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Quand le vélo reste à quai
Le train suscite un engouement nouveau, à l’heure du développement massif des mobilités actives et de la culpabilité grandissante de certains à prendre l’avion. Pour le transport des cyclo-voyageurs, la SNCF affiche malheureusement... un train de retard.
C’est une nouvelle qui a fait grand bruit fin août : la fréquentation des trains a augmenté, non pas de 5 % comme estimé par la compagnie ferroviaire, mais de 7 %. Cette progression record a cependant été entachée sur les réseaux sociaux ; les récits de voyages de cyclotouristes ont mis en évidence un retard certain dans la prise en compte des voyageurs à vélo.
Une famille dans le territoire de Belfort s’est vue obligée de descendre du train ; la réservation pour les vélos ayant été supprimée pour leur trajet, malgré leurs billets conformes, la famille est restée à quai, perdant plusieurs centaines d’euros de réservation au passage. Une situation qui s’est répétée tout au long de l’été, comme en témoignent les nombreux messages relayés sur le réseau social Twitter, avec le #monvélodansletrain.
Comment voyager en train avec son vélo actuellement ? Le voyageur qui se pose cette question n’est pas au bout de ses peines ; chaque type de train a sa spécificité. Les TER (trains express régionaux) acceptent les vélos sans réservation mais dans la limite des places disponibles. Problème : impossible de connaître la capacité d’accueil à l’avance, à la fois pour le personnel à quai, qui « ne découvre souvent qu’au dernier moment le matériel mis à disposition » — selon un contrôleur en gare d’Avignon — que pour les voyageurs, qui n’ont aucune possibilité d’anticiper leur trajet autrement qu’en se rendant le plus tôt possible sur le quai. De plus, l’aménagement des rames ne rend pas le voyage aisé pour celui qui souhaite avoir son vélo. Pour avoir tenté l’expérience cet été, j’ai pu noter de grosses différences entre les TER de régions différentes : marches ou pas, crochets ou simples emplacements, sangles ou rails, 2 ou 8 places… aucun TER ne se ressemble ! Le constat est le même pour les gares, qui sont souvent inaccessibles aux vélos tout comme aux voyageurs les plus vulnérables telles les personnes à mobilité réduite ou les jeunes enfants. Escaliers interminables, ascenseurs trop étroits, constituent autant d’obstacles supplémentaires. Quant aux rampes installées sur les escaliers, bien souvent elles sont mal installées et la pédale du vélo tape contre le mur !
Une situation qui pourrait s’avérer risible si elle ne mettait pas, de facto, des usagers sur le côté.
Quand il s’agit de voyager sur de plus grandes distances, la tâche se complique et impose le choix de la lenteur ; les TGV n’acceptent quasiment plus de vélos à leur bord depuis 2017. Quand c’est possible, la place dédiée au vélo est facturée 10 €. Cependant, dans la majorité des cas, le vélo doit être démonté et rangé dans une housse. Or, celui qui a déjà dû remonter une fois son vélo n’a souvent pas envie de renouveler l’expérience. En voyage, les sacoches et autres affaires rendent l’opération fastidieuse si ce n’est impossible !
Le meilleur choix pour le voyageur longue distance reste encore le train Intercités à réservation obligatoire. Mais avec une capacité de 4 vélos par rame, même celui-ci montre ses limites… De plus, les trajets proposés sont loin de couvrir l’ensemble du territoire français et imposent d’avoir plus de temps disponible pour effectuer ses déplacements. Ces lignes « lentes » devraient évoluer pour permettre un transport dans de bonnes conditions des cyclo-voyageurs qui, pour certains, sont prêts à prendre plus de temps et à payer pour un espace vélo si celui-ci permet de voyager sans stress. La plupart des trains sur ces lignes ne circulent jamais complets, alors que la demande en cyclotourisme est en très forte hausse !
La solution ? Inscrire dans la loi l’obligation d’emplacements minimum dans les trains. C’est ce que la FUB avait demandé dans le cadre de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) ; augmentation de la capacité d’emport dans les trains : 2 % des places assises, avec un minimum de 6. Cet amendement ayant été refusé, la capacité d’emport de vélos non démontés sera fixée par décret et ne concernera que les rames neuves ou rénovées.
Le salut viendra peut-être de l’Europe, qui a tout intérêt à s’inspirer de ses homologues allemands ou belges. En attendant, continuez de voyager !
Sources :
www.20minutes.fr
www.leparisien.fr
www.rtl.fr
Un article à lire aussi dans Vélocité n°152 — septembre-octobre 2019, une publication de la FUB.