A lireUncategorized
Crise sanitaire : que disent les compteurs ?
Les deux dernières années ont marqué un tournant pour la pratique du vélo en France, avec les grèves de 2019 et la Covid-19. Mais depuis la sortie du premier confinement de mai 2020, les cyclistes ne passent plus inaperçus, en particulier en milieu urbain !

Un vélo, des vélos… Comment suit-on l’évolution de la pratique ?
L’évolution de la fréquentation est mesurée à différents points du territoire, à travers des dispositifs de comptages automatiques. Vélo & Territoires, avec le soutien de la CIDUV et de l’ADEME, a mis en place en 2013 la plateforme nationale des fréquentations permettant de collecter et d’agréger les données de comptages des collectivités contributrices. À fin mars 2020, plus de 900 compteurs étaient partagés par 90 contributeurs. La collecte de ces données permet d’analyser chaque année l’évolution de la fréquentation cyclable au niveau national, par territoire, itinéraire ou type de pratique. Ces analyses font l’objet d’un rapport annuel disponible sur le site Internet de Vélo & Territoires (www.velo-territoires.org). C’est également grâce à l’ensemble de ces données que Vélo & Territoires, en lien avec le ministère de la Transition écologique, propose, dès le mois de mai 2020, un suivi bimensuel de la fréquentation vélo afin d’analyser l’impact de la crise sanitaire et de la mise en place progressive des aménagements cyclables de transition sur la pratique du vélo (Bulletin fréquentation vélo & déconfinement).
La crise sanitaire, un accélérateur de la pratique du vélo ?
À chaque grève des transports en commun, la fréquentation cyclable dans les grandes villes progresse grâce à l’arrivée de nouveaux cyclistes. Même si celle-ci retombe en sortie de la période de grèves, elle dépasse son niveau de départ. Qu’en sera-t-il pour la crise sanitaire que nous traversons ? Il est encore trop tôt pour le dire, néanmoins le schéma diffère et laisse penser que l’impact sera plus grand.
En sortie de confinement en mai, le vélo s’est positionné comme un geste barrière à part entière. Les collectivités ont travaillé d’arrache-pied pour mettre en place très rapidement des aménagements cyclables de transition, les coronapistes. Résultats ? Fin juin, alors que 500 km d’aménagements cyclables de transition étaient recensés, la fréquentation cyclable du 11 mai au 28 juin enregistrait une progression de 29 % par rapport à la même période de 2019. À la mi-octobre, la fréquentation post-confinement reste du même ordre (+27 %) et le nombre de passages de vélos comptabilisés depuis le début de l’année est en hausse de 10 % et ce malgré le confinement ! Des fréquentations records ont été enregistrées, notamment en espace urbain, et de nouvelles habitudes ont fait leur apparition.
En milieu urbain, la pratique a fortement progressé en semaine (+ 29 % de passages sur la période post-confinement à la mi-octobre), mais également le week-end (+36 %). Le vélo affirme son rôle de mode de déplacement utilitaire et pendulaire. Il offre une nouvelle façon de vivre la ville. Cette progression était encore plus marquée au printemps (+57 % sur la période post-confinement à fin juin) et tend à se réduire avec l’arrivée d’une météo automnale.
Contrairement à des périodes de grèves, la crise sanitaire a également un impact sur la fréquentation dans les milieux périurbains et ruraux. Ceux-ci ont enregistré de fortes progressions du volume de passages de vélos observés depuis le déconfinement de mai 2020 : respectivement +18 % et +17 % à la mi-octobre par rapport à la même période de 2019.
Autre fait marquant ? Malgré l’absence des clientèles étrangères, le tourisme à vélo n’a pas loupé sa saison. Le nombre de vélos comptabilisés sur les dix itinéraires EuroVelo qui traversent la France a progressé de 23 % cet été (du 6 juillet au 30 août) par rapport à 2019.
Pour de nombreuses collectivités, leur politique cyclable a fait un grand bond en avant en ce temps de crise sanitaire. Les mesures mises en place ont fait parfois gagner cinq ans aux politiques cyclables. Même s’il est encore trop tôt pour montrer le lien direct entre les aménagements mis en place en accéléré et l’augmentation de la fréquentation cyclable, la crise semble avoir un effet de catalyseur.
Quels leviers pour maintenir l’élan ?
À l’heure de la rédaction de cet article, l’impact du nouveau confinement sur la fréquentation cyclable n’est pas encore entièrement connu. Selon les premiers indicateurs disponibles, le niveau de fréquentation tend à baisser en milieu urbain par rapport à la période précédant le reconfinement, mais demeure d’un niveau équivalent, voire supérieur à celui de l’an passé. Les prochains bulletins vélo & confinements nous en diront plus.