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A Bordeaux, une politique vélo ambitieuse

Une dynamique cyclable engagée depuis plusieurs décennies

La dynamique du développe­ment de l’usage du vélo dans Bor­deaux et sa métro­pole est impres­sion­nante : la part modale du vélo a dou­blé sur l’ensemble de la métro­pole (4 à 8 % de 2009 à 2017) et sur la seule ville de Bor­deaux, la part modale est passée de 8 à 13 %. Un Bor­de­lais sur trois déclare ain­si utilis­er son vélo au moins trois fois par semaine. Le traf­ic cycliste aug­mente de près de 10 % chaque année par rap­port à la précé­dente, soit une aug­men­ta­tion du traf­ic de 60 % en cinq ans.

Les atouts du ter­ri­toire (topogra­phie, cli­mat, soci­olo­gie…) ne suff­isent évidem­ment pas à expli­quer cet engoue­ment. C’est d’abord la con­séquence d’une poli­tique glob­ale d’embellissement et d’apaisement de la ville menée depuis plusieurs décen­nies. En effet, si la pié­ton­i­sa­tion du cen­tre-ville dans les années 1980 ou l’aménagement des quais au début des années 2000 n’avaient pas pour objec­tif pre­mier de dévelop­per l’usage du vélo, ils ont néan­moins lais­sé le champ libre aux pié­tons et cyclistes.

Le lance­ment du prêt de vélos gra­tu­it aux habi­tants de Bor­deaux en 2001, le lance­ment des vélos en libre-ser­vice V3, le pre­mier plan vélo mét­ro­pol­i­tain de 2012 et enfin le sec­ond plan vélo mét­ro­pol­i­tain de 2016 ont per­mis de dou­bler le linéaire d’aménagements cyclables de 650 km en 2011 à près de 1 400 km en 2019, de dévelop­per des ser­vices aux cyclistes notam­ment grâce à des parte­nar­i­ats forts avec les asso­ci­a­tions locales de pro­mo­tion du vélo… et enfin d’aboutir à la dynamique observée aujourd’hui.

Le second plan vélo métropolitain 20172020

Le sec­ond plan vélo mét­ro­pol­i­tain 20172020 a été voté le 2 décem­bre 2016 et vise une part modale du vélo de 15 % en 2020. Pour ce faire, il prévoit un plan d’actions ambitieux de 70 M € décliné en qua­tre axes :

L’une des actions fortes du plan vélo, menée dès 2017, a con­sisté à faire évoluer les ser­vices de la Mai­son du vélo de Bor­deaux en Mai­son mét­ro­pol­i­taine des mobil­ités alter­na­tives (MAMMA). Ain­si, le prêt de vélo gra­tu­it créé en 2001 a été éten­du aux 28 com­munes de la métro­pole et la flotte de vélos a été diver­si­fiée avec des vélos à assis­tance élec­trique, des vélos pli­ants, des vélos car­gos…

Un réseau de maisons des mobil­ités et du vélo a égale­ment été dévelop­pé suite à un appel à pro­jets qui a per­mis la créa­tion de qua­tre lieux d’information et de ser­vices, répar­tis sur la métro­pole et portés par des asso­ci­a­tions soutenues par Bor­deaux Métro­pole : Cycles & Maniv­elles à Bègles (mai­son exis­tante et soutenue depuis 2015), Etu’Récup à Pes­sac, Vélo-Cité sur la rive droite (mai­son itinérante dans les com­munes de Bassens, Cenon, Floirac et Lor­mont) et Léon à vélo à Méri­gnac. Ces lieux sont le relais du prêt de vélo mét­ro­pol­i­tain mais pro­posent surtout des ate­liers par­tic­i­pat­ifs d’apprentissage à la répa­ra­tion de vélos, des vélo-écoles ou encore des ani­ma­tions en entre­prise.

Le plan vélo porte évidem­ment une ambi­tion très forte pour le développe­ment des infra­struc­tures cyclables avec la volon­té de pour­suiv­re l’aménagement du Réseau Express Vélo (REVE) ou encore la réal­i­sa­tion rapi­de de nom­breux amé­nage­ments cyclables dédiés dans les zones d’emploi, au delà de la rocade où les con­di­tions de cir­cu­la­tion à vélo sont plus dif­fi­ciles et les besoins pour­tant très forts. En 2017 et 2018, 26 M € ont été con­sacrés à la réal­i­sa­tion d’aménagements cyclables.

Cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion en faveur du vélo ©Bor­deaux Métro­pole

Un tra­vail impor­tant a été fait en matière de com­mu­ni­ca­tion et de doc­u­men­ta­tion pour une pro­mo­tion pos­i­tive du vélo, avec la paru­tion de nou­velles cartes vélo notam­ment, de réseaux soci­aux, de vidéos humoris­tiques, de cam­pagnes pro­mo­tion­nelles, de jeux con­cours…

Dans le cadre d’une démarche dite « code de la rue », une atten­tion par­ti­c­ulière est égale­ment portée au partage de l’espace pub­lic entre tous ses usagers (pié­tons, cyclistes, auto­mo­bilistes…), d’autant plus que des trot­tinettes et autres vélos et scoot­ers en libre-ser­vice ont apparu dans la ville.

Entre autres pro­jets, Bor­deaux Métro­pole est égale­ment engagée depuis 2018 dans le pro­jet européen Hand­shake, avec 12 autres villes européennes pour un partage de savoir-faire entre Ams­ter­dam, Copen­h­ague et Munich et les villes de Bor­deaux, Bruges, Helsin­ki, Dublin, Man­ches­ter, Riga, Cra­covie, Cadiz, Turin et Rome, pour faire de ces dernières de nou­velles cap­i­tales européennes du vélo.

Vers un plan modes actifs 20212024

Le bilan de la poli­tique cyclable de Bor­deaux Métro­pole est très posi­tif, comme en témoigne le nom­bre tou­jours crois­sant de cyclistes dans la métro­pole (aujourd’hui, un Mét­ro­pol­i­tain sur qua­tre utilise régulière­ment son vélo et près d’un Bor­de­lais sur trois), ou encore la recon­nais­sance obtenue lors d’enquêtes et classe­ments (baromètre des villes cyclables, index copen­hag­e­nize…).

Mais cette crois­sance et cette recon­nais­sance encour­a­gent la col­lec­tiv­ité à aller plus loin encore dans tous les domaines de sa poli­tique cyclable, avec la résorp­tion des dis­con­ti­nu­ités du réseau cyclable, la créa­tion d’un réseau d’autoroutes du vélo, le développe­ment de ser­vices aux cyclistes per­me­t­tant l’instauration d’un véri­ta­ble « sys­tème vélo »… pour, in fine, faire du vélo la prin­ci­pale alter­na­tive à la voiture indi­vidu­elle.

L’année 2020 per­me­t­tra ain­si de tra­vailler, de con­cert avec les asso­ci­a­tions de pro­mo­tion du vélo notam­ment, à l’élaboration d’un plan modes act­ifs 20212024 qui vis­era une part modale des modes doux à 50 % à l’horizon 2030. L’objectif : faire du vélo le mode de déplace­ment priv­ilégié d’une métro­pole à haute qual­ité de vie.

©Bor­deaux Métro­pole

Focus sur le pont de Pierre

En août 2017, Bor­deaux Métro­pole a lancé une expéri­men­ta­tion de réser­va­tion du pont de Pierre, pont cen­tral et his­torique de la ville de Bor­deaux, aux seuls modes doux et trans­ports en com­mun. Après un an, l’expérimentation, soutenue et encour­agée par l’association Vélo-cité, a été péren­nisée.

En effet, l’opération a été un véri­ta­ble suc­cès avec un très fort report modal. 40 % des per­son­nes qui tra­ver­saient le pont en voiture ont ain­si changé de mode. Le nom­bre de cyclistes est passé de 7 000 à plus 10 000 par jour, avec des pointes à 12 000 cyclistes par jour. Le nom­bre de pié­tons est égale­ment passé à 7 000 par jour.

D’après les enquêtes et éval­u­a­tions, 11 % des cyclistes et 13 % des pié­tons sur le pont sont d’anciens auto­mo­bilistes. 2 % des cyclistes et 4 % des pié­tons vien­nent du tramway. Ce sont ain­si 3 150 fran­chisse­ments de la Garonne en voiture évités chaque jour.

 

Un article à lire aussi dans Vélocité n°153 — novembre-décembre 2019, une publication de la FUB.