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Une énorme envie de vélo

La ville est d’ailleurs dans la moyenne pour les amé­nage­ments comme pour la pra­tique cyclable : à vélo, Le Mans n’est ni l’enfer ni le par­adis. Mais quelle envie ! Dès qu’une ini­tia­tive facilite le déplace­ment à vélo, c’est un suc­cès reten­tis­sant.

La loca­tion longue durée de vélos à assis­tance élec­trique, pro­posée par l’opérateur du réseau de trans­ports en com­mun, a longtemps été vic­time de ce suc­cès. La liste d’attente atteignait 18 mois ! La Setram a accéléré ses achats pour franchir en 2018 la barre des 1 000 VAE en cir­cu­la­tion. La demande reste forte et, pour y répon­dre, le parc des « vélos orange » doit encore aug­menter en 2019.

L’atelier d’auto-réparation de Cycla­maine, ouvert mi-2017, a atteint les 150 util­isa­teurs en quelques mois. Le Mans n’a pas encore de « Mai­son du vélo » mais les cyclistes ont déjà leur quarti­er général.

Une entrée du cen­tre pié­ton­nier, des arceaux
sat­urés et envahis par des motos. ©Cycla­maine

Le bud­get annuel de pose d’arceaux per­met pro­gres­sive­ment de mieux mailler l’hypercentre et cer­tains quartiers. C’est pour le sta­tion­nement que la ville obtient cer­taines de ses meilleures notes dans le baromètre des villes cyclables. Ils plaisent beau­coup, ces arceaux, y com­pris, et ce n’était pas prévu… aux usagers de deux-roues motorisés !

Plus de sécurité, c’est plus de cyclistes

Trop peu d’efforts ont été con­sacrés au critère le plus impor­tant : les amé­nage­ments pour la sécu­rité des cyclistes. Le baromètre des villes cyclables a per­mis de met­tre des chiffres sur ce besoin. Pas moins de 93 % des cyclistes manceaux, actuels ou poten­tiels, jugent « impor­tant d’être séparés de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile ».

A l’appel de Cycla­maine, 300 per­son­nes ont man­i­festé en sep­tem­bre dernier, avec comme mot d’ordre : « la sécu­rité main­tenant — des amé­nage­ments con­ti­nus, entretenus et respec­tés ! ». Le cortège est notam­ment passé par des boule­vards où, sur des tronçons entiers, aucune place n’est encore prévue pour le vélo.

Le mes­sage est clair : aucun kilo­mé­trage de ban­des cyclables ne répon­dra à ce besoin. Seuls des itinéraires sécurisés, effi­caces et con­fort­a­bles peu­vent vrai­ment sat­is­faire l’envie de se déplac­er à vélo.

Des aménagements sérieux, enfin ?

A la belle sai­son, des guides du ser­vice pat­ri­moine de la ville pro­posent des vis­ites thé­ma­tiques à vélo, encadrées par des bénév­oles de Cycla­maine. ©Cycla­maine

En cela aus­si, Le Mans est représen­ta­tive des villes français­es : jusqu’ici les amé­nageurs accor­daient un espace aux cyclistes là où c’était facile. Désor­mais, il s’agit de garan­tir cette place là où c’est utile. Au Mans, cette révo­lu­tion est à portée de main.

Depuis des années déjà, aucun respon­s­able poli­tique mod­erne ne con­teste la néces­sité de faciliter les déplace­ments à vélo. Mais la réal­i­sa­tion des amé­nage­ments suiv­ait mal, cer­tains pro­jets pour­tant votés atten­dent tou­jours le lance­ment de leur chantier.

Ces derniers mois, une nou­velle impul­sion sem­ble don­née, d’une part à des pro­jets à court terme, d’autre part à l’ambition de bâtir un réseau cyclable cohérent.

Cette per­spec­tive encour­age une asso­ci­a­tion comme Cycla­maine dans son rôle d’aiguillon. Nous serons vig­i­lants sur la qual­ité des amé­nage­ments cyclables de nou­velle généra­tion, car c’est la clef du report modal vers le vélo.

L’enjeu du savoir-faire

Au Mans comme ailleurs, la réus­site de cette tran­si­tion passera par un ren­force­ment des moyens financiers et humains dédiés au vélo. Il fau­dra gér­er une pro­fu­sion de pro­jets, les can­di­da­tures au Fonds nation­al vélo, de nou­veaux critères de qual­ité dont cer­tains bous­cu­lent les habi­tudes (niveau zéro [à pré­cis­er], sig­nal­i­sa­tion spé­ci­fique, inter­sec­tions plus com­plex­es…). Ces défis ne seront pas relevés sans que les col­lec­tiv­ités réser­vent des postes au suivi de l’infrastructure cyclable.

Le Plan vélo nation­al est une inci­ta­tion bien­v­enue mais seules les col­lec­tiv­ités avec com­pé­tence sur la voirie, comme Le Mans Métro­pole, peu­vent vrai­ment agir. C’est de l’agglomération que dépend le change­ment.

L’investissement vaut telle­ment la peine ! Car si cette nou­velle généra­tion d’aménagements est réussie, la pop­u­la­tion de l’agglomération du Mans s’en servi­ra pour pass­er au vélo, à grande échelle. Et si ça fonc­tionne au Mans, ce sera le cas partout en France.

 

L’association Cyclamaine

Depuis 25 ans, Cycla­maine réu­nit cyclistes de l’agglomération du Mans et mil­i­tants des déplace­ments à vélo.

L’atelier d’auto-réparation géré par Cycla­maine a ouvert au print­emps 2017. ©Cycla­maine

L’offre de ser­vices aux cyclistes, longtemps itinérante, a changé de dimen­sion depuis 2017 et la loca­tion d’un local à la munic­i­pal­ité. Cela a per­mis l’installation d’un ate­lier d’auto-réparation ouvert au moins 5 jours sur 7. Ce ser­vice repose unique­ment sur le bénévolat : 1 000 heures en 2018, dont les 2/3 pour l’atelier. Out­re la mécanique, le local accueille tout un pro­gramme d’activités asso­cia­tives et mil­i­tantes : bours­es aux vélos, ani­ma­tions autour du voy­age à vélo, for­ma­tions…

Cycla­maine compte une salariée à temps par­tiel, avec la mis­sion de dévelop­per les for­ma­tions vélo en milieu sco­laire et en entre­prise.

L’association auto-finance entière­ment ces activ­ités grâce aux adhé­sions de ses plus de 600 mem­bres, à la vente de vélos et de pièces de récupéra­tion et à la presta­tion de for­ma­tions.

On peut aus­si crois­er les bénév­oles partout en ville lors d’actions de préven­tion (« Cyclistes, brillez ! ») ou de loisirs (vis­ites guidées à vélo, en parte­nar­i­at avec des guides de la Ville).

Périmètre et ambitions élargies

L’association ren­con­tre régulière­ment élus et tech­ni­ciens de l’agglomération, lors de réu­nions dédiées au vélo et à l’occasion de con­sul­ta­tions sur des pro­jets. A chaque fois, les mil­i­tants bénév­oles de Cycla­maine cherchent à amélior­er les con­di­tions de cir­cu­la­tion des cyclistes. De part et d’autres, ces échanges sont empreints de bonne volon­té. Les résul­tats, eux, restent con­di­tion­nés par la volon­té poli­tique de dévelop­per l’usage du vélo.

Depuis cette année, Cycla­maine inter­vient sur tout le départe­ment de la Sarthe, et pas seule­ment sur l’agglomération du Mans. Cette évo­lu­tion per­met de répon­dre aux sol­lic­i­ta­tions spon­tanées de col­lec­tiv­ités sarthois­es. L’association s’est aus­si fixé l’objectif d’obtenir l’aménagement d’itinéraires cyclo-touris­tiques en site pro­pre, en pri­or­ité le long de la Sarthe. Il ne manque plus qu’une cinquan­taine de kilo­mètres pour con­necter Le Mans à La Loire à vélo !

Un article à lire aussi dans Vélocité n°150 — mars-avril 2019, une publication de la FUB.