A lire
Insee, de nouvelles données pour le vélo
Après de longues années d’attente, l’Insee communique enfin les données locales sur les déplacements domicile-travail, avec un mode vélo séparé de son cousin honni le « deux-roues » motorisé. Qu’est-ce que ça change ?
La récente subdivision de la catégorie « deux roues » entre vélo et deux-roues motorisé, dans le questionnaire du recensement général de la population, nous la devons en grande partie au travail tenace de Geneviève Laferrère, présidente de la FUB à l’époque des négociations avec l’Insee.
De quoi s’agit-il ?
Concrètement, l’Insee met à disposition deux jeux de données issues du recensement de la population:
• Mobilité professionnelle : nombre et caractéristiques des actifs (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, niveau d’études, type de ménage etc.) pour les liaisons entre commune de résidence et commune d’emploi, et surtout mode de transport principal ;
• Mobilité scolaire : nombre et caractéristiques (sexe, âge, niveau d’études etc.) des scolaires de 2 ans ou plus pour les liaisons entre commune de résidence et commune d’études. Malheureusement le mode de transport n’est pas spécifié dans ce jeu.
Le recensement s’effectue de manière glissante sur des périodes de 5 ans ; les données publiées en 2020 portent alors le millésime 2017, année médiane de la période 2015–2019.
Quelques précautions d’usage
Il ne s’agit pas ici de statistiques sur le nombre de déplacements mais sur le nombre d’actifs concernés par une liaison inter-communale. L’absence d’information sur la fréquence des trajets ne permet pas de reconstituer, du moins directement, les flux de déplacements.
Il s’agit du mode principal de déplacement. Un déplacement vélo + train, par exemple, sera affecté au train. L’intermodalité ne peut donc pas être analysée avec ces données.
La part d’actifs déclarant utiliser le vélo est donc différente de la part modale (part du vélo dans les déplacements), qui est l’indicateur classique de représentation du partage modal. On peut même dire ici que la part d’actifs à vélo est supérieure à la part modale du vélo pour les déplacements domicile-travail. Les personnes se déclarant cyclistes n’utilisent pas le vélo pour la totalité de leurs déplacements (saisonnalité, météo, enchaînement occasionnel de déplacements plus longs, fainéantise etc.).
La méthode d’enquête, ainsi que le caractère déclaratif, imposent de considérer les « flux » de moins de 200 actifs comme des ordres de grandeur selon l’Insee.
Utilisation pratique
De multiples utilisations sont possibles, que ce soit pour la compréhension générale des comportements de mobilité, la modélisation, le diagnostic sur un territoire et bien sûr pour orienter les actions de manière éclairée.
Nous proposons ainsi 2 visualisations orientées vers l’action pour le développement des déplacements à vélo :
1. Comparer les villes selon la part d’actifs cyclistes
La première exploitation consiste évidemment à comparer la part des actifs utilisant le vélo dans les différentes communes afin d’identifier les bons et mauvais élèves.
Attention tout de même aux interprétations. Il est question ici de liaisons intercommunales. La part d’actifs à vélo dépend bien sûr du « climat vélo » de la commune de résidence (satisfaction des usagers mesurée par le Baromètre Parlons-Vélo) mais également des autres communes traversées…
Un autre biais concerne la localisation des emplois. Une ville peut être très cyclable, mais si une grande part des emplois se situent à 50 km, alors la part de cyclistes sera faible.
Enfin la structure de la population active communale (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle), la topographie etc. ont une influence sur la proportion de cyclistes qui est indépendante du climat vélo (cf article page 8)
La visualisation interactive proposée permet de dépasser en partie ces écueils en donnant la part de cyclistes totale mais également pour les seules liaisons intracommunales. Cette dernière est plus liée à la configuration de la seule commune de résidence et donc plus pertinente pour classer les communes.
2. Identifier les liaisons à aménager en priorité
On s’intéresse ici aux liaisons entre communes afin d’identifier celles supportant un nombre conséquent d’actifs et étant théoriquement faisables à vélo.
La carte ci-dessous représente les liaisons avec une épaisseur de trait liée au nombre d’actifs concernés et une couleur correspondante à la part du vélo. Le tableau donne la liste des communes liées à celle sélectionnée, le nombre d’actifs et la répartition par mode.
Illustration
Cette vue explique en partie le succès du vélo auprès des actifs grenoblois. Les 13 liaisons concernant le plus d’actifs font en effet moins de 10 km. Parmi celles-ci, les liaisons concernant La Tronche, Saint-Martin d’Hères et Fontaine comptent de 15 % à 23 % de cyclistes. À l’inverse, la liaison avec Échirolles (4,2 km) ne compte que 9% d’actifs cyclistes… une belle marge d’amélioration !