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Mettez votre maire sur un vélo

Après l’assemblée générale statutaire du matin, la journée du samedi 11 mai au congrès de la FUB a été marquée par de nombreux échanges. L’occasion par exemple d’évoquer l’art et la manière de convaincre son maire des bienfaits du vélo pour la collectivité.

Le sujet va devenir de plus en plus présent avec l’approche du sec­ond Baromètre des villes cyclables, puis des élec­tions munic­i­pales 2020. Com­ment arriv­er à met­tre son maire sur un vélo, au pro­pre comme au fig­uré ? On en a beau­coup par­lé au cours des ate­liers de l’après-midi, où des mil­i­tants de villes dif­férentes ont échangé sur leurs expéri­ences en la matière. Con­stat assez général : le tra­vail com­mence bien avant la cam­pagne élec­torale, celle-ci n’arrivant que dans le pro­longe­ment d’actions où l’association locale a su pren­dre sa place dans le débat pub­lic, comme sur la chaussée.

A Mont­pel­li­er par exem­ple, où Nico­las Le Moigne, entré dans le CA de l’association Véloc­ité il y a un an et demi, racon­te com­ment à l’automne dernier, les cyclistes ont pu retourn­er à leur avan­tage une sail­lie néga­tive du maire, mar­quée il est vrai par un éton­nant manque de diplo­matie. On ne va quand même pas faire des infra­struc­tures cyclables « pour deux per­son­nes », avait lancé l’édile. Fureur générale sur les réseaux soci­aux.

La force qui vient de l’adversaire

Réseaux soci­aux ? Juste­ment… pourquoi ne pas s’en servir et dif­fuser la for­mule tous azimuts ? Gag­né : « #JeSu­isUn­Des­Deux » va devenir locale­ment viral. Et après ? « Là il faut faire quelque chose, pour­suit Nico­las Le Moigne. Mais il faut choisir le bon tim­ing. On s’est demandé : faire un com­mu­niqué de presse ? Un comp­tage ? Non, ça ne rime à rien. Il faut faire une man­i­fes­ta­tion, qu’on fini­ra place de la mairie. On lève 1 500 vélos en dix jours, et les gens sont con­tents(1). Et encore : on aurait pu avoir beau­coup plus de monde s’il avait fait beau. La presse locale nous a vrai­ment aidés. La force, elle vient aus­si des adver­saires. Et aujourd’hui le maire sem­ble avoir pris le pli. Il faut savoir aus­si que les jour­nal­istes sont très act­ifs sur Twit­ter. Aujourd’hui les poli­tiques ne dis­ent plus rien sur le vélo parce qu’ils ont peur de se faire per­cuter. »

Des change­ments con­crets ont suivi : « D’un pro­jet ini­tial cen­tré autour des déplace­ments auto­mo­biles, nous avons con­va­in­cu la métro­pole de réduire la place de la voiture tout en ren­forçant celle des vélos. »

Hashtag et association

Moral­ité : asso­ci­a­tions et réseaux, ça peut être très effi­cace ensem­ble. « Le hash­tag ne serait rien sans l’association, et l’association ne serait rien sans le hash­tag. On appuie sur le fait que le vélo n’a pas de couleur poli­tique et qu’il n’a pas d’âge. On est prêts à aider tous les par­tis sur la place du vélo, on n’appartient à per­son­ne. »

Tout ça, c’est le ter­reau sur lequel vont main­tenant pouss­er les argu­ments à servir aux can­di­dats aux munic­i­pales. Et atten­tion : même si les sor­tants ne sont pas bons, éviter toute atti­tude intran­sigeante, savoir aus­si bien bous­culer que dire mer­ci. Les poli­tiques, « si vous faites que les descen­dre ça ne passe pas, si vous allez dans les deux sens ça les per­turbe. » Car comme le relève un autre mil­i­tant, à Vin­cennes, il faut savoir « dos­er entre activiste dérangeant et gen­til citoyen ». Et que ceux qui ont des scrupules à touch­er une sub­ven­tion munic­i­pale entre deux man­i­fs con­tre la Mairie sachent que c’est comme ça que ça se passe à peu près partout.

A Mont­pel­li­er ils ont invité Frédéric Héran pour une con­férence. Dans la salle, pas un élu ni un respon­s­able des ser­vices de la Ville. Si ça ne marche pas, « ça n’est pas parce qu’on s’est trompés », tem­père une mil­i­tante. Il faut essay­er autre chose, et peut-être que ça marchera mieux.

Effet secondaire positif

Avec des hauts et des bas. Dans quelques mois on sera en pleine cam­pagne, et là les recettes seront à trou­ver locale­ment, en fonc­tion de l’historique récent et des dynamiques déjà enclenchées ou non. C’est là aus­si que deux atti­tudes peu­vent s’affronter, entre les par­ti­sans d’une demande d’engagements de la part des can­di­dats, et ceux qui n’y croient plus depuis longtemps.

Effet sec­ondaire plutôt béné­fique de tout ça, indépen­dam­ment du con­texte élec­toral : « Au début, Véloc­ité vivait plutôt sur les autres asso­ci­a­tions. Aujourd’hui on désta­bilise un peu aus­si les autres asso­ci­a­tions parce qu’on est devenu plus fort. » Une syn­ergie dont tout le monde peut prof­iter si on sait se tenir dans le cer­cle vertueux cher à Frédéric Héran.

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