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Comment ça roule ailleurs ? Un tour d’Europe à vélo des capitales

Au cours des trois dernières années, Sylvie et Claude ont visité 25 capitales européennes. 25 capitales, 25 pays, très différents pour la pratique du vélo que ce soit dans les villes ou en dehors. Tour d’horizon.

Bonnes pratiques

L’usage du vélo est très dévelop­pé dans les pays autour de la mer du Nord et de la mer Bal­tique au cli­mat océanique et con­ti­nen­tal, mais aus­si en Autriche République tchèque, Hon­grie, Slovénie, Croat­ie ou encore en Pologne.

Des pistes cyclables relient les villes aux vil­lages, les ban­lieues et faubourgs au cen­tre des grandes villes. On y croise des gens qui vont au tra­vail, amè­nent leurs enfants à l’école, font leurs cours­es dans des com­merces de prox­im­ité et bien enten­du des touristes qui emprun­tent des vélos pour leurs vis­ites. On y trou­ve des pistes cyclables en site pro­pre mais aus­si sous forme de bande matéri­al­isée par de la couleur rouge, comme si on déroulait un tapis rouge aux cyclistes.

Dans la plu­part des pays autour de la Bal­tique, les pistes cyclables sont pri­or­i­taires aux croise­ments. Les voitures s’arrêtent pour laiss­er pass­er le cycliste. Aux feux, les auto­mo­bilistes doivent s’arrêter der­rière un espace réservé au seul cycliste. Tout est fait pour flu­id­i­fi­er au max­i­mum la cir­cu­la­tion des vélos.

La ville de Stock­holm, par exem­ple, a énor­mé­ment investi dans le réseau de pistes cyclables (env­i­ron 750 km) et « city­bikes ». Ain­si un sys­tème de péage pour voiture a été mis en place pour entr­er au cen­tre-ville où les voitures se sont faites rares. De plus, les trans­ports en com­mun sont très chers. Reste donc le vélo.

Par con­tre, le code de la route y est par­faite­ment respec­té par les cyclistes, qui sont ver­bal­isés par la police. Il arrive même que leur per­mis de con­duire soit con­fisqué. Les cyclistes sué­dois par­ticipent d’ailleurs à la for­ma­tion des cyclistes « brouil­lons » en leur rap­pelant les règles en cas d’incartade. Donc, si vous avez envie d’avoir un con­tact avec un(e) Suédois(e), faites-lui une queue de pois­son…

Vélos en libre ser­vice à Helsin­ki ©C. Kuhn

A Helsin­ki (Fin­lande), nous sommes tombés sur le « Baana », une autoroute pour cyclistes amé­nagée au cen­tre-ville et très fréquen­tée. Ici, la ville développe chaque année de nou­velles pistes cyclables, c’est pour nous LA ville du vélo. Nous sommes arrivés cet été en pleine péri­ode de travaux routiers. Des dévi­a­tions sécurisées pour cyclistes étaient mis­es en place : couloirs dédiés, pan­neaux tout le long du par­cours… En Fin­lande, pays du nord à l’hiver rigoureux et enneigé, les pistes doivent être désertées une fois le froid arrivé, nous direz-vous. Que nen­ni, les pistes sont déneigées et salées et les Fin­landais n’hésitent pas à enfourcher leur bicy­clette bien emmi­tou­flés. En 2017, 10 % de la pop­u­la­tion se rendait déjà à leur tra­vail à vélo.

A Copen­h­ague (Dane­mark), La Haye et Ams­ter­dam (Pays Bas), la bicy­clette est reine. On y voit toutes sortes de bicy­clettes, y com­pris des vélos car­go pour trans­porter les enfants ou des charges lour­des. En Hol­lande, les pistes sont larges, en excel­lent état et sécurisées, et on peut y crois­er un grand nom­bre de per­son­nes âgées se déplaçant avec leur engin élec­trique à trois ou qua­tre roues.

A Berlin et dans toute l’Allemagne, les voies cyclables sont très dévelop­pées. La mobil­ité active est ren­trée depuis longtemps dans les mœurs des alle­mands.

A Varso­vie (Pologne), il est aisé de cir­culer au cen­tre-ville : pistes, couloirs avec cohab­i­ta­tion piéton/vélo, itinéraires vélos bien sig­nalés. Un impératif : il faut descen­dre du vélo pour tra­vers­er un pas­sage pié­ton. Les vélos sont accep­tés gra­tu­ite­ment dans le tram, le métro, en tête ou en queue de rame.

A Budapest (Hon­grie), le développe­ment des pistes cyclables en cen­tre-ville est récent et en pleine expan­sion. Il existe près de 100 sta­tions de vélos en libre accès joli­ment nom­més BUBI. Cepen­dant, la cir­cu­la­tion est intense, les auto­mo­bilistes de Budapest plutôt nerveux et les pié­tons non respectueux des ban­des matéri­al­isées sur les trot­toirs partagés.

Répara­teur vélo à Sibiu en Roumanie ©C. Kuhn

Dans les faubourgs et la cam­pagne envi­ron­nante, les trans­ports en com­mun se dévelop­pent. Des pistes cyclables sont créées et des park­ings à vélo amé­nagés à côté des sta­tions de bus. Le vélo est d’ailleurs très présent dans la vie de tous les jours à la cam­pagne.

Au sud, une situation moins homogène

Dans les pays du sud de l’Europe, on note un nette dom­i­na­tion de l’automobile, qui reste reine.

Le relief est aus­si moins favor­able à la pra­tique de la bicy­clette, il y a des pentes à 15 % dans les cap­i­tales aux sept collines : Rome, Lis­bonne, Athènes.

Et pour­tant, de grands efforts sont faits par les munic­i­pal­ités, con­scientes de l’enjeu cli­ma­tique et de l’engorgement de la cir­cu­la­tion. Ain­si, à Lis­bonne, il existe pour le moment quelques pistes, mais essen­tielle­ment le long du Tage et vers des des­ti­na­tion de loisirs (parcs…).

A Madrid, des pistes et des couloirs amé­nagés où les vélos cohab­itent avec les bus et les taxis sont créés dans le cen­tre. A not­er que les couloirs restent dan­gereux, bien que la lim­ite de vitesse y soit fixée à 30 km/h. Il existe une belle piste autour de la cap­i­tale. Il est pos­si­ble de pren­dre son vélo dans le métro. Des sta­tions de vélos en libre ser­vice fonc­tion­nent depuis quelques années (Bici­mad).

A Rome, il existe une belle piste le long du Tibre et il est pos­si­ble d’emmener son vélo dans le bus, ain­si que dans cer­tains trams ou trains. Mais cul­turelle­ment, le vélo n’est pas con­sid­éré comme un moyen de trans­port quo­ti­di­en.

A Bucarest et Sofia, dans des pays à plus faible niveau de vie, la cir­cu­la­tion est très dense et les embouteil­lages sont mon­naie courante à toute heure de la journée. Quelques pistes cyclables ont été amé­nagées, mais peu de cyclistes les emprun­tent. De l’avis d’une des col­lab­o­ra­tri­ces de l’UE, nous seri­ons des « héros » d’oser cir­culer dans le traf­ic. Par con­tre, les auto­mo­bilistes respectent le « stop » (ligne blanche matéri­al­isée devant chaque pas­sage pié­ton) et s’arrêtent pour laiss­er pass­er les pié­tons.

A la cam­pagne, tout le monde pra­tique le vélo pour se déplac­er, faire les cours­es, aller au jardin ou au marché, comme en France jusque dans les années 60, avant que la voiture ne devi­enne le mode de trans­port dom­i­nant.

Du vélo trans­port au cyclo­tourisme

Depuis plus de dix ans, nous pra­tiquons le cyclo­tourisme en plus de nos déplace­ments pour aller au tra­vail (c’était avant la retraite), faire les cours­es ou d’autres activ­ités néces­si­tant un moyen de loco­mo­tion. Le vélo est devenu notre moyen de trans­port pri­or­i­taire. Sylvie a par exem­ple par­ticipé au recense­ment des points à amélior­er pour la cir­cu­la­tion à vélo à Erstein.

Ces con­stats ont été faits au cours de plusieurs périples à vélo itinérant entre 2017 et 2019, pen­dant lesquels nous avons par­cou­ru 13 500 km pour reli­er 25 cap­i­tales de l’Union Européenne. Nous n’avons séjourné et cir­culé que deux à trois jours dans les villes men­tion­nées, ces mots ne sont donc qu’un pâle reflet de notre expéri­ence.

 

Un article à lire aussi dans Vélocité n°153 — novembre-décembre 2019, une publication de la FUB.

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