Le titre ressemble à une blague. Pourtant, plus les pages défilent, plus nous comprenons que nous nous sommes embarqués dans un véritable voyage. Un voyage dans le sens d’un déplacement hors de notre zone de confort. Nous participons à une aventure sensible qui a pris l’allure d’un livre.
Le voyage donc, commence par la recherche de l’équipement idéal – photos de vélos d’appartement à l’appui -. Ils sont deux à nous raconter les choses. Il y a Eric Tournaire, prof, dessinateur, installé dans l’Allier, qui apprend qu’il est atteint de Parkinson. Et son ami Fabien Palmari, graphiste qui prend ici le rôle de raconteur d’un voyage autour du monde.
Des cyclotouristes inconnus roulent à leur place
Eric, quand il apprend que Parkinson l’atteint, lance un défi en posant les règles d’un jeu. « Pédaler deux heures par jour, cinq jours par semaine, avec une moyenne de 12 kilomètres à l’heure me permettrait de « parcourir » 6700 km en une année », prévoit-il. Rouler en vélo d’appartement lui permettrait de faire un tour du monde pour le moral, pour ses muscles paralysés par la maladie.
Fabien décide de l’accompagner avec humour et imaginaire. Eric assure les dessins pour chaque pays. Fabien écrit les récits de voyage des pays traversés.
D’où vient l’inspiration quand ils prennent le train au Pakistan ou rencontrent un marabout sénégalais ? Directement du vécu de voyageurs que recrute Eric sur le Web au fil des jours. Des cyclo-touristes, parfois inconnus des deux hommes, roulent à leur place. Des dizaines de cyclistes auront répondu à l’appel de ce projet qui pouvait sembler délirant. Ainsi, par exemple, quand les 26 cyclistes du Cyclo Club Caussadais parcourent 1 050 km chacun, le tour du monde imaginaire est propulsé de 27 300 km.
A côté des récits exotiques, Eric pose le carnet de bord de son état de santé, sans détour. Voyage en Parkinson.
La fiction est un agglomérat de réalités, des cyclotouristes qui avalent des kilomètres et Eric qui traverse des états physiques extrêmes. « Le résultat est un carnet de voyage hybride, mélange des états d’âme d’un cycliste parkinsonien et des observations pseudo-ethnographiques de son équipier à travers quarante-quatre pays », décrit en préface Fabien Palmari.
Le projet des deux hommes laisse la trace d’une force immense contre la tentation d’abandonner. « Hier j’ai eu l’idée du prochain carnet : une grande virée en vélo couché à 3 roues », écrit Eric, à la fin du livre. Respect.
Le Tour du monde en vélo d’appartement, Fabien Palmari et Eric Tournaire, éd. Elytis, 2015, 20€.
BONUS / Découvrez le projet vélo d’Eric Tournaire en ligne