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Angers et le grand plan vélo

La ville qui accueillait le Premier ministre était l’an dernier 3e sur le podium du Baromètre de la FUB dans sa catégorie. Mais à Angers, on a d’autres raisons de s’intéresser à un plan vélo.

Le choix d’Angers pour annon­cer un plan vélo avait quelque chose d’un peu para­dox­al. Car ici, le plan vélo, ça fait plus de deux ans qu’on l’attend. Le plan vélo d’agglomération, pas le plan nation­al.

Après avoir très vite instau­ré une pre­mière heure de sta­tion­nement gra­tu­ite dans les park­ings du cen­tre ville (pour les voitures), la nou­velle équipe munic­i­pale arrivée en 2014 avait en effet annon­cé un plan vélo qui allait ridi­culis­er les amé­nage­ments cyclables à coups de pein­ture et de comm’ de l’équipe précé­dente. Le temps pas­sait. Et puis un beau jour d’avril dernier, on a pu lire dans le mag­a­zine de l’agglo dis­tribué dans les boîtes aux let­tres que « le grand plan vélo est lancé », avec un « sché­ma directeur des infra­struc­tures cyclables » pour notam­ment faire dis­paraître les dis­con­ti­nu­ités « entre les grandes polar­ités et la ville cen­tre », et ouvrir « l’éducation à la pra­tique du vélo pour les enfants ». Par­fait. « Lancé » au print­emps, il serait dévoilé « d’ici fin 2018 ». On approche.

Le contexte politique

Le plan vélo de l’ami Edouard a donc pris de court celui de l’ami Christophe, cha­cun des deux rap­pelant régulière­ment les « liens d’amitié » qui les unis­sent. A pri­ori c’est plutôt bon pour accélér­er les choses, et faire un peu oubli­er la lenteur du démar­rage.

A Angers, le con­texte poli­tique ne se lim­ite pas à ce lien que le maire d’Angers, classé divers droite, s’efforce d’entretenir avec le Pre­mier min­istre. Un autre élu local a récem­ment émergé, et a su se ren­dre incon­tourn­able quand on par­le de vélo : le député Matthieu Orphe­lin, ancien cadre de l’ADEME, ex-élu Vert au con­seil région­al, un proche de Nico­las Hulot très présent dans les médias. Sou­tien atten­tion­né de la FUB auprès de la min­istre des Trans­ports durant l’élaboration du plan vélo, Matthieu Orphe­lin a été salué par Edouard Philippe dans son dis­cours au même titre que Christophe Béchu, les deux élus locaux sachant s’apprécier mutuelle­ment. Ils se retrou­vent d’ailleurs tous deux du côté de la majorité gou­verne­men­tale, bien que venant d’horizons poli­tiques totale­ment dif­férents.

Le contexte urbain

Le con­texte urbain d’Angers n’est pas for­cé­ment favor­able au vélo, et là le plan nation­al va sans doute pou­voir don­ner un coup de main au plan d’agglomération. Une saignée autoroutière (la liai­son his­torique Paris-Nantes, l’autoroute passe main­tenant au nord) tra­verse le bas du cen­tre-ville, le long de la Maine, bar­rant l’accès du bord de la riv­ière aux pié­tons. Les ten­ta­tives de la munic­i­pal­ité actuelle pour réduire l’impact de cette deux fois deux voies n’annulent pas l’effet désas­treux de coupure urbaine. Cette route départe­men­tale à 51 000 véhicules par jour sert en fait de dévi­a­tion sud de l’agglomération, qui n’a jamais été faite et ne se fera sans doute jamais.

Une autre coupure urbaine hand­i­cape forte­ment le réseau cyclable de l’agglomération : l’autoroute A87 (Paris-Cho­let-La Roche-sur-Yon), dite « rocade est », que le vélo ne peut franchir au sud d’Angers (sur la com­mune des Ponts-de-Cé) ailleurs que sur un vieux pont sans pistes cyclables où passent 10 000 véhicules par jour, dont là aus­si de nom­breux poids lourds.

Le préfet fait du vélo

S’affranchir de ces coupures urbaines n’est pas la seule rai­son d’en appel­er aux aides d’un plan vélo nation­al : le site de la gare d’Angers est encom­bré de voitures… et de vélos attachés dehors sans espace sécurisé.

Le con­texte d’Angers, c’est aus­si un préfet qui fait du vélo (et pas que devant les pho­tographes), comme l’a publique­ment souligné Edouard Philippe le 14 sep­tem­bre. Un préfet qui s’était ren­du dans les locaux de l’association locale Place au vélo fin mai pour encour­ager les écol­iers venus par­ticiper à la semaine du vélo à l’école et au col­lège. Et il avait bien dit aux enfants tout l’intérêt de cette pra­tique excel­lente pour la san­té.

Un article à lire aussi dans Vélocité147 — septembre-octobre 2018, une publication de la FUB.

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