A première vue, personne ne penserait à associer Saint-Brieuc, préfecture des Côtes d’Armor (22), ville moyenne de 45 000 habitants connue pour ses vallées et donc son dénivelé important, et pratique du vélo utilitaire. Car si côté sportif, il est possible de citer quelques prestigieuses références (c’est là que des coureurs cyclistes de légende, notamment Tom Simpson et Bernard Hinault, ont démarré leur carrière), autant dire que depuis le développement fulgurant de l’automobile dans les années 1960 la bicyclette avait pour ainsi dire disparu de la circulation quotidienne. Certes, la Bretagne aime à se déclarer « terre de vélo », mais cela est uniquement valable pour le vélo sportif ou de loisir, en tout cas jusqu’à une période récente.
A Saint-Brieuc, comme dans la plupart des villes françaises, on observe une augmentation notable du nombre de cyclistes du quotidien malgré des conditions a priori peu favorables : dénivelé important, météo « bretonne » et surtout absence quasi-totale d’aménagements cyclables de qualité. Les Côtes d’Armor sont le 4ème département français où l’on utilise le plus la voiture pour se rendre au travail : 86,8 % des salariés y ont recours (INSEE, 2015). Cela dit, le nombre d’adhésions à Vélo Utile explose (plus de 650 adhérents à l’automne 2019) et la fréquentation de son atelier d’auto-réparation est également en forte hausse. La participation à la première édition du Baromètre des villes cyclables en 2017 était restée timide (129 réponses), néanmoins suffisante pour être classée. La note de 2,9/6 l’exprime bien : des conditions « plutôt défavorables ».
Pour l’édition 2019, Vélo Utile a décidé de s’investir davantage dans l’enquête pour augmenter le nombre de réponses et espérer avoir un impact auprès des décideurs locaux, à quelques mois des municipales. Après seulement deux semaines, le compteur 2019 égalait déjà le niveau de 2017. Il aura suffit de quelques militants particulièrement investis (tractage sur le marché, pose d’affiches dans quelques commerces) et surtout d’un relais efficace de la presse locale pour voir le nombre de réponses grimper en flèche : l’objectif fixé par l’enquête (1 % de la population soit 450 réponses) fut atteint au bout d’un mois tout juste, ce qui faisait de Saint-Brieuc la première ville française de cette importance (plus de 20 000 habitants) à atteindre ce chiffre !
Cette deuxième édition du Baromètre Parlons vélo des villes cyclables restera comme un grand succès à Saint-Brieuc avec une multiplication par 4 du nombre total de réponses par rapport à 2017. La recette n’a pourtant rien d’une potion magique : une poignée de bénévoles motivés pour tracter et coller quelques affiches, une communication bien huilée sur les réseaux sociaux et via la newsletter à nos adhérents et surtout un relais efficace par la presse locale (papier et radio) pour toucher un large public pas forcément très militant. Si nous avions un seul conseil à donner ? Essayer de construire une relation privilégiée avec les journalistes locaux. Lorsque qu’une association locale dynamique multiplie les évènements, petits ou grands, ceux-ci sont généralement ravis de relayer ces actions dans leurs papiers. Ils peuvent devenir des alliés très efficaces, comme ce fut le cas pour nous lors de cette enquête à Saint-Brieuc.
Espérons maintenant que ce succès porte ses fruits et puisse permettre l’émergence d’un vrai débat sur les déplacements à vélo lors de la campagne des élections municipales à venir, et pourquoi pas la mise en place d’une réelle politique vélo au niveau local. Plusieurs candidats déclarés ont même déjà spontanément contacté l’association pour échanger sur cette thématique de la mobilité, à nous de transformer l’essai et d’obtenir des engagements pour plus de vélos à Saint-Brieuc !
Un article à lire aussi dans Vélocité n°153 — novembre-décembre 2019, une publication de la FUB.