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De bonnes Assises pour le vélo

Que sont les Assis­es de la Mobil­ité pour le vélo? Usine à gaz pour écran de fumée, ou démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive à effet garan­ti ? On ne sera fixés que lorsque le texte de loi sur les mobil­ités aura été défini­tive­ment approu­vé au Print­emps prochain par le lég­is­la­teur.
Dans le doute il valait mieux encore ten­ter le coup : la Fédéra­tion des usagers de la bicy­clette (FUB), qui était absente des Grenelle de l’environnement, est bien présente aux Assis­es de la Mobil­ité. Au niveau nation­al comme dans de nom­breux ate­liers ter­ri­to­ri­aux où ont par­ticipé locale­ment les mil­i­tants vélo.
On est en amont de la procé­dure, mais le pro­jet de loi de 2018 dépend en par­tie du tra­vail fait durant ce dernier trimestre 2017.

Atten­tion, dan­ger : on entre dans une forêt qui s’épaissit au fur et à mesure qu’on pro­gresse. C’est l’impression générale que donne le vaste mou­ve­ment ini­tié en sep­tem­bre par la min­istre déléguée aux trans­ports Elis­a­beth Borne, sous le nom d’ « Assis­es de la mobil­ité ». L’objectif est de pré­par­er une « Loi d’orientation des mobil­ités », qui doit être présen­tée devant les par­lemen­taires début 2018.

Six ateliers thématiques

Il y a donc con­cer­ta­tion, c’est sûr. Et on ne phos­pho­re pas seule­ment à Paris entre ini­tiés. De nom­breux « ate­liers ter­ri­to­ri­aux » fonc­tion­nent dans des villes, et pas for­cé­ment des gross­es, en zone rurale aus­si, où les citoyens sont appelés à échang­er sur leur façon de voir leurs déplace­ments présents et à venir, et ren­con­tr­er des représen­tants de l’administration, des élus, des spé­cial­istes des trans­ports. Ça per­met d’identifier des besoins ou des attentes, d’exprimer peut-être un peu plus claire­ment un ressen­ti quo­ti­di­en que dans son petit cer­cle habituel. Et surtout de con­fron­ter ce ressen­ti à celui des autres.

Pour les web-citoyens qui n’ont pas la pos­si­bil­ité de par­ticiper à l’un de ces ate­liers ter­ri­to­ri­aux, une plate-forme inter­ac­tive a été ouverte par la Min­istère de la tran­si­tion écologique et sol­idaire, pour con­tri­bu­tion libre au grand débat.

C’est aus­si très struc­turé au niveau nation­al, où le tra­vail de réflex­ion entre élus, experts, représen­tants des entre­pris­es, des salariés, asso­ci­at­ifs (dont la FUB, avec son prési­dent et quelques admin­is­tra­teurs) a été répar­ti en six ate­liers thé­ma­tiques : mobil­ités plus pro­pres, plus con­nec­tées, plus sol­idaires, plus inter­modales, plus sûres, et plus souten­ables.

La voiture revient

Apparem­ment les con­cep­teurs de cette vaste con­sul­ta­tion ont eu le souci de ne pas trop focalis­er sur les gross­es aggloméra­tions, et de don­ner une cer­taine impor­tance au péri-urbain. C’est juste­ment là que le vélo est en train de se plac­er, et que la FUB a des chances d’être un peu mieux enten­due qu’elle ne l’a été jusqu’à présent.

D’un autre côté, on est en train d’ouvrir un boule­vard à la voiture élec­trique qui, à force d’avoir été présen­tée sous le précé­dent gou­verne­ment comme « la » solu­tion pour sor­tir de la pol­lu­tion auto­mo­bile, fait par­tie des don­nées de base chez beau­coup de par­tic­i­pants à ces assis­es. Et là, la FUB va devoir pédaler très fort pour mon­tr­er les nou­velles impass­es dans lesquelles nous engage cette nou­velle voiture. Et tout l’intérêt d’une petite assis­tance élec­trique lorsqu’elle équipe le vélo.

Le Min­istère a com­plété les six ate­liers par un Con­seil d’orientation des infra­struc­tures (COI), présidé par Philippe Duron. Ce con­seil trans­ver­sal, con­sti­tué unique­ment de per­son­nal­ités qual­i­fiées, aura un rôle de mod­éra­teur pour finalis­er les recom­man­da­tions à trans­met­tre à la min­istre, mais sans les pri­oris­er.

Un système à construire

Que fait la FUB dans tout ça ? Elle a établi 26 propo­si­tions, inclu­ant les dix points avancés au cours de la cam­pagne des prési­den­tielles. Par ailleurs elle a été audi­tion­née dans les dif­férents ate­liers thé­ma­tiques évo­qués plus haut, et tous les thèmes con­cer­nent le vélo. Si on veut arriv­er à un véri­ta­ble sys­tème vélo, il fau­dra que tous les groupes thé­ma­tiques aient pris la mesure des besoins que nous avons exprimés.

Il va fal­loir ensuite sor­tir quelque chose d’exploitable des mil­liers d’avis recueil­lis pour rédi­ger un pro­jet de loi. Plus que sur les ordi­na­teurs, c’est sur les hommes qu’on va devoir compter, leur intel­li­gence et leur souci de l’intérêt général, et non leur pen­chant à essay­er de don­ner rai­son à tout le monde pour ne mécon­tenter per­son­ne.

On n’est plus en péri­ode élec­torale : on a une petite chance de voir aboutir quelques idées de bon sens.

Un article à lire aussi dans Vélocité143 — nov.-déc. 2017 “Assises de la mobilité : Elisabeth Borne à Strasbourg”, une publication de la FUB.