La Tribune

Julie Pillot, administratrice de la FUB : « Faire du vélo une évidence »

La FUB, c’est avant tout des personnes, bénévoles ou salariés. La fédération attire des profils variés et c’est sa force. Vélocité vous propose de mieux connaître ces acteurs qui agissent au quotidien pour le vélo. Julie Pillot, 30 ans, est bénévole à la FUB depuis 2018 et membre du CA depuis mai 2019.

©Julie Pil­lot

Qu’est-ce-qui t’a poussé à t’impliquer dans l’action associative pour le vélo ?

J’ai com­mencé à militer pour le vélo car je suis con­va­in­cue que c’est un mode de déplace­ment très béné­fique pour la ville et trop peu encour­agé par les pou­voirs publics (surtout lorsque l’on com­pare les mon­tants financiers engagés entre la voirie ou les trans­ports en com­mun avec ceux pour le vélo). J’ai rejoint l’association Vélo-Cité, à Bor­deaux, où j’habitais. J’ai ensuite rejoint Paris en Selle lorsque j’ai démé­nagé. Aujourd’hui, la prise de con­science se fait dans les villes mais se pose l’énorme défi des zones moins dens­es (péri­ur­bain et zones rurales) où se déplac­er à vélo est très loin du pos­si­ble dans les esprits, et donc, il est d’autant plus dif­fi­cile d’obtenir des finance­ments pour des amé­nage­ments dédiés au vélo auprès de col­lec­tiv­ités avec des bud­gets con­traints.

Quel est ton rôle à la FUB ?

Je m’occupe de pro­pos­er des out­ils et des ani­ma­tions au réseau, comme le guide pour mon­ter son asso­ci­a­tion pro-vélo et les ren­con­tres Par­lons vélo qui auront lieu en mai à Reims, et plus glob­ale­ment de ren­forcer le lien entre la FUB et ses mem­bres, avec un tra­vail en cours sur l’observatoire. Je par­ticipe aus­si à l’organisation des journées d’études et à la plate­forme munic­i­pales 2020. Je col­la­bore ponctuelle­ment à d’autres pro­jets, de recherche ou de lob­by­ing.

Quel est ton parcours professionnel ?

Je suis ingénieur ter­ri­to­r­i­al et je tra­vaille à l’amélioration des ser­vices d’eau et d’assainissement, hier en région parisi­enne, aujourd’hui dans la Drôme. A ce titre, je con­nais bien le fonc­tion­nement des col­lec­tiv­ités et les dif­férentes strates du mille-feuille ter­ri­to­r­i­al. C’est utile pour bien com­pren­dre quels acteurs sol­liciter pour faire avancer la solu­tion vélo !

Quels sont tes talents et compétences que tu mets au service de la FUB/Paris en Selle ?

Mes con­nais­sances des col­lec­tiv­ités, des marchés publics et des travaux de voirie sont utiles pour une bonne com­préhen­sion des enjeux qui découlent des poli­tiques de mobil­ités. Je tra­vaille depuis peu directe­ment avec des élus, ce qui sera utile, j’en suis sûre. J’essaie de met­tre à prof­it mon habi­tude de tra­vailler avec des instances pour faciliter le fonc­tion­nement entre le CA et les salariés.

Avoir été admin­is­tra­trice de deux asso­ci­a­tions mem­bres de la FUB très dif­férentes est une moti­va­tion pour tra­vailler à l’animation du réseau.

Je mets égale­ment à prof­it une expéri­ence pro­fes­sion­nelle en recherche pour col­la­bor­er sur les pro­jets de la com­mis­sion Etudes et recherche de la FUB.

Quelles sont tes impressions de la FUB vue de l’intérieur ?

J’ai pu vivre au CA l’émergence du plan vélo nation­al et l’énorme tra­vail de lob­by­ing fait pour la Loi d’Orientation des Mobil­ités (LOM), qui doit se pour­suiv­re dans sa mise en œuvre. A mon sens, les défis sont nom­breux, les envies mul­ti­ples, cer­taines ques­tions ne peu­vent pas atten­dre (comme le « savoir rouler », le mar­quage des vélos, les décrets d’application de la LOM actuelle­ment), et la FUB a besoin d’augmenter ses ressources bénév­oles, afin de libér­er du temps et de l’énergie aux admin­is­tra­teurs pour tra­vailler sere­ine­ment avec l’équipe salariée en crois­sance.

Il me sem­ble que dans son rôle de fédéra­tion et de représen­ta­tion, la FUB doit veiller à ne pas nég­liger ses mem­bres dans sa stratégie et dans la con­struc­tion de ses pris­es de posi­tion (embar­que­ment des vélos dans les trains par exem­ple) et cela néces­site un tra­vail de fond qu’il est par­fois dif­fi­cile de faire dans le tour­bil­lon des actu­al­ités et des urgences.

J’espère que les chantiers de réno­va­tion des out­ils d’échanges au sein du réseau et l’audit sur les out­ils de com­mu­ni­ca­tion qui sont en cours per­me­t­tront de dévelop­per une com­mu­nauté des bénév­oles FUB, mal­gré l’éloignement géo­graphique, pour que les mil­i­tants se sen­tent plus proches de son action et en capac­ité de par­ticiper.

Comment vois-tu le vélo en France dans 20 ans ?

Dans 20 ans, je suis con­va­in­cue que le vélo aura pris une vraie place dans les villes et sera pra­tiqué en sécu­rité tant par des enfants que par des per­son­nes avec des capac­ités physiques réduites. Il se sera adap­té aux dif­férents usages (VAE, car­go, tri­por­teurs, tri­cy­cles…). Se déplac­er à vélo ne sera plus ressen­ti comme dan­gereux, les autres usagers seront habitués aux cyclistes, grâce à des amé­nage­ments de qual­ité et fonc­tion­nels.

Le vélo sera plus générale­ment un mail­lon recon­nu et impor­tant de la chaîne de déplace­ments et de l’intermodalité. Il sera pos­si­ble de trans­porter son vélo dans les cars et les trains ou de le laiss­er en sécu­rité aux gares et arrêts de bus. Les itinéraires cyclables seront bien iden­ti­fiés pour reli­er des bassins de vie, per­me­t­tant de cir­culer en sécu­rité dans les zones peu dens­es.

As-tu une expérience du vélo à l’étranger ?

Dans les Pouilles en Ital­ie, j’ai vu peu d’aménagements, il était dif­fi­cile de trans­porter les vélos dans les trains, mais il y avait peu de monde sur les routes et c’était très agréable.

J’ai eu la chance de faire du vélo au Dane­mark, en Alle­magne ou encore aux Pays-Bas, où les itinéraires sont jalon­nés. Il est facile de pren­dre le vélo dans les trains et les routes sont plutôt en bon état. Par con­tre, j’ai été sur­prise de voir le nom­bre de pistes sur trot­toirs en Alle­magne. Il faut l’esprit ger­manique pour que la cohab­i­ta­tion se passe bien.

J’ai noté qu’à Berlin, le mar­quage vélo était présent aux inter­sec­tions (ban­des, flèch­es) et absent sur les lignes droites, ce qui mon­tre qu’ils font l’essentiel pour assur­er la sécu­rité des cyclistes alors qu’en France, la ten­dance est de faire le mar­quage « facile » sur les sec­tions droites et plus rien dans les inter­sec­tions, quand ça se com­plique…

Si tu avais un message à faire passer aux associations du réseau FUB, quel serait-il ?

Par­lez de la FUB dans vos asso­ci­a­tions et venez nom­breux aux ren­con­tres Par­lons vélo à Reims, ouvertes à toutes et tous ! Lisez le guide FUB « Créer et ani­mer une  asso­ci­a­tion pro-vélo », même si vous exis­tez depuis longtemps. Vous y trou­verez cer­taine­ment de quoi nour­rir votre réflex­ion.

Et pour les per­son­nes qui se dépla­cent à vélo en France plus générale­ment ?

Con­tin­uez, mon­trez à votre famille, vos amis, vos col­lègues que c’est pos­si­ble, que ce n’est pas dan­gereux et à la portée de tous !

Si ce n’est pas fait, adhérez à l’association FUB locale. Cela lui per­me­t­tra d’augmenter sa légitim­ité auprès des acteurs locaux pour les encour­ager à traiter sérieuse­ment les déplace­ments à vélo.

Et si vous pou­vez, militez pour le vélo, car il faut se faire enten­dre pour chang­er rad­i­cale­ment les poli­tiques de mobil­ités et faire du vélo une évi­dence.

Un article à lire aussi dans Vélocité n°154 — janvier-février-mars 2020, une publication de la FUB.

Tags
En voir plus

Vous aimerez également...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close
Close