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Du vélotaf au tourisme à vélo
Train+Vélo, pas toujours facile, mais une fois le trajet effectué, le plaisir est au rendez vous. Question d’équipement et de préparation.
Vélotafeur “naturel”, Jean-Marc n’aurait jamais envisagé le cyclotourisme, encore moins en famille, jusqu’au jour où il est tombé sur l’équipement adéquat.
Pour votre fin d’été ou l’année prochaine, la rédaction vous livre son témoignage. Le canal du Midi, de Toulouse à Port-la-Nouvelle, au départ de Grenoble, c’est une famille avec 3 enfants qui sont partis à l’aventure. Ils l’ont fait, pourquoi pas vous ?
Le déclic
En septembre 2014, j’ai acheté un vélo couché d’occasion avec ses bagages (2 sacoches latérales de 35 litres et une sacoche arrière de 10 litres). Quelques sorties tranquilles sur les voies sur berge ont suffi pour apprendre à maîtriser l’engin et me rendre compte que je pouvais rejoindre le port de Saint-Gervais et en revenir sans avoir mal : ni aux fesses ni aux poignets et sans être fatigué !
L’idée me titille alors de vacances familiales itinérantes à vélo. Le projet est proposé fin janvier 2015 au reste de la famille et ne rencontre pas de veto… ni un enthousiasme débordant : c’est un peu l’inconnu car personne dans nos connaissances ne pratique ce type de vacances ! Reste à mettre sur pied ce qui est pour nous une Aventure !
La planification
Comme je n’y connais rien en tourisme à vélo, je choisis au plus simple : ce sera le canal du Midi de Toulouse à Port-la-Nouvelle. Plat, sécurisé, entièrement balisé, bien référencé, touristiquement intéressant, cet itinéraire présente une relative assurance de beau temps en Avril. Et pour les enfants (14 ans, 10 ans et 7 ans à cette époque), il y a la mer à l’arrivée ! Achat d’un guide dédié, surf sur des sites et blogs internet, liste des endroits que nous souhaitons visiter, le trajet prend forme rapidement avec un séjour en sept étapes entre 25 et 50 km par jour. L’idée du voyage est donc validée mi-mars 2015 pour les vacances de Pâques.
Équipement minimal nécessaire !
Toutes nos affaires pour une semaine devant être transportées seulement sur les deux vélos adultes, nous privilégions des nuitées en hôtel pour voyager léger. Après une sélection drastique (pas de pyjama : tee-shirt et culotte pour la nuit !), toutes les sacoches sont bien remplies (2x35 litres + 2x23 litres + 1x10 litres) et nous pouvons encore compter sur deux paniers de vélos pour y mettre un petit sac à dos ou des vestes.
Le train + logements : variables d’ajustement
Se pose alors la question de savoir comment depuis Grenoble rejoindre Toulouse et revenir de Port-la-Nouvelle. La seule solution sans démonter les 5 vélos est le TER avec des changements à Valence, Arles, Narbonne à l’aller (9h10 de trajet) et à Avignon et Valence au retour (6h40 de trajet). Les horaires et les correspondances font que nous sommes obligés de rajouter deux jours et une nuit à notre séjour. Et on prendra des jeux et des livres pour le train !
En fonction des disponibilités dans les hôtels, les étapes sont un peu retouchées ainsi que les dates. Puis nous achetons nos billets de TER en faisant de belles économies dans l’ancienne région Languedoc-Roussillon en obtenant des billets à 1 euro.
L’Aventure commence en gare !
Le week-end avant le départ, nos vélos sont nettoyés, gonflés, vérifiés et la veille du départ, nous préparons toutes nos affaires dans les sacoches que nous installons sur nos montures. Le jour J, c’est le départ de notre domicile pour la gare SNCF de Grenoble : quelle fierté de partir ainsi, les 5 à la queue-leu-leu sur nos vélos ! Et aussi de se sentir déjà en vacances !
C’est le premier samedi des vacances et, en ce début de matinée, il y a beaucoup de monde sur le quai. On angoisse un peu : va-t-on pouvoir rentrer dans le TER avec nos 5 vélos ? Le train arrive et, bien entendu, la SNCF n’a prévue qu’une seule rame. Grand moment de panique ! Toute la famille arrive finalement à rentrer et à s’installer sous les regards bienveillants et amusés des autres voyageurs. Je ferai le voyage Grenoble-Valence pendu à une barre en tenant mon vélo qui n’est plus couché mais debout !
SNCF : compréhension… ou pas
À Valence, notre prochain train n’est pas sur le même quai et il n’y a aucune goulotte pour faire descendre les vélos dans les escaliers. Le chef de quai accepte de nous faire traverser les voies. Par contre, point de telle compassion à Arles. Dommage : descendre et remonter 5 vélos sans compter les 5 sacoches n’est pas aisé mais j’ai prévu large pour les correspondances… Le trajet se poursuit très lentement jusqu’à… Nîmes où notre locomotive rend l’âme ! Décidément ! Heureusement, un autre TER a été retardé. Branle-bas de combat pour faire sortir nos vélos chargés et rejoindre ce train avant qu’il ne parte. Par chance, aucun escalier ni ascenseur à prendre ! Finalement, après une dernière correspondance sans souci à Narbonne, nous arrivons à la jolie gare de Toulouse-Matabiau, déposons nos affaires et vélos à l’hôtel et passons la soirée à visiter la ville Rose.
Le séjour
Le lendemain, nous amorçons notre périple en rejoignant le canal du Midi au port de l’Embouchure. Les choses sérieuses commencent et on est vraiment très bien. On discute entre nous, on fait la course pour rire, on s’arrête pour prendre des photos, lire des panneaux, regarder le passage d’une écluse, boire un coup, faire coucou aux plaisanciers (nous en reverrons certains sur plusieurs jours !). Finalement, nous arrivons à Villefranche-de-Laurageais, terme de notre première et plus longue étape (53 km), un peu surpris par la facilité avec laquelle cela s’est déroulé et aussi par le rythme nonchalant et reposant adopté. On a tout bonnement l’impression que cela fait des jours que nous sommes en vacances alors que 48 heures auparavant, nous étions encore au travail ou à l’école.
Les étapes se poursuivent avec des nuitées à Castelnaudary, Carcassonne, Marseillette, Le Somail, Gruissan-plage et Port-la-Nouvelle. L’enchantement est renouvelé chaque jour avec alternance de vélo et d’arrêts plus ou moins prolongés. Tout est prétexte pour faire une pause. Parfois, nous laissons les enfants à l’ombre sur les bords du canal à jouer à des jeux de société pendant que nous faisons en couple un petit détour pour visiter un petit village.
L’arrivée sur le bord de mer est une récompense pour toute la famille et bien que l’eau soit fraîche en cette saison, on ne boude pas notre plaisir en profitant de la plage déserte en cette saison. Au total, nous aurons parcouru 275 km en une semaine.
Le retour en TER sera beaucoup plus tranquille qu’à l’aller même si nous aurons à franchir, en portant nos vélos, une passerelle rendue glissante par la pluie au-dessus des voies ferrées.
L’envie de recommencer !
Finalement, alors que ces vacances nous semblaient irréalisables, nous avons vécu une première expérience fantastique et, surtout, nous y avons pris goût avec une grosse envie d’y retourner. Depuis, nous sommes repartis pour un week-end ou plus, essentiellement en duo. À chaque fois, nous retrouvons cette sensation d’être en vacances sitôt la porte du garage franchie. Et alors que je déteste les montées (faire des efforts ou grimper par pur plaisir, très peu pour moi), nous avons parcouru quelques étapes pentues dans le Lubéron mais à notre rythme, terminant des montées à 8 km/h mais sans jamais forcer. C’est beau, c’est lent, c’est reposant, c’est magnifique et surtout, on se sent bien, en paix avec soi-même et son environnement !
> Finalement, alors que ces vacances nous semblaient irréalisables, nous avons vécu une première expérience fantastique et, surtout, nous y avons pris goût avec une grosse envie d’y retourner.
Et puis on finit par acheter deux Pino — démontables — avec le plus grand sur son propre vélo 🙂
https://cyclotourisme-mag.com/2017/01/10/un-incroyable-voyage-a-velo-en-famille-direction-lamerique-du-nord/
https://www.youtube.com/watch?v=hLKh38NhHUA
Bon rapport de voyage. Nous avons fait la même chose l’année dernière. De Toulouse à Sete en 7 jours. Arrêté à Castelnaudary, Carcassonne, Olonzac, Narbonne, Béziers, Agde et Sète. Nous avons loué des vélos à Relax Bike Tours à Béziers, des vélos d’excellente qualité. Ils ont déposé les vélos à Toulouse et les ont ramassés à Sete.
Merci Jean-Marc, très jolie description qui, entre autres avantages, encourage aussi les “débutants” cyclotouristes ! J’aime beaucoup l’idée des étapes courtes qui permettent de faire aussi des découvertes touristiques en passant, ou en fin de journée. J’aime aussi que les vacances commencent en sortant de la maison. Quant aux trains grandes lignes qui ne prévoient pas encore une voiture pour les vélos chargés de bagages, et bien, ça pourrait faire un bon objectif 2023 pour la SNCF 😀