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A St-Brieuc, d’autres Gilets jaunes… à vélo !

Le 17 novem­bre 2018 mar­quait la pre­mière journée d’action du mou­ve­ment des « Gilets jaunes », né en pre­mière inten­tion du mécon­tente­ment face à la hausse des prix du car­bu­rant. A Saint-Brieuc (22), l’association Vélo Utile a souhaité pos­er la ques­tion des mobil­ités du quo­ti­di­en : « Essence trop chère ? Changez de pompe ! ». Ce slo­gan, volon­taire­ment un brin provo­ca­teur, a été emprun­té à nos amis ren­nais de l’association Rayons d’Action ; il est devenu le leit­mo­tiv de notre action alter­na­tive du 17 novem­bre.

Cette action locale avait pour but de rap­pel­er tous les avan­tages du vélo comme mode de déplace­ment en milieu urbain et péri­ur­bain et qu’il peut con­stituer une alter­na­tive crédi­ble à la voiture indi­vidu­elle : rapi­de sur de cour­tes dis­tances, fiable, bon pour la san­té, le moral et le cadre de vie, non pol­lu­ant, économique pour les indi­vidus et la col­lec­tiv­ité.

L’importance des infrastructures

Tout en rap­pelant que cette solu­tion n’était évidem­ment pas applic­a­ble à la total­ité de la pop­u­la­tion, Vélo Utile a voulu inter­peller sur la marge de pro­gres­sion énorme dont nous dis­posons dans notre pays avec des chiffres à l’appui : à l’échelle nationale, 50 % des déplace­ments auto­mo­biles font moins de 5 kilo­mètres tan­dis que la part modale des déplace­ments à bicy­clette atteint pénible­ment 3 %. Un chiffre qui grimpe jusqu’à 36 % aux Pays-Bas où des infra­struc­tures cyclables de qual­ité sont au cen­tre des poli­tiques publiques depuis plusieurs décen­nies. Pour encour­ager les gens à se déplac­er davan­tage à vélo, il n’existe pas de recette mir­a­cle ! Cela dépend grande­ment du développe­ment de ces infra­struc­tures sécurisées, le dan­ger ressen­ti au milieu de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile étant le prin­ci­pal frein pour les nou­veaux pra­ti­quants.

Faire ses courses à pied ou à vélo

L’action de l’association voulait égale­ment sen­si­bilis­er au rôle que peut jouer le vélo dans le proces­sus de redy­nami­sa­tion des cen­tres-villes pour les villes de taille moyenne, en souf­france, à Saint-Brieuc comme partout ailleurs en France. Con­traire­ment aux idées reçues, les cyclistes (et les pié­tons) sont de meilleurs clients pour les com­merces de prox­im­ité que les auto­mo­bilistes ! Plus de place pour les modes de déplace­ments doux et moins pour la voiture, c’est égale­ment une ville plus apaisée et une meilleure qual­ité de vie (moins de pol­lu­tion, de bruit, d’accidents…) et donc un atout pré­cieux pour faire revenir les habi­tants, sou­vent par­tis chercher la tran­quil­lité dans les zones périphériques pavil­lon­naires.

La dépendance à l’automobile

Ironique­ment, le gilet jaune érigé en sym­bole du mou­ve­ment de con­tes­ta­tion né du mécon­tente­ment face à la hausse des prix du car­bu­rant est avant tout un acces­soire dédié aux cyclistes, qui doit les ren­dre davan­tage vis­i­bles aux yeux des auto­mo­bilistes et donc con­tribuer à leur pro­tec­tion sur une chaussée partagée sou­vent dan­gereuse. Par son action, Vélo Utile a ain­si voulu encour­ager les auto­mo­bilistes en colère à essay­er la solu­tion vélo lorsque cela est pos­si­ble, mais égale­ment les pou­voirs publics à inve­stir mas­sive­ment dans des infra­struc­tures cyclables de qual­ité plutôt que per­sis­ter à con­stru­ire tou­jours plus de routes, de rocades, de park­ings qui con­tin­u­ent à encour­ager les déplace­ments tou­jours plus loin­tains et donc la dépen­dance de la pop­u­la­tion à l’automobile et à son car­bu­rant, appelé à se raré­fi­er et donc à devenir de plus en plus cher.

Un mouvement à poursuivre

Le same­di 17 novem­bre, ce sont donc plus de 200 cyclistes qui ont répon­du à l’appel de l’association Vélo Utile, un beau suc­cès pour une ville de taille moyenne (45 000 habi­tants), où la part modale du vélo ne dépasse pas 2 % des déplace­ments. Après un défilé dans les rues du cen­tre-ville au son des son­nettes, le cortège s’est arrêté devant la mairie et le con­seil départe­men­tal avec une prise de parole de représen­tants de l’association appelant les pou­voirs publics à met­tre en œuvre une poli­tique publique claire et assumée en faveur des déplace­ments à vélo, avec la mise en place d’un véri­ta­ble réseau cyclable dense, con­tinu, bien pen­sé et sécurisé.

Un beau moment con­vivial et mil­i­tant qui en appellera d’autres, Vélo Utile ayant décidé devant cette belle mobil­i­sa­tion d’organiser ce type de man­i­fes­ta­tion de manière trimestrielle afin de réu­nir ses adhérents et de se rap­pel­er au bon sou­venir des élus locaux. A Saint-Brieuc comme dans toutes les villes de France, une autre mobil­ité est pos­si­ble !

Article rédigé par l’association Vélo Utile

Un article à lire aussi dans Vélocité148 — septembre-octobre 2018, une publication de la FUB.