Actuvélo

Le management de la mobilité en territoires peu denses

Qu’est-ce qui caractérise la mobilité en milieu rural ?

À l’image de la rural­ité, sou­vent définie par la néga­tive (« non urbain ») et donc recoupant des réal­ités bien dif­férentes, la déf­i­ni­tion de la mobil­ité en milieu rur­al n’est pas chose aisée. Une cer­ti­tude émerge toute­fois : les car­ac­téris­tiques pro­pres aux ter­ri­toires urbains ren­dent la pos­ses­sion de voitures prob­lé­ma­tique (con­ges­tion, pol­lu­tion,…), et la moti­va­tion à se déplac­er autrement est assez naturelle.

À l’inverse, on peut car­ac­téris­er la mobil­ité en milieu rur­al comme étant « non prob­lé­ma­tique ». Dom­inés par la voiture, les déplace­ments sont facil­ités par une approche tech­ni­ciste, résolvant par une exper­tise de la voirie les prob­lé­ma­tiques de con­ges­tion (gira­toires, élar­gisse­ments de voiries) et d’efficacité (sécu­rité et rapid­ité des déplace­ments par les largeurs, pro­tec­tions, rayons de gira­tion…). Le pas­sage séman­tique des «trans­ports» à la «mobil­ité» traduit ce besoin de sor­tir d’une vision tech­nique pour aller vers une approche plus trans­ver­sale autour de l’aménagement, de l’environnement, de l’emploi, du social, de la san­té… Les nou­veaux chargés de mis­sion mobil­ité devront savoir faire beau­coup de choses : ani­mer, réguler, plan­i­fi­er, pre­scrire, influ­encer, inve­stir, con­cert­er…

Ce tableau n’est toute­fois pas aus­si som­bre qu’il n’en a l’air. Le con­texte poli­tique et insti­tu­tion­nel a mis au cœur des ter­ri­toires la prob­lé­ma­tique de la mobil­ité et la place de la voiture dans des ter­ri­toires où l’espace ne manque pour­tant pas, avec l’affirmation des Autorités Organ­isatri­ces de la Mobil­ité (AOM) urbaines et surtout le développe­ment des AOM rurales). Les out­ils exis­tent, même s’ils ne sont encore pas très util­isés, pour faire chang­er les choses.

Comment, dans ce contexte, favoriser une mobilité durable et active ?

Les change­ments de mobil­ité s’appuient sur 3 fac­teurs prin­ci­paux :

• La rup­ture biographique, tra­jec­toire indi­vidu­elle, qui mod­i­fie les besoins et les con­traintes : démé­nage­ment, entrée des enfants à l’école, change­ment de tra­vail, panne du véhicule,…

• Une rou­tine non sat­is­faisante autour de la voiture : trop chère, stres­sante,…

• L’évolution de l’environnement : grèves, travaux, sup­pres­sion de sta­tion­nement, développe­ment de nou­veaux ser­vices,…

Les résul­tats passent par un accom­pa­g­ne­ment indi­vidu­el pour trou­ver les solu­tions au bon moment et pour les bonnes per­son­nes, autour des tra­jec­toires de vie : nou­veaux arrivants dans une com­mune, entrée des enfants à l’école, réflex­ions d’une entre­prise sur son sta­tion­nement,… Le man­age­ment de la mobil­ité s’appuie notam­ment sur la mobil­ité sol­idaire et sociale et l’accompagnement des employeurs dans le développe­ment du télé­tra­vail.

Aucune solu­tion ne se suf­fit à elle-même, elles se com­plè­tent. L’expérimentation a alors toute sa place pour adapter les répons­es à des con­textes très var­iés (présence de dénivelés, de voies rapi­des, per­for­mance des réseaux de bus, éloigne­ment d’une gare TER, struc­tura­tion de l’habitat et des zones d’emplois, niveaux de vie,…). Les change­ments étant moins spec­tac­u­laires, il est essen­tiel de com­mu­ni­quer autour du retour d’expérience tout au long de la mise en œuvre.

L’appel à pro­jets lancé par le min­istère des Trans­ports appuie les expéri­men­ta­tions en milieu rur­al, en offrant la pos­si­bil­ité de déroger à une loi ou à un décret. Si l’on ajoute à cela les dif­férents finance­ments disponibles pour les ter­ri­toires ruraux pour le développe­ment du vélo (AMI TENMOD, pro­gramme CEE AVELO porté par l’Ademe,…), on peut espér­er voir émerg­er des solu­tions intéres­santes pour les ter­ri­toires peu dens­es, sou­vent exclus des cat­a­logues de bonnes pra­tiques et se sen­tant (par­fois à tort, il faut le recon­naître) peu con­cernés par les référen­tiels néer­landais et trop cen­trés sur les périmètres urbains.