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Mobilité et valeur du temps : que vous apportent réellement vos déplacements ?

En ce début 2019, la FUB vous a présenté le projet européen H2020 MoTiV - Mobility and Time Value. D’abord dans ses newsletters, puis sur le site internet de la FUB. Enfin, au congrès, vous avez découvert Woorti, l’application au petit écureuil volant qui vous accompagne dans vos déplacements. MoTiV, Woorti, perception du temps et mobilité, pourquoi un tel projet? Pourquoi la FUB ? Quelle utilité ? Petit résumé.

MoTiV, un projet ambitieux

Le temps a-t-il la même valeur pour un voyageur se reposant dans un bus con­fort­able, pour le vélotafeur dont l’itinéraire longe un canal, ou pour l’automobiliste stressé au volant ? Le but du pro­jet MoTiV est de redéfinir la valeur du temps de tra­jet, en prenant en compte les envies des usagers et leurs activ­ités pen­dant leurs déplace­ments. En économie des trans­ports, le temps est une « con­som­ma­tion con­trainte » et il est con­sid­éré com­ment une vari­able à min­imiser pour nos déplace­ments. Dans une société où l’on court con­stam­ment après le temps, et où les déplace­ments domi­cile-tra­vail pren­nent en moyenne deux ans de notre vie, le pro­jet MoTiV se tourne vers la val­ori­sa­tion de l’usage de ce temps et l’utilité perçue.

Le con­sor­tium du pro­jet MoTiV com­prend six prin­ci­paux parte­naires européens dont l’ECF (Euro­pean Cyclists’ Fed­er­a­tion). Pour éten­dre la portée du pro­jet sur dix pays européens, l’ECF a man­daté qua­tre de ses mem­bres (dont la FUB) pour venir en appui au pro­jet.

Pourquoi s’engager dans le pro­jet MoTiV ?

La FUB  s’est engagée dans le pro­jet MoTiV pour trois raisons : l’occasion de faire par­tie d’un pro­jet de recherche européen (notre pre­mier !), for­mer des liens plus forts avec sa fédéra­tion européenne, l’ECF, et enfin s’extraire des débats habituels sur les change­ments de mobil­ité. « Nous avons besoin de temps », dis­ait Edouard Philippe lors de l’annonce du plan vélo. Et si nous avions sim­ple­ment besoin de mieux l’utiliser ? La FUB est per­suadée que le vélo est le mode de trans­port le plus rapi­de en milieu urbain, les études le prou­vent, mais pour l’usager seul le temps perçu fait foi.

On vous invite à vous lancer dans l’utilisation de Woor­ti pour de nom­breuses raisons : au niveau indi­vidu­el pour en savoir plus sur vous-mêmes, et pour soutenir les chercheurs qui ten­tent de faire évoluer les con­cepts de base de l’économie des trans­ports ; au niveau col­lec­tif parce qu’une fois les don­nées agrégées en sta­tis­tiques, on peut pari­er sur des argu­ments sup­plé­men­taires en faveur du vélo.

La perception du temps est une notion individuelle

Cha­cun perçoit son temps dif­férem­ment : trop long, trop lent lorsqu’il est déplaisant, trop rapi­de lorsqu’on y prend du plaisir ou qu’on est pro­duc­tif. Les chercheurs pro­posent une déf­i­ni­tion de l’utilité perçue d’un déplace­ment, qui repose sur trois caté­gories : « pro­duc­tiv­ité » pour la réal­i­sa­tion de tâch­es per­son­nelles ou pro­fes­sion­nelles, « plaisir » lorsqu’on se repose et qu’on se détend lors du tra­jet et « con­di­tion physique » pour ceux qui réalisent leur exer­ci­ce quo­ti­di­en et se main­ti­en­nent en forme.

Cet usage de notre temps dépend des modes de déplace­ment à dis­po­si­tion, des con­traintes organ­i­sa­tion­nelles, des besoins indi­vidu­els et pour beau­coup du con­texte cul­turel et édu­ca­tion­nel. Il faut donc définir les fac­teurs les plus influ­ents sur l’utilité ressen­tie du temps de tra­jet et par con­séquent, ceux qui influ­en­cent nos choix en matière de déplace­ments. Comme il n’existe aucun con­texte ana­ly­tique antérieur, c’est l’approche sta­tis­tique qui est choisie avec une récolte mas­sive de don­nées à tra­vers l’Europe (échan­til­lon de 5 000 usagers visé). Rien de tel qu’une appli­ca­tion smart­phone pour cela.

Woorti : mettez-vous vos déplacements à profit ?

L’application Woor­ti, disponible sur Google Play et l’App Store, récolte d’une part vos don­nées pour les besoins du pro­jet MoTiV, et d’autre part donne l’occasion de se ren­dre compte de l’utilité perçue de vos déplace­ments. Seules les don­nées agrégées et anonymisées seront com­mu­niquées aux parte­naires du pro­jet et pour les besoins de la recherche. Pour l’utilisateur, l’application ren­voie des sta­tis­tiques sur le temps de tra­jet et les dis­tances par­cou­rues ain­si que l’utilité perçue selon les préférences choisies et les répons­es fournies sur la per­cep­tion et les activ­ités lors des tra­jets. Si vous voulez vous com­par­er avec vos col­lègues ou les autres usagers de votre ter­ri­toire, l’application dis­pose d’un sys­tème de points qui per­met un classe­ment des par­tic­i­pants. Peut-être même que votre employeur pour­rait prof­iter de l’application pour un chal­lenge mobil­ité ?

Par­ticipez à notre col­lecte de don­nées !

En France, la FUB cherche la par­tic­i­pa­tion d’un min­i­mum de 700 usagers, tous modes de trans­port con­fon­dus.

  • Pour que votre par­tic­i­pa­tion soit exploitable, il faut :
  • Com­pléter entière­ment votre pro­fil util­isa­teur ;
  • Utilis­er Woor­ti pen­dant 14 jours (pas for­cé­ment con­sé­cu­tifs) ;
  • Pour chaque journée : au moins un tra­jet où l’utilisateur four­nit un retour d’expérience ;
  • Répon­dre à 50 % des enquêtes pro­posées par Woor­ti.

Pour que Woor­ti puisse vous apporter plus de retours sur l’utilité de vos déplace­ments, cor­rigez et validez a min­i­ma le mode de déplace­ment util­isé.

Col­lecte de don­nées entre mai et octo­bre 2019.

 

Retour sur la Table ronde Mobil­ité et per­cep­tion du temps le 18 avril à Greno­ble

La FUB a organ­isé le 18 avril dernier à la COOP Info­Lab la Péniche à Greno­ble un débat sur la mobil­ité et la per­cep­tion du temps, avec la par­tic­i­pa­tion de Sylvie Lan­driève, co-direc­trice du Forum Vies Mobiles, Matthieu ADAM, chercheur à l’ENTPE-LabeX IMU et Olivi­er Schnei­der, prési­dent de la FUB.

Com­ment percevez-vous votre temps de déplace­ment ? C’est la ques­tion qui était posée aux par­tic­i­pants. La per­cep­tion du temps est en effet unique à cha­cun et intime­ment liée à notre mode de trans­port.

Tou­jours plus loin, tou­jours plus vite… que ce soit pour les véhicules indi­vidu­els ou pour les marchan­dis­es, la dis­tance ne doit plus être une lim­ite. Cette vitesse, ou pos­si­bil­ité de vitesse, est un stress pour notre cerveau. Elle sem­ble aus­si déter­min­er une cer­taine hiérar­chie sociale, d’où peut-être l’attachement à la voiture de la part de cer­taines pop­u­la­tions. Les infra­struc­tures per­me­t­tant les grandes vitesses sont aus­si sources de coupures pour les modes de déplace­ment plus lents. Il est devenu plus aisé de par­courir des dizaines de kilo­mètres entre la ville et la cam­pagne plutôt que de faire quelques kilo­mètres en milieu péri­ur­bain.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’un déplace­ment ? Com­ment faire pour décar­bon­ner ces flux de per­son­nes et de marchan­dis­es, dans un con­texte où tout doit tou­jours être plus rapi­de car le temps de déplace­ment n’a pas de valeur économique ? En voulant don­ner à tous le moyen d’aller vite, partout, n’importe quand, la société s’est créée un besoin qui n’existait pas 100 ans plus tôt : celui d’être mobile à tout prix.

La solu­tion pour prof­iter au mieux de notre temps serait de moins le pass­er en déplace­ments, ou bien en déplace­ments plus lents, telle fut la con­clu­sion de cette soirée-débat.

Pour en savoir plus :

Un article à lire aussi dans Vélocité n°151 — mai-juin 2019, une publication de la FUB.

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