Les fabricants de vélos portugais sont concentrés dans la région d’Agueda, avec beaucoup de PME et quelques géants de l’industrie. RTE Bikes est la plus grande usine d’assemblage de bicyclette d’Europe. Avec 800 employés et six lignes de montage, on y produit 5 000 à 6 000 vélos par jour, soit un vélo toutes les 45 secondes. Dans ce lieu, tout est chronométré. Sur une ligne de montage, on passe d’un modèle à un autre. Depuis la crise du Covid-19, la demande en Europe n’en finit plus de grimper. Pour y répondre, l’usine tourne à plein régime. L’immense hangar de stockage de 50 mètres de haut se remplit en continu. Comment cette région autrefois dédiée à la fabrication de céramique s’est-elle reconvertie avec succès dans le vélo ? Pourquoi y arrive-t-on à sortir de terre de nouvelles zones industrielles ?
La raison principale de cette réussite, selon le représentant local de la filière, est une règle européenne pour lutter contre la concurrence jugée déloyale de la Chine. Les vélos à bas coûts subventionnés par Pékin sont désormais taxés à 48,5% lorsqu’ils arrivent en Europe. Depuis l’entrée en vigueur de cette taxe, la production portugaise a explosé, passant de 427 000 unités par an à 2 700 000 en 2019. À l’abri du Bouclier Européen, porté par un SMIC à 740 euros bruts par mois, la vallée du vélo a pu s’enrichir et innover. Trois entreprises de la région ont mis dix millions d’euros sur la table pour inventer un robot capable de souder des cadres en aluminium. Une technologie top secret.
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