« Est-ce que vous avez l’impression que, durant l’année 2020, la pratique du vélo a évolué en France ?
Pour juger l’évolution de la pratique, il faut prendre un recul historique. Coup sur coup, il y a eu deux crises qui ont favorisé l’usage du vélo : la grève des transports (entamée en décembre 2019), puis la crise sanitaire. Dans ces moments-là, la pratique évolue dans un sens favorable, mais jamais très vite pour des raisons d’inertie. Pour changer de mode de déplacement, il faut apprendre à rouler dans la ville : 95 % des Français savent faire du vélo en campagne, mais ne vont pas tout de suite franchir le pas. Hors période de crise, la pratique n’évolue que de 10–15 % par an au mieux. En période de crise, il y a une accélération et il en restera forcément quelque chose à la sortie, surtout pour les cyclistes occasionnels qui deviennent des cyclistes quotidiens.
Y a-t-il par le passé des exemples de crises similaires qui ont mené à une augmentation de la pratique du vélo ?
Il y en a plein. J’ai écrit cette année un article intitulé “Le vélo, ce mode de déplacement super résilient”. Il repère dans l’histoire un certain nombre de crises qui ont boosté sa pratique : les grèves, les crises du pétrole, les attentats dans le métro. Par exemple à Bruxelles en 2016, après un attentat (une attaque terroriste avait fait 32 morts dans une rame bruxelloise), on a constaté plus de 30 % d’augmentation de cyclistes dans les mois qui ont suivi. Dès qu’il y a une crise, le vélo en profite, parce que c’est un déplacement simple et peu coûteux.
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