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Avec la Covid-19, le monde entier se met au vélo !
Avec la Covid-19, les politiques cyclables ont fait un grand bond en avant. Tour d’horizon mondial des mesures d’urgence pour le vélo.
L’année 2020 avait bien commencé ; partout en France des militants avaient rencontré des candidats aux élections municipales pour parler de la place à donner au vélo dans leur commune. Nous avions senti que cette question commençait à intéresser, hors de tout clivage politique. Puis, la Covid-19 arriva et mit le pays et nos vies à l’arrêt. Alors que de nouvelles normes comportementales émergeaient, se posait déjà la question de nos déplacements à l’issue du confinement. Comment respecter la distanciation physique nécessaire dans nos espaces urbains si contraints ?
L’urbanisme tactique revient par l’Amérique latine
Rapidement là encore, le vélo apparaît comme une solution non seulement plausible, mais crédible. Partout en France et à l’international, un concept des années 60 revient sur le devant de la scène : l’urbanisme tactique. Il s’agit de rééquilibrer l’espace public pour donner plus de place à ceux qui en ont besoin, c’est à dire les piétons mais aussi les cyclistes. Peu à peu, des pistes cyclables temporaires fleurissent, pour garantir la distanciation physique dans un espace public saturé et les transports en commun qui roulent encore. Une des premières villes à s’y mettre est Bogota, capitale de la Colombie, dès le 23 mars. De grands boulevards urbains se métamorphosent en pistes cyclables d’une qualité et d’une esthétique exceptionnelle, en dépit de leur caractère éphémère.
Un engouement planétaire
L’exemple colombien inspire partout dans le monde des aménageurs désireux de trouver des solutions de déplacement pour leurs concitoyens. Il n’est plus question de regarder la bicyclette de loin ; elle apparaît comme un outil pratique pour se réapproprier nos rues, nos boulevards, nos avenues, qui ont vu leurs voies grandir au détriment des plus vulnérables. « Avec l’urbanisme tactique, l’espace public devient un terrain d’expérimentation », résume Mathieu Chassignet dans Libération, le 3 mai. À Berlin, Lille, Londres, Oakland ou encore New-York, les autorités prennent conscience du potentiel de la solution vélo. En France, ces pistes cyclables prennent le surnom de
« Coronapistes » en référence au contexte de leur déploiement. En avril, de grandes métropoles de l’hexagone s’y mettent (Rennes, Lille, Paris…) mais également des territoires à taille plus modeste comme Metz, Bourg-en-Bresse ou Arras. La superbe et emblématique rue de Rivoli à Paris est, sur une partie, fermée à la circulation automobile (sauf bus, taxis et riverains). Nice, ville pourtant mal classée au baromètre, fait également un saut considérable dans la cyclabilité.
Quand les autorités françaises s’y mettent enfin
Dans ce contexte foisonnant inédit, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) publie un guide complet pour mettre en place ce fameux « urbanisme tactique » : normes de distanciation, configurations types de la chaussée, matériel adéquat pour délimiter les espaces… Le document se veut complet et constitue une aide précieuse pour élus et techniciens.
Le Gouvernement abonde en ce sens en proposant fin avril à la FUB de lancer une opération « Coup de Pouce Vélo », destinée à accélérer le développement de la bicyclette en France. Aides à la réparation ou encore séances de remise en selle financées, le dispositif vient s’ajouter aux millions d’euros annoncés pour accompagner les collectivités dans la conception de ces pistes temporaires… ou plutôt transitoires. Mieux, le gouvernement britannique, qui avait pourtant annoncé de son côté plus de deux milliards de financements pour le vélo, a piqué l’idée à la FUB.