Décryptage
Mon premier congrès à la FUB
Il est 6h38. J’arrive, essoufflée, dans le hall de la gare de Saint-Brieuc. J’ai mal calculé mon trajet et pour cause : d’habitude, je le fais à vélo.
Mais là, pas de possibilité de le stationner en toute sécurité. J’ai donc décidé de faire le chemin, seule, à pied, en ce samedi matin qui s’annonce beau. Mais rien ne se passe comme prévu : le chef de gare, resté à quai, m’hurle un « non » qui résonne devant le train que je suis censée prendre. Je regarde, impuissante, les portes se fermer devant moi. Le TGV quitte la gare devant mon regard, médusée, de celle qui n’a jamais encore raté son train.
C’est un drôle de début de congrès. Je vous passe la partie où je dois louer une voiture pour me rendre à un congrès où l’on va essentiellement parler de vélo… J’arrive donc à la maison de quartier Pierre Guédou, au Mans où je vais passer les prochaines 48h. Je suis accueillie par Sébastien Marrec, Florian Le Villain et Charles Levillain. Je suis ravie de revoir ces trois acolytes de Rayons d’Action que j’avais eu l’opportunité de rencontrer lors de l’action de Vélo Utile le 17 novembre dernier « Essence trop chère, changez de pompe ».
Me voici revenue en automne 2018 ; face à la montée du mouvement des gilets jaunes, qui s’organisaient pour leur première manifestation. Nous avions décidé — trois membres de Vélo Utile — de mener une action pour dénoncer le manque d’infrastructures cyclables, laissant les populations menottées au tout-voiture. L’AFP s’était saisi de notre événement. S’en était suivie une série d’interviews toutes plus surréalistes les unes que les autres. Des pluies d’injures sur les réseaux sociaux, parfois, mais aussi beaucoup de soutien. Face à cette situation inédite pour nous, briochins à vélo, j’avais décidé de contacter le président de la FUB, Olivier Schneider. Le premier contact que j’ai eu avec lui était plutôt sec : j’étais en colère, nous nous sentions seuls face à cette surmédiatisation dont nous n’avions pas l’habitude. Il resta calme, me répondit qu’il donnerait une interview sur France Info pour clarifier les choses.
Je me retrouve donc devant lui, samedi 11 mai, avec cette centaine de représentants associatifs de la France entière. Bon, une assemblée générale, ordinaire ou extraordinaire, en tant que tel, ce n’est pas l’éclate. Mais Camille, salariée de la FUB, rend l’exercice moins formel. Je n’ai jamais encore participé à un congrès de la FUB, tout est donc une découverte pour moi ; même le moment — le malaise, plutôt — où l’on discute les termes qui entourent le fait de verser une indemnité de 800 euros à un président de fédération qui travaille avec acharnement à la faire connaître. Et à faire vivre le vélo.
Les pauses intermittentes sont l’occasion de croiser des personnes que je connais déjà, au moins un peu, sans le savoir : plusieurs pseudonymes de Twitter se cachent dans la salle… Et je suis ravie de les rencontrer, en chair et en os. De discuter avec toutes ces personnes qui viennent spontanément me voir pour me parler de Saint-Brieuc ou de Vélo Utile. Le contact est tellement aisé qu’en à peine quelques heures, j’ai l’impression de faire déjà partie de la famille du vélo. Joseph d’Halluin me fait introduire un des ateliers de l’après-midi, autour de la mobilisation des bénévoles. L’occasion pour moi de parler enfin de vive voix avec cet administrateur, qui m’a sollicité par messages interposés.
Les ateliers sont riches des expériences de chacun, et c’est un plaisir que d’essayer de deviner les régions de provenance des locuteurs, en fonction de leur accent. En fin d’après-midi, vient le moment d’élire le nouveau CA. Je me présente, et livre un discours spontané, sur ma vie, mon expérience. Je me surprends à être plus émue que je ne l’aurais pensé ; il y a peu de moments dans une vie où l’on sent que l’on est là pour une raison, que l’on a sa place. Ce samedi 11 mai, j’ai ressenti cela.
Immédiatement, je pense à mes enfants, avec qui je me déplace à vélo au quotidien, et je me rends compte qu’à présent, et plus que jamais, je serai utile à leur futur. Un futur où l’on se déplace — beaucoup — à vélo, et où l’on respecte les autres, mais aussi un devenir où les paradigmes auront changé. J’ai envie, je veux, œuvrer à ces changements. Pour eux.
J’assiste à mon premier CA dans la foulée de la fin de l’AG et je dois avouer qu’à cet instant, même lessivée, je suis heureuse d’être assise à cette table avec les autres administrateurs. Je fais la rencontre de l’équipe salariée de la FUB et je découvre des personnes passionnées par leur travail. Ça donne envie !
Le soleil se couche sur la maison de quartier qui accueille des congressistes fatigués, mais heureux. La musique retentit dans la salle convertie en dance floor, tandis que j’essaie — encore ! — de converser avec les rennais, qui auront été mes compagnons de congrès.
Je rempile le lendemain avec des ateliers thématiques autour du vélo. Je navigue entre les tables et glane des idées par-ci par-là : comment sensibiliser les gens au vélo cargo, utiliser l’application montpelliéraine Vigilo, ou encore développer le marquage BICYCODE® sur les vélos. Les initiatives font parfois écho aux actions que nous menons au sein de Vélo Utile ; mais aucun atelier n’est inutile car il permet, une fois n’est pas coutume, de partager les savoirs et savoir-faire de chacun. J’ai des idées plein la tête pour développer des actions plus inclusives au sein de mon association. En rencontrant les différents représentants des associations bretonnes, nous partageons tous le même constat : on ne se voit pas assez, on ne se connaît pas assez. On décide alors d’essayer d’organiser une rencontre d’ici la fin de l’année, pour fédérer nos forces, notamment sur la question du ferroviaire et des voies vertes.
Il est l’heure de partir pour le pique-nique ; nous nous élançons tous, sur nos vélos, formant une belle guirlande multicolore entre les rues du Mans. Je partage encore quelques instants de convivialité avec tous les congressistes présents avant de repartir pour attraper mon train. Charles me ramène à la gare et je monte illico dans le train qui me ramènera chez moi.
C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour moi. Je viens de rentrer au CA de la FUB.
A vélo jusqu’au Mans pour le Congrès de la FUB
Suite au projet Vélo’s cool annoncé en novembre 2018 et à la venue de l’équipe de la FUB à Lunéville en février 2019, j’ai pris la décision de me rendre à vélo au congrès de la FUB au Mans.
J’ai effectué huit étapes, avec une moyenne de 89 kms et 5h30 de vélo par jour, soit au total 714 kms, entre le 1er mai et le 8 mai. Le vélo m’a été fourni par la Communauté de communes du territoire de Lunéville à Baccarat (CCTLB), spécialement électrifié pour l’occasion avec deux batteries. Ce vélo est celui qui sera remis aux élèves. J’ai donc pu le tester et voir qu’il était très robuste.
Après un congrès et une Assemblée générale très riches en enseignements, je suis rentré avec le président de l’association à Lunéville en voiture dimanche 12 mai, avec le vélo accroché à l’arrière du véhicule. 12 jours mémorables !
Le dispositif Vélo’s cool consiste à fournir à chaque élève de collège et de lycée habitant à moins de trois kilomètres de son établissement scolaire un vélo conçu et fabriqué dans la région par la société WHEELE (www.wheele.fr) pour se rendre à l’école. L’association VéloLun, forte de sa vélo-école, forme les élèves.
Philippe Rouy