C’est du jamais vu depuis dix ans : la mortalité des cyclistes a fortement augmenté au mois de septembre 2020, avec 37 tués à cette période soit 15 de plus par rapport à l’année dernière selon la Sécurité routière. Un constat “inquiétant” mais pas très étonnant pour Catherine Pilon, secrétaire générale du club des villes et territoires. “Tout cycliste mort c’est évidemment dramatique, mais il faut garder l’espoir et l’optimisme en voyant que cette pratique augmente, souligne Catherine Pilon. Ça nous renforce dans notre certitude qu’il faut faire davantage de pistes pour que les cyclistes soient le plus possible à l’abri des accidents”.
France Bleu : Selon les derniers chiffres de la Sécurité routière, sur les 275 personnes décédées sur les routes en septembre 2020, 37 sont des cyclistes. Il s’agit de la mortalité la plus élevée de ces dix dernières années. Ça vous étonne ?
Catherine Pilon : “C’est forcément grave comme information et donc c’est inquiétant. En même temps, on s’y attendait un peu. Il y a eu une telle augmentation de la pratique cycliste que, mathématiquement, c’était obligé qu’on retrouve une augmentation dans la mortalité des cyclistes.
Après, il y a des chiffres du ministère de l’Intérieur qui, eux, commentent l’évolution de la mortalité cycliste sur le dernier trimestre de juin à septembre. Ils montrent que sur 94 tués, il y en a 39 qui le sont en agglomération et 55 hors agglomération. Ça veut dire que la majorité des accidents mortels pour les cyclistes ont lieu en dehors des grandes villes, là où il n’y a pas de pistes pour les protéger et c’est là qu’on a les accidents les plus graves parce que la vitesse automobile est très rapide. Ces chiffres disent aussi que le nombre de morts en agglomération en 2020 par rapport à 2019 est stable. Ça signifie qu’alors que la pratique a explosé dans les grandes agglomérations, le nombre de décès chez les cyclistes est stable. Et ça vient confirmer ce qu’on dit souvent : plus il y a de cyclistes dans la circulation, moins il y a d’accidents parce que le groupe rend beaucoup plus visible. Après, je ne veux pas du tout minimiser les chiffres qui sont forcément désespérants. Mais il y a plein de choses à faire pour que ces chiffres diminuent même s’ils augmentent moins que ce qu’on pourrait penser. Ce serait intéressant de cartographier ces accidents, de voir où est-ce qu’ils se sont passés exactement.”
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