pas”, répond Roxana Cleja. “Mais la législation est juste un outil, pas un but en soi”, rappelle Olivier Schneider. “Sans une volonté politique à utiliser cet outil au niveau local, il ne se passera rien”. La majorité des participants s’accordaient à penser que la législation doit guider dans la bonne direction, mais être suffisamment flexible pour laisser la place à l’innovation et aux expérimentations.
Traduction de l’article anglais : https://ecf.com/news-and-events/news/legislation-%E2%80%93-support-or-obstacle-developing-cycling