En France, le mouvement social contre la réforme des retraites, qui dure depuis le 5 décembre 2019, a eu pour principal effet collatéral de paralyser les transports en commun et de générer une incroyable cacophonie de mouvement, surtout en région parisienne. En raison de la grève, le nombre d’accidents de deux-roues (scooters, trottinettes et vélos) aurait augmenté de 40 % dans la capitale, d’après la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).
Après des semaines à me déplacer en VTT monovitesse pour aller au travail, je dois me rendre à l’évidence : parent pauvre de cette périlleuse foire d’empoigne, je suis positionné au plus bas de l’échelle du nouveau darwinisme des pistes cyclables, loin derrière le vélo à assistance électrique, la gyroroue clignotante et le skate motorisé, doublé par à peu près tout type d’embarcation, à l’exception peut-être de la mamie tirant son chariot à roulettes de retour du marché.
Un prolétaire de la mobilité
Après tout, je n’y peux rien si j’ai les cuisses aussi musclées que celles du chanteur Eddy de Pretto. Ma triste condition m’est rappelée à longueur de trajet par les coups de sonnette intempestifs qui m’intiment de m’écarter, comme un manant censé laisser le champ libre à plus rapide que lui. Parce que les temps sont durs pour les lents, j’éprouve le sentiment de plus en plus vivace d’être un prolétaire de la mobilité, en communion d’âme avec mon ami piéton.
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