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Une énorme envie de vélo
Ville d’accueil du congrès de la FUB du 10 au 12 mai, le Mans est une « ville-test » : les choix et les réactions des Manceaux sont représentatifs de ceux de l’ensemble des Français.
La ville est d’ailleurs dans la moyenne pour les aménagements comme pour la pratique cyclable : à vélo, Le Mans n’est ni l’enfer ni le paradis. Mais quelle envie ! Dès qu’une initiative facilite le déplacement à vélo, c’est un succès retentissant.
La location longue durée de vélos à assistance électrique, proposée par l’opérateur du réseau de transports en commun, a longtemps été victime de ce succès. La liste d’attente atteignait 18 mois ! La Setram a accéléré ses achats pour franchir en 2018 la barre des 1 000 VAE en circulation. La demande reste forte et, pour y répondre, le parc des « vélos orange » doit encore augmenter en 2019.
L’atelier d’auto-réparation de Cyclamaine, ouvert mi-2017, a atteint les 150 utilisateurs en quelques mois. Le Mans n’a pas encore de « Maison du vélo » mais les cyclistes ont déjà leur quartier général.
Le budget annuel de pose d’arceaux permet progressivement de mieux mailler l’hypercentre et certains quartiers. C’est pour le stationnement que la ville obtient certaines de ses meilleures notes dans le baromètre des villes cyclables. Ils plaisent beaucoup, ces arceaux, y compris, et ce n’était pas prévu… aux usagers de deux-roues motorisés !
Plus de sécurité, c’est plus de cyclistes
Trop peu d’efforts ont été consacrés au critère le plus important : les aménagements pour la sécurité des cyclistes. Le baromètre des villes cyclables a permis de mettre des chiffres sur ce besoin. Pas moins de 93 % des cyclistes manceaux, actuels ou potentiels, jugent « important d’être séparés de la circulation automobile ».
A l’appel de Cyclamaine, 300 personnes ont manifesté en septembre dernier, avec comme mot d’ordre : « la sécurité maintenant — des aménagements continus, entretenus et respectés ! ». Le cortège est notamment passé par des boulevards où, sur des tronçons entiers, aucune place n’est encore prévue pour le vélo.
Le message est clair : aucun kilométrage de bandes cyclables ne répondra à ce besoin. Seuls des itinéraires sécurisés, efficaces et confortables peuvent vraiment satisfaire l’envie de se déplacer à vélo.
Des aménagements sérieux, enfin ?
En cela aussi, Le Mans est représentative des villes françaises : jusqu’ici les aménageurs accordaient un espace aux cyclistes là où c’était facile. Désormais, il s’agit de garantir cette place là où c’est utile. Au Mans, cette révolution est à portée de main.
Depuis des années déjà, aucun responsable politique moderne ne conteste la nécessité de faciliter les déplacements à vélo. Mais la réalisation des aménagements suivait mal, certains projets pourtant votés attendent toujours le lancement de leur chantier.
Ces derniers mois, une nouvelle impulsion semble donnée, d’une part à des projets à court terme, d’autre part à l’ambition de bâtir un réseau cyclable cohérent.
Cette perspective encourage une association comme Cyclamaine dans son rôle d’aiguillon. Nous serons vigilants sur la qualité des aménagements cyclables de nouvelle génération, car c’est la clef du report modal vers le vélo.
L’enjeu du savoir-faire
Au Mans comme ailleurs, la réussite de cette transition passera par un renforcement des moyens financiers et humains dédiés au vélo. Il faudra gérer une profusion de projets, les candidatures au Fonds national vélo, de nouveaux critères de qualité dont certains bousculent les habitudes (niveau zéro [à préciser], signalisation spécifique, intersections plus complexes…). Ces défis ne seront pas relevés sans que les collectivités réservent des postes au suivi de l’infrastructure cyclable.
Le Plan vélo national est une incitation bienvenue mais seules les collectivités avec compétence sur la voirie, comme Le Mans Métropole, peuvent vraiment agir. C’est de l’agglomération que dépend le changement.
L’investissement vaut tellement la peine ! Car si cette nouvelle génération d’aménagements est réussie, la population de l’agglomération du Mans s’en servira pour passer au vélo, à grande échelle. Et si ça fonctionne au Mans, ce sera le cas partout en France.
L’association Cyclamaine
Depuis 25 ans, Cyclamaine réunit cyclistes de l’agglomération du Mans et militants des déplacements à vélo.
L’offre de services aux cyclistes, longtemps itinérante, a changé de dimension depuis 2017 et la location d’un local à la municipalité. Cela a permis l’installation d’un atelier d’auto-réparation ouvert au moins 5 jours sur 7. Ce service repose uniquement sur le bénévolat : 1 000 heures en 2018, dont les 2/3 pour l’atelier. Outre la mécanique, le local accueille tout un programme d’activités associatives et militantes : bourses aux vélos, animations autour du voyage à vélo, formations…
Cyclamaine compte une salariée à temps partiel, avec la mission de développer les formations vélo en milieu scolaire et en entreprise.
L’association auto-finance entièrement ces activités grâce aux adhésions de ses plus de 600 membres, à la vente de vélos et de pièces de récupération et à la prestation de formations.
On peut aussi croiser les bénévoles partout en ville lors d’actions de prévention (« Cyclistes, brillez ! ») ou de loisirs (visites guidées à vélo, en partenariat avec des guides de la Ville).
Périmètre et ambitions élargies
L’association rencontre régulièrement élus et techniciens de l’agglomération, lors de réunions dédiées au vélo et à l’occasion de consultations sur des projets. A chaque fois, les militants bénévoles de Cyclamaine cherchent à améliorer les conditions de circulation des cyclistes. De part et d’autres, ces échanges sont empreints de bonne volonté. Les résultats, eux, restent conditionnés par la volonté politique de développer l’usage du vélo.
Depuis cette année, Cyclamaine intervient sur tout le département de la Sarthe, et pas seulement sur l’agglomération du Mans. Cette évolution permet de répondre aux sollicitations spontanées de collectivités sarthoises. L’association s’est aussi fixé l’objectif d’obtenir l’aménagement d’itinéraires cyclo-touristiques en site propre, en priorité le long de la Sarthe. Il ne manque plus qu’une cinquantaine de kilomètres pour connecter Le Mans à La Loire à vélo !