On peut saluer comme exemplaire l’effort des Régions Pays de la Loire et Centre-Val-de-Loire pour accompagner les randonneurs à vélo. On avait craint qu’avec la mise à la retraite des trains Corail, vieux concept traînant encore ses wagons accrochés derrière une motrice, le système de transport gratuit des vélos dans une voiture spéciale, inauguré en 2011, ne disparaisse. Mais non : la solution a été recherchée, et trouvée, avec les nouvelles rames TER automotrices d’une conception beaucoup plus homogène mises en service sur l’Interloire, le train Intercités faisant la liaison entre Le Croisic et Orléans. Donc épousant une grande partie de l’itinéraire Loire à vélo, qui fait lui-même partie de l’Eurovélo 6.
Et c’est tout simple : sur l’espace réservé aux vélos, les sièges ont été retirés pour y installer le matériel nécessaire à l’accrochage des cycles. Les formats spéciaux (pas trop longs quand même) peuvent aussi trouver leur place sur l’un des côtés. Tout ça bien sûr « dans la limite des places disponibles », mais il n’y a pas affluence tous les jours et dans l’ensemble l’offre n’est pas débordée par la demande. Une quinzaine de gares sont desservies, permettant de moduler les étapes de son voyage en fonction du temps dont on dispose, des hébergements ou de la météo.
L’aménagement est réversible, puisqu’en fin de saison on peut enlever le dispositif d’accueil des vélos pour remettre les sièges passagers. Quelques vélospeuvent également trouver place sur les crochets classiques qu’on trouve à d’autres endroits de la rame comme dans tous les TER, pour ceux qui préfèrent voyager assis pas loin de leur monture. Un total de plus de 80 places est ainsi proposé aux cyclistes, plusieurs fois par jour dans les deux sens, et la SNCF a parfaitement joué le jeu de l’information et de l’accueil dans les trains.
Le service est confortable (de niveau avec le quai) et toujours très apprécié, par les Français comme par les étrangers. Et en Pays de la Loire, la proportion de vélotouristes étrangers est légèrement supérieure à celle constatée pour la fréquentation touristique globale.
L’argument économique comme locomotive
Le débat sur le coût du service semble aujourd’hui dépassé, l’intérêt économique du tourisme à vélo n’étant plus à démontrer, en particulier dans la vallée de la Loire. A tel point que la plage de fonctionnement s’est élargie : alors que les premières années seuls les mois de juillet et août en bénéficiaient, cette année le train Vélo Loire nouvelle formule proposait son service gratuit du 9 juin au 30 septembre. Dans une configuration toutefois un peu moins généreuse en nombre de places à partir du 10 septembre.
Si c’est exemplaire, c’est donc transposable ailleurs, dans d’autres régions où le vélotourisme connaît un développement qui semble aussi durable que profitable. On pense au Canal du Midi ou à la Viarhôna, où là aussi l’infrastructure ferroviaire épouse un itinéraire cyclable au succès à venir ou déjà confirmé. Avec le double intérêt de faciliter la fréquentation cycliste et d’élargir la clientèle des trains régionaux ou inter-régionaux. Mais le train transportant le vélo peut aussi se révéler très utile pour acheminer le randonneur sur sa destination depuis les grands centres urbains, en se passant de la voiture. Et là, on a encore un peu de mal avec les TGV.