Cela fait maintenant plus de dix mois que le vélo est au cœur de l’actualité à Montpellier, depuis la célèbre phrase du maire et président de la métropole: « Vous savez, faire une infrastructure pour qu’elle soit utilisée par deux personnes, c’est peut-être pas l’idéal ». La réaction citoyenne fut impressionnante avec 1 500 vélos sous les fenêtres de la mairie le 10 novembre 2018.
On aurait pu penser que cette réaction allait faire soufflet, mais force est de constater que la dynamique, portée par l’association locale Vélocité Montpellier qui a vu ses adhésions multipliées par dix, ne fait que s’amplifier (1).
Des appuis de choix
Fin janvier 2019, Olivier Schneider vient en personne à l’AG de l’association, qui fait salle comble. Il avait précédemment pu constater par lui-même les carences du réseau cyclable montpelliérain sur son célèbre Brompton, avant de rencontrer Philippe Saurel pour apporter son soutien au développement du vélo dans la ville.
En février, c’est au tour de Stein van Oosteren de venir présenter le film Why we cycle à plus de 130 personnes, dont des élus, chose inimaginable quelques semaines auparavant. Par son charisme et ses tweets fascinants sur la ville qu’il découvre à vélo, il maintient l’effervescence autour du vélo parmi la communauté cycliste de Montpellier.
En mars, Frédéric Héran vient donner une conférence à la Métropole de Montpellier, et Olivier Schneider se déplace à nouveau dans un contexte tout particulier.
La menace de Saurel
Nous sommes le 16 mars, Vélocité s’associe à la marche pour le climat et c’est encore plus de 1 000 vélos qui descendent dans les rues, avec un passage très attendu avenue de Toulouse. Cette 2 x 2 voies urbaines est LE point noir numéro 1 à vélo selon les réponses au Baromètre Parlons vélo 2017. Pour symboliser les dangers associés à la pratique du vélo sur cette artère, un die-in (action choc qui nous vient des pays anglo-saxons consistant à « faire les morts » sur la chaussée) y est prévu. Au petit matin, un groupe de bénévoles vont peindre le célèbre logo #JeSuis UnDesDeux sur ce lieu à la peinture à craie pour préparer le terrain. Action mal vécue par Philippe Saurel qui tweete : « Suite aux fausses pistes cyclables marquées sur la chaussée, route de Toulouse, je décline toute responsabilité en cas d’accident, les cyclistes pouvant être induits en erreur. Un procès verbal sera dressé. »
L’absurdité de cette menace est reflétée par les nombreuses réponses pointant les réels dangers pour les vélos en ville et la peinture est à nouveau appliquée sur la chaussée en signe de défiance. Le die-in fera date, avec des images impressionnantes : des milliers de piétons se joignent à l’action.
Quand Olivier Schneider rencontre Philippe Saurel quelques jours plus tard, ce dernier s’engage pourtant à répondre à l’appel à projets du plan vélo pour boucher une discontinuité cyclable… avenue de Toulouse ! Le maire clôt la réunion avec un tweet estampillé…
#JeSuisUnDesDeux !
Des adhérents ultra-dynamiques
Les maladresses de communication de Philippe Saurel sont finalement un excellent moteur car Vélocité Montpellier n’a jamais été aussi dynamique ! Une nouvelle génération de militants rejoint l’association et s’implique activement. L’application Vigilo, qui permet de remonter et cartographier les difficultés quotidiennes rencontrées sur les pistes cyclables, est développée par deux jeunes informaticiens vélotaffeurs. Une italienne lance les Sunrise Ride, des balades à vélo de bon matin qui rencontrent un franc succès. Les groupes de travail mis en place par le nouveau CA attirent des nouvelles têtes à chaque réunion. Les réseaux sociaux, notamment Twitter, sont inondés de vidéos, témoignages, discussions et débats sur la place du vélo dans la ville. On se sentait bien seuls en tant que cyclistes à Montpellier depuis des années ! Ce n’est plus le cas. A Montpellier, nous sommes prêts pour les municipales !
(1) Lire aussi l’article ‘’Ils n’étaient pas deux mais 1 500’’ publié sur Actuvélo.