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Mettez votre maire sur un vélo

Le sujet va devenir de plus en plus présent avec l’approche du sec­ond Baromètre des villes cyclables, puis des élec­tions munic­i­pales 2020. Com­ment arriv­er à met­tre son maire sur un vélo, au pro­pre comme au fig­uré ? On en a beau­coup par­lé au cours des ate­liers de l’après-midi, où des mil­i­tants de villes dif­férentes ont échangé sur leurs expéri­ences en la matière. Con­stat assez général : le tra­vail com­mence bien avant la cam­pagne élec­torale, celle-ci n’arrivant que dans le pro­longe­ment d’actions où l’association locale a su pren­dre sa place dans le débat pub­lic, comme sur la chaussée.

A Mont­pel­li­er par exem­ple, où Nico­las Le Moigne, entré dans le CA de l’association Véloc­ité il y a un an et demi, racon­te com­ment à l’automne dernier, les cyclistes ont pu retourn­er à leur avan­tage une sail­lie néga­tive du maire, mar­quée il est vrai par un éton­nant manque de diplo­matie. On ne va quand même pas faire des infra­struc­tures cyclables « pour deux per­son­nes », avait lancé l’édile. Fureur générale sur les réseaux soci­aux.

La force qui vient de l’adversaire

Réseaux soci­aux ? Juste­ment… pourquoi ne pas s’en servir et dif­fuser la for­mule tous azimuts ? Gag­né : « #JeSu­isUn­Des­Deux » va devenir locale­ment viral. Et après ? « Là il faut faire quelque chose, pour­suit Nico­las Le Moigne. Mais il faut choisir le bon tim­ing. On s’est demandé : faire un com­mu­niqué de presse ? Un comp­tage ? Non, ça ne rime à rien. Il faut faire une man­i­fes­ta­tion, qu’on fini­ra place de la mairie. On lève 1 500 vélos en dix jours, et les gens sont con­tents(1). Et encore : on aurait pu avoir beau­coup plus de monde s’il avait fait beau. La presse locale nous a vrai­ment aidés. La force, elle vient aus­si des adver­saires. Et aujourd’hui le maire sem­ble avoir pris le pli. Il faut savoir aus­si que les jour­nal­istes sont très act­ifs sur Twit­ter. Aujourd’hui les poli­tiques ne dis­ent plus rien sur le vélo parce qu’ils ont peur de se faire per­cuter. »

Des change­ments con­crets ont suivi : « D’un pro­jet ini­tial cen­tré autour des déplace­ments auto­mo­biles, nous avons con­va­in­cu la métro­pole de réduire la place de la voiture tout en ren­forçant celle des vélos. »

Hashtag et association

Moral­ité : asso­ci­a­tions et réseaux, ça peut être très effi­cace ensem­ble. « Le hash­tag ne serait rien sans l’association, et l’association ne serait rien sans le hash­tag. On appuie sur le fait que le vélo n’a pas de couleur poli­tique et qu’il n’a pas d’âge. On est prêts à aider tous les par­tis sur la place du vélo, on n’appartient à per­son­ne. »

Tout ça, c’est le ter­reau sur lequel vont main­tenant pouss­er les argu­ments à servir aux can­di­dats aux munic­i­pales. Et atten­tion : même si les sor­tants ne sont pas bons, éviter toute atti­tude intran­sigeante, savoir aus­si bien bous­culer que dire mer­ci. Les poli­tiques, « si vous faites que les descen­dre ça ne passe pas, si vous allez dans les deux sens ça les per­turbe. » Car comme le relève un autre mil­i­tant, à Vin­cennes, il faut savoir « dos­er entre activiste dérangeant et gen­til citoyen ». Et que ceux qui ont des scrupules à touch­er une sub­ven­tion munic­i­pale entre deux man­i­fs con­tre la Mairie sachent que c’est comme ça que ça se passe à peu près partout.

A Mont­pel­li­er ils ont invité Frédéric Héran pour une con­férence. Dans la salle, pas un élu ni un respon­s­able des ser­vices de la Ville. Si ça ne marche pas, « ça n’est pas parce qu’on s’est trompés », tem­père une mil­i­tante. Il faut essay­er autre chose, et peut-être que ça marchera mieux.

Effet secondaire positif

Avec des hauts et des bas. Dans quelques mois on sera en pleine cam­pagne, et là les recettes seront à trou­ver locale­ment, en fonc­tion de l’historique récent et des dynamiques déjà enclenchées ou non. C’est là aus­si que deux atti­tudes peu­vent s’affronter, entre les par­ti­sans d’une demande d’engagements de la part des can­di­dats, et ceux qui n’y croient plus depuis longtemps.

Effet sec­ondaire plutôt béné­fique de tout ça, indépen­dam­ment du con­texte élec­toral : « Au début, Véloc­ité vivait plutôt sur les autres asso­ci­a­tions. Aujourd’hui on désta­bilise un peu aus­si les autres asso­ci­a­tions parce qu’on est devenu plus fort. » Une syn­ergie dont tout le monde peut prof­iter si on sait se tenir dans le cer­cle vertueux cher à Frédéric Héran.