Une des annonces les plus marquantes du plan vélo dévoilé le 14 septembre est la somme de 350 millions d’euros sur sept ans, soit 50 millions d’euros par an. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont fusé : « c’est minable, on demandait 200 millions d’euros, c’est à peine un quart de ce qu’on demandait ».
Cependant, rappelons ce que la FUB demandait exactement. Avec 200 millions d’euros par an, la FUB demandait :
1/ Un appel à projet « territoires-pilotes »,
2/ Un fonds de résorption des coupures urbaines,
3/ La complétude la plus rapide possible du Schéma national des véloroutes et voies vertes (SN3V),
4/ Du stationnement massif dans les gares (avec objectif d’atteindre rapidement 200 000 places supplémentaires),
5/ De la communication positive vers le grand public.
En fait, les 50 millions d’euros devraient en principe financer principalement l’action 2, à savoir la résorption de coupures. Et ce sera un co-financement de l’Etat (le taux de ce co-financement n’est pas encore connu).
Inventorier et analyser
Toute personne qui a géré un budget récurrent le sait : cela peut paraître un peu absurde, mais il ne faut surtout pas ne pas dépenser un budget une année, sinon dès l’année suivante, la ligne est revue à la baisse, et il est très difficile de revenir au niveau antérieur.
Contrairement aux transports en commun, les collectivités n’ont pas des projets dans les tiroirs, à ressortir dès qu’il y a une opportunité de financement. Et pour cause, le fait d’avoir des appels à projets vélo est une nouveauté.
Du coup, ce que suggère la FUB est la méthode suivante :
1/ Lister toutes les coupures (urbaines ou pas, selon le territoire). La FUB a d’ailleurs demandé que les documents d’urbanisme rendent obligatoire un tel inventaire.
2/ Hiérarchiser ces coupures, en fonction :
— des infrastructures déjà existantes (les chainons manquants),
— des « pôles générateurs de déplacement » (le potentiel en flux cycliste),
— du détour provoqué par la coupure.
3/ Imaginer des solutions pour chaque coupure (passerelle, tunnel, reconfiguration de carrefour).
4/ Chiffrer le coût de ces solutions (à la louche, en se renseignant auprès de maîtres d’ouvrage qui en ont réalisé récemment).
5/ Regarder le calendrier d’autres travaux à réaliser (gros travaux de canalisations, etc.).
6/ S’engager à optimiser l’infrastructure en amont et en aval de la coupure.
Un dossier basé sur une telle analyse en six étapes sera forcément bien armé pour obtenir un financement du fonds vélo.
Le taux de co-financement pas encore connu
Pour résumer, le message pour la collectivité pourrait être : si vous faites le travail de recensement et de hiérarchisation des coupures, si vous vous engagez à l’intégrer dans un réseau cyclable, l’Etat pourra vous co-financer.
La grande inconnue reste le taux de co-financement. Il ne faut pas rêver : il est peu probable que des travaux soient financés à 100 % par le fonds vélo. D’ailleurs, sans co-financement, pas d’effet de levier, et cela signifierait que le fonds vélo financerait peu de réalisations. A l’inverse, si on tombait à 15 %, le montant total des projets co-financés dépasserait 300 M € par an, mais solliciter le fonds ne sera absolument pas attractif pour les collectivités. On peut imaginer que le taux dépende de la population du territoire, pour favoriser l’émergence de projets dans les territoires peu denses.
Affaire à suivre, mais les associations et les collectivités ont intérêt à créer et ré-actualiser leur listes de coupures et points noirs. Cela leur servira quoi qu’il arrive…