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Les associations des petites et moyennes villes resteront-elles sur le bas-côté ?

Le vélo, symbole ou cause d’une fracture territoriale ?

Comme l’avait écrit Vélo en Têt dans son jour­nal en 2017, « le vélo s’imposera à Per­pig­nan » : la bataille cul­turelle est gag­née dans les grandes villes. Même si les niveaux d’ambition sont vari­ables, peu de can­di­dats s’opposent encore au vélo. Les asso­ci­a­tions de Toulouse et de Mont­pel­li­er pré­par­ent le coup d’après : l’utilisation des élec­tions pour jouer la surenchère en faveur du vélo, la co-con­struc­tion des poli­tiques cyclables, la mon­tée en gamme des amé­nage­ments, l’affirmation d’un dis­cours d’opposition des modes.

À l’inverse, dans les com­munes plus petites, la vic­toire politi­co-médi­a­tique portée par la FUB au niveau nation­al se fait assez peu ressen­tir, et les cyclistes y sont mal­traités. À Arles, Aigues-Mortes ou Béziers par exem­ple, le vélo est totale­ment absent des élec­tions, et le tra­vail parte­nar­i­al avec les col­lec­tiv­ités est dans l’ensemble absent. Seule la per­spec­tive de pié­ton­ni­sa­tion du cen­tre-ville his­torique sem­ble aller dans le sens d’un amé­nage­ment plus en faveur du vélo. Il faut dire qu’il y a là une absence totale de cul­ture vélo de la part de l’ensemble des acteurs. Le vélo y sem­ble réservé aux grandes villes, à l’image des com­munes val­orisées par le Baromètre, où sont sous-représen­tées les com­munes rurales (non-bal­néaires) et de ban­lieue.

Une dynamique associative qui renforce le déséquilibre

La crainte de voir le vélo creuser les écarts entre les ter­ri­toires se ren­force par l’analyse des dynamiques asso­cia­tives. Alors que Véloc­ité Mont­pel­li­er est sans con­teste l’association locale qui con­tribue le plus à la fédéra­tion nationale (on par­le de Stras­bourg ou Greno­ble comme cap­i­tales du vélo, peut-être peut-on par­ler de Mont­pel­li­er comme cap­i­tale du mil­i­tan­tisme pro-vélo ?), les asso­ci­a­tions plus petites sont par­fois très dis­tantes du réseau : nom­bre d’entre elles ne se ren­dent jamais aux con­grès, et se posent même la ques­tion de leur réad­hé­sion, tant la dis­tance cul­turelle sem­ble se ten­dre. Cer­taines n’ont pas pris le tour­nant « lob­by­ing » de la FUB, d’autres peinent à voir les ser­vices ren­dus par la FUB aux asso­ci­a­tions…

En par­al­lèle, les asso­ci­a­tions des plus grandes villes se struc­turent petit à petit pour porter un pro­jet plus large,
à l’image de Véloc­ité Mont­pel­li­er ou d’ADAVA qui ont de plus en plus d’adhérents, voire des antennes, dans les villes périphériques. Les mil­i­tants sor­tent des murs de la ville-cen­tre pour diag­nos­ti­quer et sen­si­bilis­er tout leur ter­ri­toire. Véloc­ité Mont­pel­li­er a ain­si organ­isé un tour des villes voisines pour amen­er le vélo dans les débats munic­i­paux de la métro­pole ; des mil­i­tants d’ADAVA ont passé du temps à diag­nos­ti­quer et car­togra­phi­er les amé­nage­ments cyclables des villes et vil­lages du Pays d’Aix…

En quête de dynamique et de péren­nité pour leurs asso­ci­a­tions, et faute de tra­vail parte­nar­i­al riche avec les col­lec­tiv­ités, les petites asso­ci­a­tions se tour­nent vers d’autres acteurs : la Roue qui Tourne tra­vaille à Castel­naudary grâce à des parte­nar­i­ats avec des entre­pris­es, pour appro­fondir son cœur d’activité qui est l’insertion par la mobil­ité ; Con­vibi­cy,
à Arles, après le départ de sa prési­dente et fon­da­trice, souhaite repar­tir sur une approche cul­turelle inter-asso­cia­tive, après plusieurs années passées à ten­ter sans suc­cès du lob­by­ing. L’exemple de Castel­naudary mon­tre toute­fois que
la con­stance, la fia­bil­ité et la con­struc­tion de parte­nar­i­ats peut être la solu­tion pour acquérir une recon­nais­sance locale.

Le rôle de la FUB à interroger

L’attention médi­a­tique mais aus­si les grands événe­ments sont faits prin­ci­pale­ment dans et pour les grandes villes. Le souhait d’intégration des plus petites struc­tures est toute­fois présent. Des événe­ments plus petits, plus spé­ci­fiques, pour­raient ain­si être pen­sés. Des liens plus étroits entre l’association accueil­lant le con­grès et les petites asso­ci­a­tions régionales pour­raient être tra­vail­lés.

Ces dynamiques dif­férentes inter­ro­gent le posi­tion­nement de la FUB : les gross­es asso­ci­a­tions tien­nent au principe de sub­sidiar­ité et souhait­ent plus d’autonomie, là où les petites struc­tures sont en attente d’accompagnement. Le ques­tion­naire Par­lons Vélo des munic­i­pales en est un bon exem­ple : les gross­es asso­ci­a­tions avaient déjà un ques­tion­naire prêt par­fois plusieurs mois avant le scrutin et toutes ne se sont pas con­for­mées au mod­èle FUB. Les petites asso­ci­a­tions avaient, quant à elles, besoin d’être accom­pa­g­nées pour utilis­er l’outil mis à dis­po­si­tion par la FUB et ont assez large­ment appré­cié un out­il « clé-en-main », avec des ques­tions servies sur un plateau.

La struc­tura­tion régionale pour­rait apporter une réponse à toutes ces inter­ro­ga­tions. D’une part, le besoin de par­ler d’une seule voix s’est par­fois fait ressen­tir pour peser sur les déci­sions départe­men­tales et régionales (sché­mas d’aménagement, inter­modal­ité, accom­pa­g­ne­ment des petites col­lec­tiv­ités…). D’autre part, les petites asso­ci­a­tions souhait­ent prof­iter de la dynamique des grandes villes et béné­fici­er d’échanges avec les autres struc­tures locales. Cette dynamique est à l’oeuvre dans de nom­breuses régions, en pre­mier lieu en Ile-de-France. Mais, alors qu’elle est remise sur le tapis depuis des années, elle peine à s’établir. Les élec­tions ter­ri­to­ri­ales de 2021 devraient redonner du sens à cette néces­saire coopéra­tion locale !

Asso­ci­a­tions ren­con­trées :
2 Pieds 2 Roues (Toulouse), La Roue qui Tourne (Castel­naudary), La Casa Bici­cle­ta et Vélo en Têt (Per­pig­nan), Veloci­u­tat (Béziers), La Roue Libre de Thau (Sète), Véloc­ité (Mont­pel­li­er), référent local Munic­i­pales Par­lons Vélo (Aigues-Mortes), Con­vibi­cy (Arles), ADAVA (Aix-en-Provence).