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L’usager défriche le terrain, le projet de voie verte aboutit

Au nord de l’agglomération de Compiègne, il a suffi qu’un usager aille défricher lui-même une ancienne voie ferrée, sur un terrain de la SNCF, pour faire aboutir un projet de voie verte qui traînait depuis 12 ans. Le maire est content, les cyclistes aussi.

Une anci­enne voie fer­rée, ouverte en 1881, assur­ait une desserte entre Com­piègne et Roye (dans la région des Hauts-de-France) pour le trans­port des voyageurs et des marchan­dis­es. En 1939, le ser­vice voyageur est sup­primé (comme sur la plu­part des lignes de moin­dre impor­tance dans le départe­ment de l’Oise), puis reprend de 1940 à 1942 avec un train quo­ti­di­en pour faire face à la pénurie de car­bu­rant engen­drée par la guerre. Elle sera util­isée ensuite jusque dans les années 70 pour le trans­port de marchan­dis­es, avant d’être lais­sée en jachère.

Ganaël Sal­lien au tra­vail… ©AU5V

Sans l’accord de la SNCF, ni de la com­mune, tel un Robin des voies, Ganaël, un citoyen de Clairoix accom­pa­g­né d’amis, a retroussé ses manch­es en 2018, sor­ti la tronçon­neuse pour défrich­er ce délais­sé. « Je ne suis pas un rebelle », a-t-il dit au Cour­ri­er Picard, « ce geste sym­bol­ique est sus­cep­ti­ble d’entraîner une prise de con­science ».

« En qua­tre ans, je me suis retrou­vé père de qua­tre enfants et ça m’a bous­culé, depuis, je délaisse ma bag­nole, je suis un papa à vélotri­por­teur qui peine par­fois à se déplac­er dans le Com­piég­nois. Je suis con­va­in­cu qu’une telle ini­tia­tive peut boost­er la créa­tion de sen­tiers péde­stres et de pistes cyclables. »

Connectée au réseau de l’agglo

Comme par hasard quelques semaines plus tard, ce dossier, qui trainait dans les bureaux de la SNCF depuis plus de 12 ans (encore un), est sor­ti du plac­ard. Un cadeau de Noël avant l’heure, a même déclaré Lau­rent Por­te­bois, maire de Clairoix, agacé par ces lour­deurs admin­is­tra­tives.

En ce début d’année une con­ven­tion devrait être signée entre l’Agglomération et la SNCF. Les travaux pour­ront démar­rer en milieu d’année pour une mise en ser­vice début 2020. Cette voie verte sera con­nec­tée au réseau de pistes cyclables de l’agglomération de Com-piègne à Margny.

Une belle his­toire, le témoignage que les ini­tia­tives citoyennes — qui n’enchantent pas tou­jours les élus — ont par­fois plus de poids que des cour­ri­ers ou des inter­ven­tions auprès des élus. Cette ini­tia­tive résonne dans nos oreilles, elle vient rap­pel­er la créa­tion de l’AU5V, qui, en 2004 s’est fondée pour encour­ager la trans­for­ma­tion de la voie fer­rée Crepy-Sen­lis-Chan­til­ly en voie verte. A l’époque, nous avions égale­ment sor­ti les tronçon­neuses pour défrich­er une par­tie de la voie verte dans Sen­lis. Qua­torze ans après, si la voie verte de Sen­lis est ter­minée, la liai­son vers Chan­til­ly est en chantier.

Ganaël pour­suit son chemin. Et il nous a témoigné qu’« à tra­vers le vélo, c’est tout un art de vivre ensem­ble qu’il faut recon­quérir. Pour preuve, j’aide les per­son­nes âgées de mon quarti­er en leur réparant et révisant gra­tu­ite­ment leur vélo et ça crée du lien, des actes de partage, des sourires. »

Extraits de la presse locale

Sous le titre « Une voie fer­rée défrichée en cati­mi­ni » :

« Il n’a pas hésité à débiter en tronçons les arbres qui jon­chaient le sol ou même à abat­tre des arbres de 8 m de haut. Sans le moin­dre feu vert ni de SNCF-Réseau, pro­prié­taire du site, ni de Nex­i­ty, chargé de négoci­er la vente des ter­rains, ni des mairies du secteur. »

« Lau­rent Por­te­bois, le maire de Clairoix, n’aurait été aver­ti que ces jours-ci. « Ils ont voulu débrous­sailler — ça part d’une bonne inten­tion — mais c’est de leur respon­s­abil­ité. Nous n’en sommes pas encore pro­prié­taires. » »

(Cour­ri­er Picard, 10 novem­bre 2018)

Sous le titre « Cet accord avec la SNCF était atten­du depuis… douze ans ! » :

« Les élus de Clairoix et Bienville vien­nent d’apprendre que la SNCF don­nait son accord pour sign­er une con­ven­tion d’autorisation d’utilisation d’anciennes voies fer­rées afin de les amé­nag­er comme voies douces. L’aboutissement d’une procé­dure longue de douze ans pour un chem­ine­ment d’à peine plus de 2 km sur la com­mune de Clairoix.

« C’est un cadeau de Noël avant l’heure », souri­ait jaune Lau­rent Por­te­bois, maire (SE), lors de son annonce au con­seil d’agglomération la semaine dernière. Une sat­is­fac­tion partagée par Ganaël, cycliste de Margny qui, seul, a com­mencé à défrich­er la zone. »

« Voilà un exem­ple de ce qui nous agace, nous les maires, de lour­deur admin­is­tra­tive », peste Lau­rent Por­te­bois. Depuis une des pre­mières let­tres, envoyée en 2006 au moins, je n’ai jamais eu le même inter­locu­teur. »

« Les habi­tants marchent au bord de la départe­men­tale entre Bienville et Clairoix, c’est incroy­able­ment dan­gereux », assure le pre­mier mag­is­trat de Bienville.

(Le Parisien, 26 décem­bre 2018)

Un article à lire aussi dans Vélocité149 — janvier-février 2019, une publication de la FUB.

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