Pour appuyer son intention, Olivier Schneider s’est déplacé au congrès de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF) le 22 septembre à l’occasion d’une plénière mobilités en présence d’Elisabeth Borne, ministre des Transports.
Des territoires soumis aux mêmes crises que les centre urbains et périurbains
Sédentarité, sécurité routière, bourgs en désuétude, dans bien des domaines les ruraux font face à des problèmes similaires à ceux des urbains. La faible densité de ces territoires n’incite pas à contrer l’auto-solisme activement, tout comme les contraintes géographiques et d’usage des sols souvent présentes.
Un des enjeux majeurs pour ces communes est de conserver et faciliter la vie de leurs habitants vieillissants tout en retrouvant un attrait pour les population jeunes et actives. Par exemple, la mobilité des jeunes à pied ou à vélo est parfois difficile, de part les distances ou le manque d’aménagement sur des axes à 80 km/h le plus souvent. Pour qu’ils y restent et fassent vivre le territoire dans lequel y ont grandis, il faut que les jeunes puissent s’y déplacer aisément.
La contrainte économique de l’usage de la voiture individuelle et l’éloignement des bassins d’emploi rendent la vie dans les bourgs rapidement chère, et surtout peu attractive, avec de moins en moins de vie et de services de proximité.
La solution train + vélo
Bien entendu, il y aura toujours des limites à l’utilisation du vélo. L’arrivée massive des VAE et des vélos utilitaires peut changer la donne pour une grande partie des territoires, dont les ruraux. Tout comme le retour massif du train. D’après l’INSEE, 70 % des français habitent à 5 km d’une gare.
Santé, bien être et environnement pour le trajet vélo, confort, travail, et liberté de mouvement en train, avec des ruptures de charge très brèves, grâce à un temps de trajet prévisible à vélo. Ce qu’il manque aux territoires ruraux pour cette mobilité idéale, c’est à peu près tout : stationnement vélos, résorption des coupures pour se rendre à la gare et une amélioration de la fréquence des trains (qu’il faudrait doter de Wi-Fi et de prises électriques)… Par ailleurs, si on considère la notion de territoires et de bassins d’emplois, les métropoles auraient tout intérêt à se mobiliser pour que les ruraux et les périurbains puissent venir en train et ainsi diminuer la congestion nuisible sur beaucoup d’aspects.
Concernant la mobilité du quotidien, les boulangeries et commerces alimentaires, les ruraux ne sont pas moins bien lotis que les urbains (INSEE, 2007), avec seulement 1% d’entre eux qui se situent à plus de 15 min en voiture. On imagine donc que certains de ces trajets pourraient être réalisés à bicyclette si on rend son usage attractif et possible.
La petite reine huée…
Vanik Barberian était plutôt négatif en ouvrant la plénière : hausse du prix du pétrole, 80 km/h, fermeture des services, loi NOTRE, investissement sur le TGV et en face de ça, des petites lignes ferroviaires qui ferment et… un plan vélo ? Impossible pour le président de l’AMRF de se retrouver dans ces décisions. Chantal Eyméoud, Vice-Présidente de la région Provence Alpes Côte d’Azur, insiste : ‘’il faut revoir notre mobilité quotidienne, et nombre de solutions existent’’. Première huée sur le vélo, lorsqu’il est cité à la fin de la longue liste des solutions de mobilités envisagées (voitures électriques, autopartage, auto-stop, bus, train, marche). Puis la ministre des Transports, Elisabeth Borne, réitère son engagement de remettre la priorité sur les déplacements du quotidien et s’engage pour la rénovation des petites lignes. Mais elle n’ose pas relancer sur le plan vélo. Haranguée sur le sujet au cours des questions, elle insiste sur le fait que c’est un mode de déplacement qui vaut la peine d’être considéré dans la réflexion de la mobilité quotidienne.
…mais aussitôt défendue
Pourtant dans la salle, tout le monde ne suit pas le mouvement anti-vélo. Une Maire intervient sur la création d’un service de mobilité solidaire à vélo, et appuie sur le lien social qu’on l’on peut recréer par ce moyen de déplacement pratique et économique. Enfin, la dernière question est accordée à Olivier Schneider. En se présentant ouvertement comme le président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette, le vélo gagne enfin l’oreille de la salle. “L’appel à projet ADEME Vélo et Territoires s’adresse-t-il bien aux territoires ruraux en priorité ?” La ministre confirme. La séance se clôture et nombre de maires se tournent vers Olivier Schneider. D’autres lâchent des timides : “je ne suis pas anti-vélo, j’en fais aussi mais…”, “c’est parfois dangereux”, “peut-être pour quelques uns des déplacements, on peut essayer…”, “peut-être qu’on peut commencer pour les touristes…”.
En les écoutant, on comprend qu’ils ont les mêmes freins et les mêmes leviers que les urbains pour la pratique du vélo, et les mêmes préjugés. Ils ne sont pas fermés à l’idée de la “solution vélo”, mais ce n’est pas une évidence, ni une priorité.
Preuve et accompagnement par l’exemple
Il va donc falloir de la pédagogie et quelques exemples concrets pour le retour du vélo dans ces territoires. Déjà, on observe des initiatives intéressantes. Le maire de Châteauneuf-sur-Sarthe avait interpellé le Premier ministre, Edouard Philippe, dans les jardins de la préfecture d’Angers pour lui exposer son désir de réaliser un aménagement cyclable reliant son bourg à la gare proche de 4 km. En Maine et Loire, le duo train + vélo est très sollicité par les rurbains. Dans le Diois, Die, chef lieu de moins de 5 000 habitants, s’est dotée d’un schéma directeur des mobilités actives avec pour arguments les chiffres suivants : 81% des personnes actives vivant sur Die y travaillent et 70% des élèves habitent à moins de deux kilomètres de leur établissement scolaire. A Guillestre, commune rurale des Hautes-Alpes, cela fait 8 ans que le maire pousse à la pratique du VAE.
Ces initiatives sont possibles lorsque le territoire est volontaire et initié au vélo du quotidien, à sa pratique et ses besoins. Pour les autres, il faut les accompagner et les guider dans l’élaboration de projets cohérents qui apporteront une réelle plus value.
D’ores et déjà, on parle de la publication d’un guide à destination des territoires ruraux, co-écrit par le MTES, l’ADEME, la FUB et l’AMRF. En attendant, la FUB lance un appel aux territoires ruraux volontaires pour les accompagner au cours du premier appel à manifestation d’intérêt et les aider à construire des projets bénéficiant au plus grand nombre.
Appel à projet ADEME: “Vélo et Territoires”
Accompagnement à la réalisation de travaux de définition et mise en œuvre de politiques cyclables : https://appelsaprojets.ademe.fr/aap/VELO2018-71.
Cet appel à projets « Vélo et territoires » propose trois axes :
- Axe 1 : financement d’études en vue de répondre à l’appel à projet 2019
- Axe 2 : émergence de services vélo / innovants
- Axe 3 : recrutement de chargés de mission vélo et des campagnes de communication.
Fond total : 2 M d’euros
Maximum ADEME par projet : 100 000 euros
Durée maximum des projets : 36 moisQui peut candidater :
- Les Territoires ruraux : PNR, Communautés de communes rurales, communes rurales.
- Les périphéries des communautés urbaines ou Métropoles (2ème couronne) : EPCI, pôle métropolitain, communes…
- Les communautés d’agglomérations, plus particulièrement les EPCI qui ne font pas l’objet d’un Plan de déplacement urbain (PDU) obligatoire, ou EPCI dont la ville la plus peuplée ne dépasse pas 100 000 habitants.
N’hésitez pas à solliciter vos collectivités pour les inciter à répondre à cet appel à projets, et à être présent sur toutes les étapes du projet, de la proposition du projet à la rédaction de la candidature, puis à la mise en place effective des travaux.
Calendrier :
- 14 septembre 2018 : lancement de l’appel à projets
- 10 décembre 2018 : 1er relevé des projets
- 11 février 2019 : 2ème relevé des projets