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Véloroutes : un réseau cyclable… et social !

Véloroutes et voies vertes : une solution pour la mobilité inclusive

Trans­ports publics moins per­for­mants que dans les villes dens­es, voiries routières dan­gereuses pour les pié­tons et cyclistes, coupures urbaines imposant de longs détours : en France, la mobil­ité des habi­tants de la périphérie est par­ti­c­ulière­ment dépen­dante de l’automobile. Les per­son­nes pré­caires habi­tant les ter­ri­toires ruraux et péri­ur­bains sont les pre­mières con­fron­tées à la dif­fi­culté de se déplac­er.

Dans le con­texte de la crise des gilets jaunes qui a mis en lumière l’inégalité ter­ri­to­ri­ale subie par une par­tie des habi­tants, l’AF3V a la con­vic­tion que le réseau des Vélor­outes et voies vertes (VVV) doit plus que jamais jouer pleine­ment son rôle de sup­port de la mobil­ité inclu­sive et de facil­i­ta­teur du lien social pour les per­son­nes n’ayant pas accès à la voiture.

Les VVV con­stituent un enjeu social et ne se lim­i­tent pas seule­ment à des impérat­ifs envi­ron­nemen­taux ou à des intérêts touris­tiques. A con­di­tion d’être cor­recte­ment amé­nagées, elles répon­dent aus­si au besoin de mobil­ité d’une par­tie de la pop­u­la­tion n’ayant pas finan­cière­ment accès à la voiture indi­vidu­elle. Ce réseau cyclable struc­turant doit per­me­t­tre de reli­er, rapi­de­ment et en sécu­rité, les ter­ri­toires de la périphérie aux villes-cen­tres où se trou­vent la majorité des activ­ités. Les VVV réu­nis­sent toutes les con­di­tions de la mobil­ité inclu­sive : sécurisées, acces­si­bles aux plus jeunes et aux moins expéri­men­tés, favorisant l’autonomie et créa­tri­ces de lien social.

L’inclusion sociale au cœur des préoccupations de l’AF3V

En con­cer­ta­tion avec l’État et les col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, les mem­bres de l’AF3V se mobilisent toute l’année pour que les déplace­ments util­i­taires soient aus­si pris en compte dans les réal­i­sa­tions. Objec­tif visé : per­me­t­tre à chaque usager de rejoin­dre en sécu­rité son tra­vail et des com­merces, accéder aux ser­vices souhaités avec des amé­nage­ments adap­tés. Sur cer­tains itinéraires, on con­state que les util­isa­teurs des VVV sont déjà majori­taire­ment des usagers locaux pour des déplace­ments domi­cile-tra­vail. En Europe, les exem­ples de voies express vélo drainant un traf­ic impor­tant se mul­ti­plient.

Des argu­ments con­fir­més par Jeanne Richez, cor­re­spon­dante pour la Fon­da­tion SNCF Réseau en Île-de-France : « Je suis con­va­in­cue que ces itinéraires vélo, lorsqu’ils sont bien organ­isés, peu­vent aus­si intéress­er les publics pré­caires, notam­ment ceux occu­pant des emplois peu qual­i­fiés aux horaires frag­men­tés ou décalés. De plus, la per­ti­nence du vélo en périphérie cou­plé au réseau de VVV ne fera qu’augmenter du fait du développe­ment de l’usage du vélo à assis­tance élec­trique ».

Focus sur une expérimentation prometteuse dans l’Essonne

L’AF3V organ­ise tout au long de l’année des actions de pro­mo­tion de l’usage des VVV, entre autres à l’occasion de la journée nationale des voies vertes lors de la semaine européenne de la mobil­ité. Pour amélior­er spé­ci­fique­ment la mobil­ité des publics en sit­u­a­tion de fragilité sociale ou économique, la FCDE, notre délé­ga­tion départe­men­tale AF3V, a pro­posé, en parte­nar­i­at avec Essonne Mobil­ités, de ren­forcer les apti­tudes à se déplac­er à vélo grâce au réseau des VVV. L’AF3V a ain­si mis en œuvre une pre­mière ver­sion du pro­jet Voies vertes en périphérie : une solu­tion pour l’inclusion sociale. Cette action a reçu le label French Mobil­i­ty cette année.

En Essonne, ate­liers de remise en selle, soutenus par la Fon­da­tion SNCF ©B. Car­roué — www.af3v.org

Ini­tié fin 2018 et soutenu finan­cière­ment par la Fon­da­tion SNCF, ce dis­posi­tif est con­stru­it sous la forme de ses­sions d’accompagnement com­posées de diag­nos­tics mobil­ité indi­vidu­els, d’ateliers de remise en selle à l’abri de la cir­cu­la­tion et des regards et de séances de pra­tique sur le ter­rain encadrées par un édu­ca­teur spé­cial­isé. Imag­iné dès l’origine comme une expéri­men­ta­tion, ce pro­jet local per­met d’éprouver et de co-con­stru­ire avec les parte­naires une démarche qui pour­ra être ensuite déclinée dans d’autres régions. Si l’évaluation com­plète de cette expéri­men­ta­tion est prévue en mars 2020, les pre­miers retours posi­tifs des béné­fi­ci­aires et des parte­naires nous con­for­tent dans le désir de pour­suiv­re et d’étendre le dis­posi­tif à d’autres ter­ri­toires dans le cadre d’un nou­veau pro­jet à venir : Vélo Express.

Mel­kich Tachouie­va, béné­fi­ci­aire, remer­cie son assis­tante sociale de l’avoir ori­en­tée vers ce dis­posi­tif : « Avant d’évoquer l’apprentissage du code de la route, elle m’a demandé si je savais faire du vélo. Sur­prise, je lui ai répon­du par la néga­tive. J’ai alors com­mencé à pren­dre des cours avec l’équipe qui m’a mise en selle étape après étape ! A 40 ans, j’avoue que c’est par­ti­c­ulière­ment agréable d’apprendre à pédaler et de décou­vrir pré­cisé­ment les codes pour cir­culer en sécu­rité. Aujourd’hui, en plus de pou­voir envis­ager la recherche d’un emploi, je vais pou­voir être autonome pour mes divers déplace­ments : cours­es, activ­ités… ! ».

Chiffres clés

20 % des Français en âge de tra­vailler ren­con­trent des dif­fi­cultés de mobil­ité.

28 % des per­son­nes en inser­tion pro­fes­sion­nelle aban­don­nent un emploi ou une for­ma­tion pour des raisons de mobil­ité.

21 000 km d’itinéraires inscrits au Sché­ma nation­al des vélor­outes et voies vertes (SN3V), à retrou­ver sur www.af3v.org

Source : enquête ELABE, 2017

Pour aller plus loin :

 

Un article à lire aussi dans Vélocité n°153 — novembre-décembre 2019, une publication de la FUB.