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Loi Mobilité : le vélo enfin reconnu
Deux ans après les Assises de la mobilité, la loi d’orientation des mobilités vient d’être adoptée - une victoire indéniable pour la FUB malgré quelques manques. Tour d’horizon avec Agnès Lazszyck, artisan du plaidoyer sur le texte.
Le projet de loi sur les mobilités avait été présenté en conseil des ministres le 26 novembre 2018. L’Assemblée nationale a adopté définitivement la LOM le 19 novembre dernier. Aboutissement de plus de deux ans de concertation (dont les Assises de la mobilité à l’automne 2017), cette loi apporte des avancées très attendues et reconnaît le vélo comme un mode de déplacement à part entière.
La FUB, acteur législatif incontournable sur la mobilité
Certes, toutes les demandes de la LOM n’ont pas été retenues. Nous n’avons pas réussi à faire passer par exemple l’obligation du « savoir rouler à vélo » dans le cursus scolaire, ni à fixer un nombre de places de stationnement en gare, le Forfait mobilité durable (FMD) reste facultatif pour les employeurs, les poids lourds ne sont pas obligés d’être dotés d’équipement contre les angles morts. Niveau financement, notre proposition d’une taxe sur les publicités automobiles n’a pas été retenue, et surtout, le gouvernement n’a pas alloué le budget de 200 millions d’€/an que nous demandions. Le Parlement et le Gouvernement ont procédé à des compromis comme dans tout débat démocratique. Certains lobbies en face de nous, comme la SNCF ou les constructeurs de voitures, ont été puissants. Mais la FUB n’a pas à rougir… Sur 1 900 amendements en séances et commissions, plus de 10 % ont repris des demandes de la FUB pour le vélo !
Un travail de fond avec les acteurs du vélo
La FUB a dû aussi agir face à des propositions qui allaient à l’encontre du vélo (par ex : obligation du casque, retrait du droit de passage sur les chemins de halage, stationnement vélo obligatoire si présence d’aménagement cyclable seulement, retrait de l’article de la loi Laure sur l’obligation d’aménagement cyclable…). Il a fallu ainsi à chaque étape étudier tous les articles du projet de loi, les nombreux amendements déposés et émettre un avis argumenté sur chacun d’entre eux. Il a fallu aussi chercher des « amis » auprès d’autres fédérations et associations (Réseau Action Climat, FNAUT, Club des villes et territoires cyclables, Vélo et Territoires, AF3V, CycloTransEurope…) et trouver des positions communes à défendre afin d’être plus forts.
Des liens constructifs avec le gouvernement et les parlementaires
à chaque étape du débat législatif, nous avons travaillé en amont et en direct avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, et le cabinet du Premier ministre côté gouvernement, avec les présidents des commissions Développement durable de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi qu’avec les rapporteurs pour chacune des positions que nous défendons. Force est de constater les nombreuses avancées acquises en faveur des mobilités actives dont le vélo dans le texte adopté. La LOM représente un tournant.
Les avancées principales de la LOM pour le vélo
- La reconnaissance d’un réseau cyclable national au même titre que les réseaux ferroviaires, fluviaux et routiers.
- L’amélioration de l’obligation d’aménagements cyclables et de leur continuité.
- La mise en place d’un schéma national de véloroutes et la définition de la véloroute.
- L’amélioration de la complémentarité vélo/train et vélo/autocar, les volumes restant à préciser par décret, notamment la création d’obligations en termes de stationnement sécurisé dans les gares et les pôles multimodaux, à l’horizon 2024, ainsi que sur le transport des vélos dans les trains et dans les cars.
- La lutte contre le vol et le recel de vélo, en rendant obligatoire l’identification des vélos neufs à partir de 2021.
- La généralisation du « savoir rouler à vélo » avec attestation délivrée par les écoles et rapport annuel.
- La création d’un « forfait mobilité durable », une prime vélo défiscalisée jusqu’à 400 euros par an, outil d’incitation à la transition écologique des salariés pour leurs employeurs, lesquels discuteront dorénavant de la mobilité lors des négociations annuelles obligatoires.
- Des stationnements vélos dans les 5 mètres en amont des passages piétons.
- La mise en place facilitée de stationnement sécurisé dans les copropriétés.
- Un message promotionnel pour les mobilités actives et durables dans les publicités des véhicules motorisés.
Et maintenant ?
Cette loi constitue un cadre, un socle. Tout dépend maintenant comment elle sera appliquée. Or, beaucoup de dispositions doivent se traduire dans des décrets d’application que le Gouvernement va rédiger. La FUB va suivre ces projets avec attention et être force de propositions sur leur contenu. Un effort de facilitation pour les associations membres du réseau FUB est également prévu afin de permettre aux acteurs locaux de se saisir des nouveaux leviers créés par la LOM. Le travail continue…
Agnès Laszczyk
Vice-présidente de la FUB