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L’avenir du vélo est-il couché ?

Les limites du vélo droit

Si le vélo droit reste une solu­tion, la posi­tion sur ce dernier peut provo­quer des patholo­gies chroniques (lom­bal­gies, four­mille­ment aux poignets, doigts, syn­drome du canal carpi­en, prob­lème aux cer­vi­cales, lésions périnéales…).

Mal­gré une évo­lu­tion des études bio­mé­caniques pour com­pren­dre et pal­li­er la prob­lé­ma­tique de la posi­tion droite sur un vélo, celle-ci reste prob­lé­ma­tique sur la moyenne et longue dis­tance. Deman­dez seule­ment aux con­cur­rents sur vélo droit du récent Paris-Brest-Paris. D’ailleurs, en 2015, 10 % des cyclistes inscrits étaient en vélos spé­ci­aux.

Autre lim­ite du vélo droit, un grand nom­bre de per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap se trou­vent exclues de son util­i­sa­tion.

Confort et aérodynamisme

Il existe trois caté­gories de vélos couchés. Out­re le tra­di­tion­nel à deux roues, il existe le tri­cy­cle, qui per­met de con­serv­er sa sta­bil­ité lors de l’arrêt, ce qui est par­ti­c­ulière­ment intéres­sant pour les per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap. En out­re, cer­tains tri­cy­cles peu­vent s’accrocher à d’autres vélos, ren­dant pos­si­ble des asso­ci­a­tions en binômes han­di-
valides. La troisième caté­gorie de vélos couchés est le vélo­mo­bile, entière­ment caréné, qui présente le dou­ble avan­tage de pro­téger des élé­ments et d’avoir un aéro­dy­namisme encore plus per­for­mant.

A titre d’exemple, pour faire du 25 km/h sur du plat, une per­son­ne moyenne devra dévelop­per 150 watts sur un vélo droit, con­tre seule­ment 77 watts dans un vélo­mo­bile. Le poids plus élevé du vélo­mo­bile est bien enten­du un incon­vénient dans les mon­tées, mais il faut une pente au delà de 10 % pour que cela tourne à l’avantage du vélo droit. Avec une assis­tance élec­trique, le vélo couché con­somme beau­coup moins d’énergie qu’un vélo droit et de ce fait son autonomie s’en trou­ve dou­blée pour une bat­terie iden­tique. Pour le vélo­mo­bile, l’électrification per­met d’avoir qua­tre fois plus d’autonomie qu’un vélo droit élec­trique sur le même par­cours.

Mal­gré ces aspects posi­tifs, les con­struc­teurs et les reven­deurs de vélos couchés ne sont pas légion dans le monde car l’UCI inter­dit ce type de cycle en com­péti­tion depuis 1934.

Pour­tant, le record de l’heure est pra­tique­ment deux fois plus élevé en vélo­mo­bile dans la caté­gorie HPV (Human Pow­ered Vehi­cle, ou Véhicule à Propul­sion Humaine) que celui du vélo droit.

Une communauté dynamique

L’association française des vélos couchés (AFV) et le vélo­mo­bile club de France (VCF) sont assez act­ifs et organ­isent de nom­breux rassem­ble­ments con­vivi­aux sur tout le ter­ri­toire où les cyclistes peu­vent par­ler tech­nique et s’échanger leurs mon­tures pour les tester.

De plus, de nom­breux grands voyageurs qui optent pour le vélo couché, afin de par­courir le monde, dif­fusent leurs par­cours au fes­ti­val du voy­age à vélo et dans des blogs.

Depuis 2005 en France, il existe un forum sur les vélos couchés très act­if (5 000 mem­bres), et ceux en langue anglaise le sont encore plus.

Tous les ans, fin avril, à Ger­m­er­sheim (Alle­magne) un salon des « vélos spé­ci­aux », le SPEZI, per­met aux con­struc­teurs de présen­ter leurs nou­veaux mod­èles et de les faire essay­er par le pub­lic. Tout le parc d’exposition et la ville se trans­for­ment en un immense ter­rain d’essai.

En France, il existe de nom­breux mag­a­sins pour tester toute la palette des vélos couchés (deux roues, tri­cy­cles, vélo­mo­biles etc.). Ces essais peu­vent être de quelques min­utes à plusieurs jours, en loca­tion, afin de bien faire son choix.

Une réelle solution d’avenir

En somme, que ce soit pour le vélotaf, le cyclo­tourisme ou un grand voy­age, vous trou­verez tou­jours un vélo couché cor­re­spon­dant à vos besoins et vous pour­rez ain­si élargir votre ray­on d’action au quo­ti­di­en.

Ces vélos spé­ci­aux restent un peu cher car ils sont encore fab­riqués de façon arti­sanale et font peu de com­pro­mis sur la qual­ité de leurs com­posants (trans­mis­sion, freins, fourche oscil­lante haut de gamme…).

Une indus­tri­al­i­sa­tion de ces vélos couchés per­me­t­trait de faire baiss­er leur coût à l’avenir, avec un réel poten­tiel d’alternative crédi­ble au vélo droit.

Arnaud Sivert

Pour aller plus loin :

Un article à lire aussi dans Vélocité n°152 — septembre-octobre 2019, une publication de la FUB.