A la rédactionDécryptage
On peut construire soi-même son vélo-cargo
Une vraie alternative à la voiture en ville, ce cargo à pédales. Trop cher ? Mais non : on peut apprendre à le fabriquer soi-même, et pour le prix d’un simple vélo. Exemple à Lorient dans les ateliers de l’Abri Syklett*.
Vélo rallongé à l’arrière ou équipé d’une caisse à l’avant, le « vélo cargo » permet de transporter enfants et charges lourdes (courses, surfs, instruments de musique…). « Le vélo cargo est né aux USA et en Europe du nord, dans les années 2000. Inspiré des vélos utilitaires du début du XXe siècle, il a été remis au goût du jour par des surfeurs et des skateurs qui ont inventé le mode de vie qui va avec », explique Serge Philippe.
Bon bricoleur
Séduit par le concept, il s’est lancé dans la construction de son premier prototype dès 2010.
« J’ai trouvé des modèles sur internet. Je suis mécanicien de formation et bon bricoleur, ça paraissait jouable. J’ai greffé deux vélos ensemble, fixé une planche, et voilà ! J’ai été le premier à en avoir un sur le pays de Lorient et ça a plu autour de moi. Du coup, avec l’association, on a lancé la fabrication d’autres prototypes puis, à titre personnel, je suis passé à la vitesse supérieure en investissant dans un vélo neuf, un modèle avec caisse devant, haut de gamme, à assistance électrique. À chaque fois que je le faisais essayer tout le monde était emballé mais c’était beaucoup trop cher, personne ne pouvait se permettre d’en acheter un. Parmi les gens qui viennent nous voir, certains choisissent le moyen de transport vélo pour des raisons économiques. Ils se déplacent soit à pied soit en bus parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter une voiture. Un vélo cargo serait idéal pour eux mais il faut compter entre 2 500 et 6 000 euros. Ça s’adresse à celles et ceux qui ont les moyens ou qui ont décidé de remplacer leur voiture par ce mode de déplacement. Un art de vivre pas accessible à tous. »
Savoir partagé
Ainsi est née l’idée de développer une flotte de vélos cargos « chic et pas cher », du fait maison, construit en combinant du neuf et de la récup.
« On part d’un vélo électrique neuf, sélectionné pour son rapport qualité/prix, et on le transforme en vélo-cargo avec des vélos et des pièces de récupération. En gros, il faut compter 350 € pour un vélo équipé de batterie plomb (pour des batteries au lithium, c’est plus cher et pas forcément utile), et une vingtaine d’heures de boulot. Chacun peut inventer son modèle. Moi, je suis là pour jouer le « coach technique », mais après c’est une question de goût, chacun fait son vélo à sa mesure, suivant sa personnalité ; c’est une sorte d’œuvre et en plus c’est un moyen de transport ! On en a déjà fabriqué trois sur Lorient et cinq dans une commune proche. Quand il y en aura dix en circulation sur Lorient, ça fera de l’effet ! ».
Le bouche à oreille fonctionne, et grâce à lui, une douzaine de personnes sont actuellement en train de construire leur vélo cargo à l’Abri Syklett. Ils devraient être terminés d’ici quelques semaines, en attendant qu’un nouveau groupe prenne le relais, car l’idée c’est que ceux qui ont appris se chargent ensuite d’une partie de la transmission du savoir… et ainsi de suite !
Emmanuelle Debaussart et Serge Philippe, Vél’Orient
Vous pouvez aussi vous inspirer du tuto de Vel’Orient sur Youtube.
* L’abri Syklett est un collectif comprenant quatre associations : Vel’Orient (membre de la FUB), l’UEAJ (éducateurs), OPTIM-ISM (légumes bio) et la Sauvegarde 56. Voir syklett.bzh
Belle et bonne initiative, bravo !